Les champignons hallucinogènes pourraient « réinitialiser » certains circuits cérébraux chez les personnes souffrant de dépression

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| Robin Carhart-Harris/Imperial College London
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Les psychédéliques comme le diéthylamide de l’acide lysergique (LSD) et la psilocybine sont connus pour être utilisés comme drogues, mais moins pour leurs effets thérapeutiques, que les chercheurs affirment pourtant. Cela a justement été le sujet majeur pour un grand nombre d’essais cliniques, au cours de la dernière décennie.

Les champignons hallucinogènes par exemple, ont été au centre de nombreux travaux récents qui ont permis de découvrir comment ils pourraient aider à traiter certains des symptômes de la dépression clinique. De plus, une étude menée aux États-Unis l’année dernière, a démontré comment une dose unique de psilocybine pouvait soulager l’anxiété et la dépression ressenties chez les patients atteints de cancer.

À présent, les scientifiques de l’Imperial College London ont découvert comment la psilocybine (qui est le composé psychédélique actif se trouvant naturellement dans les champignons hallucinogènes), peut « réinitialiser » l’activité cérébrale chez les patients souffrant de dépression.

Leur étude, publiée dans le Scientific Reports vendredi dernier, souligne que la psilocybine a effectivement « relancé » les patients, leurs offrants une réelle aide dans leur lutte contre la dépression clinique.

Les chercheurs de l’Imperial College London ont administré deux doses (10 mg et 25 mg) de psilocybine à 20 patients qui présentaient une forme de dépression résistante aux traitements, avec une semaine d’intervalle entre chaque dose. Immédiatement après avoir reçu les doses, les patients ont dit qu’ils ressentaient une diminution des symptômes dépressifs : ce que l’IRM de leur cerveau a révélé être dû à une réduction du flux sanguin vers les zones touchées par les réactions émotionnelles, le stress et la peur.

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Crédits : Robin Carhart-Harris/Imperial College London

En d’autres termes, les patients ont connu une sorte de « réinitialisation » : « Nous avons démontré pour la première fois des changements clairs dans l’activité cérébrale chez les personnes atteintes de dépression, traitées par la psilocybine, après avoir échoué avec les traitements conventionnels », a expliqué Robin Carhart-Harris, responsable de la recherche psychédélique. « Plusieurs de nos patients ont décrit une sensation de « réinitialisation » après le traitement et ont souvent utilisé des analogies informatiques. Par exemple, l’un d’entre eux a dit qu’il avait l’impression que son cerveau avait été « défragmenté » comme le disque dur d’un ordinateur, tandis qu’un autre patient a déclaré s’être senti « redémarré » », a-t-il ajouté.

Il semblerait en effet que l’administration de la substance provoque une sorte de désintégration initiale dans les réseaux cérébraux, suivie d’une réintégration, une fois les effets du psychédélisme dissipés. « La psilocybine peut donner à ces personnes le « coup de pouce » dont elles ont besoin pour sortir de leur état dépressif et ces résultats d’imagerie sont en faveur d’une analogie de la « réinitialisation ». Des effets cérébraux similaires ont été observés avec la thérapie électroconvulsive », a ajouté Carhart-Harris

Cependant, les chercheurs reconnaissent que, bien que leur étude fournisse de nouveaux éléments de compréhension quant au fonctionnement du cerveau de personnes sous l’effet de substances psychédéliques, la relativement faible quantité de tests effectués sur ces dernières ainsi que l’absence d’un groupe de contrôle, limitent la qualité de l’étude. « Des recherches supplémentaires sont nécessaires pour déterminer si cet effet positif peut être reproduit chez un plus grand nombre de patients », a déclaré l’auteur principal de l’étude, David Nutt, directeur de l’unité de neuropsychopharmacologie de la division des sciences du cerveau, à l’Imperial College London.

Les chercheurs ont également mis en garde contre les risques potentiels dus à l’automédication avec de telles substances. « Mais ces premiers résultats sont excitants et offrent une autre voie de traitement à explorer », a ajouté Nutt.

Source : Imperial College London

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