Un explorateur atteint le fond de la fosse des Mariannes, un record de plongée sans précédent !

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Le sous-marin atteint le fond du Challenger Deep dans la fosse des Mariannes. | Atlantic Productions pour Discovery Channel
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Le record du monde de plongée, tenu jusqu’à présent par le cinéaste et explorateur James Cameron depuis 2012, vient de tomber. À présent, le record est détenu par l’explorateur et homme d’affaires Victor Vescovo, qui a plongé dans l’océan Pacifique à quelque 10’927 mètres, battant le record de la plongée la plus profonde jamais réalisée !

Victor Vescovo est un grand explorateur : après avoir gravi, il y a quelques années, la plus haute montagne de chaque continent, son plan vise désormais à plonger dans les parties les plus profondes des cinq océans terrestres. Après avoir atteint le point le plus profond de l’océan Atlantique en décembre dernier (soit le fond de la fosse de Porto Rico, à un peu plus de 8000 mètres de profondeur), l’homme tient à présent le record détenu jusqu’à présent par James Cameron, dans la fosse des Mariannes.

Dans un premier temps, il faut savoir que la fosse des Mariannes est la fosse océanique la plus profonde actuellement connue, l’endroit le plus profond de la croûte terrestre. Le point le plus bas connu se situerait, selon les relevés, à 10’971 mètres. Tout au fond de la fosse abyssale, l’explorateur a découvert des structures rocheuses colorées, des créatures étranges et la marque toujours omniprésente de l’Homme : du plastique.

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Jusqu’à présent, il faut savoir que seulement deux personnes ont réussi à atteindre le bas de Challenger Deep, le point le plus profond de la planète, situé à l’extrémité sud de la fosse des Mariannes.

En effet, c’est en 1960 que l’océanographe Don Walsh fut le premier à atteindre la tranchée avec succès, à environ 10’000 mètres de profondeur. Ce dernier avait fait le voyage avec l’océanographe et ingénieur suisse Jacques Piccard. Puis, plus de 50 ans plus tard, l’explorateur et cinéaste canadien (notamment auteur et réalisateur de films comme « Avatar » et « Titanic »), James Cameron, a effectué le tout premier plongeon solo et a atteint une profondeur de 10’908 mètres de profondeur.

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Sur cette photo, le submersible DSV Limiting Factor revient des profondeurs de la fosse des Mariannes et est tiré sur le navire DSSV Pressure Drop. Crédits : Reeve Jolliffe

Lors de cette récente mission ayant battu tous les records, Walsh a accompagné une équipe située sur le navire en surface (appelé DSSV Pressure Drop), tandis que Vescovo est descendu seul dans un submersible. La récente plongée s’est effectuée dans le submersible DSV Limiting Factor, dans le cadre d’un programme filmé pour Discovery Channel et intitulé The Five Deeps Expedition. Il a fallu 3.5 à 4 heures pour atteindre la profondeur record : un bassin plat et beige recouvert d’une épaisse couche de limon.

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Le submersible DSV Limiting Factor. Crédits : Tamara Stubbs

De ce fait, Vescovo a pu documenter et observer le monde étranger, silencieux et sombre qu’il découvrait tout en descendant dans les profondeurs de l’océan. À noter que le sous-marin est conçu pour résister à des pressions extrêmes, sinon, cette mission n’aurait tout simplement pas été possible. Il faisait froid, tout était calme et « c’était très paisible », a déclaré l’explorateur. « Je subissais une pression énorme, mais ma bulle technologique me gardait en toute sécurité », a ajouté Vescovo. À savoir que la pression à cette profondeur est d’environ 1100 kilogrammes par cm², soit 1000 fois plus élevée qu’à la surface.

