Changement climatique : des scientifiques alertent sur le risque d’extinction de l’humanité, « dangereusement sous-exploré »

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Limiter le réchauffement de la planète est un enjeu majeur, tant les conséquences du dérèglement climatique pourraient devenir « catastrophiques ». Selon une équipe internationale de chercheurs dirigée par l’université de Cambridge, le monde doit se préparer à l’éventualité d’une « fin de partie climatique ». Ils proposent un programme de recherche pour faire face aux scénarios les plus défavorables, lesquels pourraient entraîner une cascade d’évènements comme la famine, la guerre et la propagation accélérée de maladies infectieuses.

« Plus nous en apprenons sur le fonctionnement de notre planète, plus nous avons de raisons de nous inquiéter », a déclaré dans un communiqué le professeur Johan Rockström, de l’Institut de recherche sur l’impact climatique de Potsdam (Allemagne) et co-auteur de l’étude. « Nous comprenons de plus en plus que notre planète est un organisme plus sophistiqué et plus fragile. Nous devons faire le calcul de la catastrophe afin de l’éviter ».

Tel est le parti pris d’une équipe internationale de chercheurs dirigée par l’université de Cambridge, qui estime que la gestion des risques liés au changement climatique exige la prise en compte de scénarios allant du pire au pire. Le changement climatique anthropique pourrait-il entraîner l’effondrement de la société à l’échelle mondiale, voire l’extinction de l’humanité ? Les scénarios envisagés par les chercheurs vont d’une perte de 10% de la population mondiale jusqu’à une éventuelle extinction de l’humanité.

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Des scénarios catastrophiques sous-exploités

« La catastrophe climatique est relativement peu étudiée et mal comprise », rapportent les auteurs de l’étude, qui pointent du doigt une sous-évaluation des risques maximaux, même dans les rapports du GIEC — le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat. En s’appuyant sur des travaux antérieurs, le Dr Luke Kemp – auteur principal de la nouvelle étude — a estimé cette année que les évaluations du GIEC s’étaient écartées du réchauffement maximal pour se concentrer sur des hausses de température plus faibles (dans le cadre d’une autre étude).

En effet, la recherche s’est surtout focalisée sur les impacts de 1,5 °C et de 2 °C, et les études sur la façon dont les impacts climatiques pourraient s’enchaîner ou déclencher des crises plus importantes sont rares. L’une des raisons principales est donnée par l’objectif de l’Accord de Paris de limiter le réchauffement global à moins de 2 °C, pour tendre vers 1,5 °C.

Baptisé « Climate Endgame » (fin de partie climatique), le programme de recherche proposé par les chercheurs de l’étude publiée dans PNAS vise à inciter le GIEC à consacrer un futur rapport au changement climatique « catastrophique », afin de galvaniser la recherche et d’informer le public. Loin de ne considérer que les impacts directs des températures élevées, le programme intègre quatre « cavaliers » : la famine, les conditions météorologiques extrêmes, les guerres et les maladies.

Des réactions en cascade particulièrement préoccupantes

Le dérèglement climatique impacterait probablement bien d’autres aspects, comme l’accroissement des inégalités, le déclenchement de guerres internationales ou encore la propagation de maladies infectieuses (car les habitats des personnes et des animaux sauvages se déplacent et se réduisent). « Les effets de contagion tels que les crises financières, les conflits et les nouvelles épidémies pourraient déclencher d’autres calamités, et entraver le rétablissement après des catastrophes potentielles telles que la guerre nucléaire », a expliqué Kemp.

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Défaillance climatique mondiale en cascade. © Kemp, Xu, Depledge et al. 2022

Les chercheurs notent que les points de basculement, qui peuvent entraîner des réactions en cascade, sont particulièrement préoccupants. Une faible augmentation de la température mondiale entraîne un changement important du climat ; par exemple une forêt amazonienne victime de sécheresses et d’incendies aura un impact direct sur les émissions de carbone. Les auteurs ajoutent que la perte brutale des nuages stratocumulus pourrait entraîner un réchauffement climatique supplémentaire de 8 °C.

Par ailleurs, ils expliquent les nombreuses autres raisons pour lesquelles il faut s’inquiéter de l’éventualité d’une catastrophe climatique mondiale : « L’histoire nous met en garde. Le changement climatique a joué un rôle dans l’effondrement ou la transformation de nombreuses sociétés antérieures et dans chacun des cinq événements d’extinction massive de l’histoire de la Terre ».

La modélisation effectuée par les chercheurs montre que la chaleur extrême — définie comme une température moyenne annuelle de plus de 29 °C — pourrait affecter 2 milliards de personnes d’ici 2070. « De telles températures affectent déjà environ 30 millions de personnes au Sahara et sur la côte du Golfe », a déclaré Chi Xu, de l’Université de Nanjing en Chine. « D’ici 2070, ces températures et les conséquences sociales et politiques affecteront directement deux puissances nucléaires, et sept laboratoires de confinement maximal abritant les agents pathogènes les plus dangereux. Il existe un potentiel sérieux d’effets d’entraînement désastreux ».

Source : PNAS

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