Réaliser cet exploit n’a donc pas été une chose facile. Pour Vescovo, l’un des plus grands défis de cette mission a été de penser et de construire un robot sous-marin capable de résister à ces pressions extrêmes. « La conception de tous les systèmes capables de survivre de manière fiable et répétée à cette agression physique massive de la part de la nature était un véritable défi. Lorsque vous êtes dans l’océan à ces profondeurs, cela peut prendre jusqu’à trois heures et demie pour remonter à la surface. Une fuite ou une défaillance structurelle vous effacerait en une fraction de seconde. Une fuite plus ‘lente’ aurait également été difficile à réparer avant de pouvoir remonter à la surface. Tout a donc été pensé pour éviter ces problèmes. Je me sens plus en sécurité dans le sous-marin que lorsque je conduis sur une autoroute du Texas aux heures de pointe », a-t-il expliqué.

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Don Walsh (à gauche) et Victor Vescovo (à droite) à bord du navire DSSV Pressure Drop. Crédits : Reeve Jolliffe

Après le record de plongée de Vescovo, les autres membres de l’équipe ont également effectué quatre autres plongées dans la tranchée. Au cours de ces cinq plongées, les explorateurs ont découvert dans les profondeurs, des affleurements rocheux rouges et jaunes, qui pourraient être des dépôts chimiques ou des tapis bactériens, fabriqués par des microbes chimiosynthétiques, ce qui signifie qu’ils peuvent convertir des molécules contenant du carbone en matière organique.

« Le fond était constitué d’une sorte de cuvette plate et beige, recouverte d’une couche très épaisse de limon », a expliqué Vescovo. « Il y avait quelques petits animaux translucides qui ondulaient doucement pour se déplacer. Le fond de l’océan n’est absolument pas mort. Il est vraiment étonnant que l’ingéniosité et l’ingénierie de l’Homme puissent nous permettre de voyager facilement dans cet endroit extrêmement inhospitalier pour continuer à explorer notre monde. Je me sentais à la fois très excité, privilégié, mais aussi très calme. Car c’est vraiment un endroit calme et paisible », a-t-il ajouté.

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Victor Vescovo, au retour de sa deuxième plongée dans la fosse des Mariannes. Crédits : Tamara Stubbs

Les chercheurs ont également croisé la route d’anguilles égorgées (Synaphobranchidae) à 3000 mètres de profondeur, d’échiuriens (Echiuria – un groupe de vers marins à larve trochophore) à 7000 mètres de profondeur ainsi que des limaces de mer des Mariannes (Pseudoliparis swirei) et des amphipodes géants (Alicella gigantea – une espèce de crustacé amphopode, seul représentant du genre monotypique Alicella : il s’agit du plus grand amphipode vivant connu, avec une longueur maximale de 340 millimètres) à 8000 mètres de profondeur.

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De plus, lors de cette expédition, l’équipe a découvert quatre nouvelles espèces d’amphipodes. Ils en ont découvert un à 2600 mètres sous la surface, un à 4450 mètres et deux autres au point le plus profond atteint.

Lorsque les explorateurs ont atteint le point le plus profond, ils étaient accompagnés d’holothuries (une classe d’animaux marins de l’embranchement des échinodermes, au corps mou et long, et possédant un cercle de tentacules autour de la bouche. Ces créatures sont également appelées concombres de mer), et d’un amphipode appelé Hirondellia gigas.

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Un robot photographie des amphipodes et le submersible dans la fosse des Mariannes. Crédits : Atlantic Productions for Discovery Channel

Tout comme lors de missions précédentes, les chercheurs ont découvert que ces amphipodes avaient des microplastiques dans les intestins. À présent, l’équipe a recueilli des échantillons pour en vérifier la quantité exacte. À noter que Vescovo, bien que situé au point connu le plus profond de la planète, a découvert un sac en plastique et des emballages de bonbons.

Après avoir passé des heures à sillonner le fond de Challenger Deep et à rassembler des preuves vidéo des différentes espèces d’animaux, des formations géologiques et d’autres objets fabriqués par l’Homme, Vescovo s’est arrêté une seconde : « Honnêtement, vers la fin, j’ai simplement éteint les propulseurs, me suis penché dans le cockpit et j’ai dégusté un sandwich au thon pendant que je dérivais très lentement au-dessus du fond de l’endroit le plus profond de la Terre, appréciant la vue, et ce que l’équipe avait accompli techniquement. Ce fut un moment très heureux et paisible pour moi », a déclaré Vescovo.

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Source : BBC

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