Actuellement, 1 américain adulte sur 8 serait alcoolique

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| Pawel Kadysz/Unsplash
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Une nouvelle étude révèle que le taux de troubles liés à l’alcoolisme a augmenté de 49% au cours de la première décennie des années 2000.

Selon la nouvelle étude, un américain sur huit (soit 12,7% de la population américaine) répond à présent aux critères du diagnostic des troubles de l’alcoolisme. Les auteurs de l’étude soulignent le fait qu’il s’agit d’une crise sérieuse de santé publique, qui est pourtant très négligée.

D’autant plus que l’alcoolisme est un facteur important de la mortalité, due à toute une variété de maladies qui s’en suivent, par exemple : les troubles du spectre de l’alcoolisation fœtale, l’hypertension, les maladies cardiovasculaires, les accidents vasculaires cérébraux, la cirrhose du foie, plusieurs types de cancer et d’infections, la pancréatite, le diabète de type 2 et diverses autres lésions.

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Les résultats de l’étude ont été renforcés par le recensement de nombreux décès liés à certaines de ces maladies, en particulier la cirrhose et l’hypertension artérielle, qui ont simultanément augmenté au cours de la période durant laquelle l’étude a été menée. De nos jours, les centres pour le contrôle et la prévention des maladies estiment que 88’000 personnes par an meurent de causes liées à l’alcool, ce qui est plus de deux fois supérieur au nombre annuel de morts provoquées par des overdoses de drogues.

Sur quoi se sont basés les scientifiques pour définir qui était, ou non, considéré comme « alcoolique » ?

Les données de l’étude proviennent du National Epidemiologic Survey on Alcohol and Related Conditions – NESARC, qui est une enquête nationale représentée par les National Institutes of Health. Les personnes qui ont répondu au sondage ont été considérées comme ayant des troubles liées à l’alcool si elles répondaient à certains critères largement utilisés pour identifier un abus ou une dépendance liée à l’alcool.

Pour diagnostiquer un abus d’alcool, un individu doit présenter au moins une de ces caractéristiques, au cours de la dernière année :

  • Une utilisation récurrente de l’alcool résultant par un échec à remplir des obligations majeures au travail, à l’école, à la maison (ou d’ordre privé).
  • Une utilisation récurrente de l’alcool dans des situations physiquement dangereuses.
  • Des problèmes juridiques récurrents liés à l’alcool.
  • L’utilisation continue de l’alcool malgré des problèmes sociaux/interpersonnels persistants ou récurrents, causés ou exacerbés par les effets de l’alcool.

Pour qu’une personne soit considérée comme étant dépendante à l’alcool, cette dernière doit répondre à au moins trois des sept critères suivants :

  • Le besoin d’une quantité élevée d’alcool afin d’obtenir intoxication ou un effet désiré, ou le désir d’atténuer un effet, due à une utilisation continue de la même quantité d’alcool.
  • Les caractéristiques du syndrome de sevrage pour l’alcool : boire (ou utiliser une quelconque autre substance) pour se soulager ou éviter le syndrome de sevrage (dépendance).
  • Boire en plus grandes quantités, ou sur une période de temps plus longue que ce que l’on a prévu initialement.
  • Un désir persistant, ou un ou plusieurs efforts infructueux pour réduire ou contrôler l’alcool.
  • Des activités sociales, professionnelles ou récréatives importantes qui ont été abandonnées ou réduites en raison de la consommation d’alcool.
  • Une grande quantité de temps consacrée aux activités nécessaires pour obtenir, utiliser ou récupérer des effets de l’alcool.
  • Continuer à boire malgré la connaissance d’un problème physique ou psychologique persistant ou récurrent susceptible d’être causé ou exacerbé par l’alcool.

L’étude a révélé que les taux d’alcoolisme étaient plus élevés chez les hommes (16,7%), les Amérindiens (16,6%), les personnes en dessous du seuil de pauvreté (14,3%) et les personnes vivant dans le Midwest (14,8%). Bien que les résultats de cette nouvelle étude soit totalement alarmants, une autre enquête fédérale, la National Survey on Drug Use and Health (NSDUH), a démontré que les taux de troubles dus à l’usage de l’alcool sont plus faibles et ont tendance à diminuer depuis 2002.

Les scientifiques ne sont pas certains de ce qui cause les écarts entre ces deux enquêtes fédérales car, selon eux, il est très difficile de mettre en relation les chiffres de NSDUH en rapport avec la hausse des taux de mortalité observés chez des personnes souffrant de maladies liées à la consommation d’alcool, comme la cirrhose et l’hypertension artérielle.

Une autre étude bien distincte, portant sur les différences des deux études fédérales, a révélé que les disparités sont probablement causées par la manière dont chaque sondage a été effectué : en effet, le questionnaire NESARC utilisé dans l’étude actuelle est un « instrument plus sensible » qui conduit à un « sondage plus approfondi » des critères concernant les troubles liés à l’alcool.

Selon les chercheurs, quelle est la cause de cette augmentation ? « Je pense que les augmentations sont dues au stress et au désespoir et à l’utilisation de l’alcool comme un mécanisme d’adaptation », a déclaré l’auteur principal de l’étude, Bridget Grant, du National Institutes of Health. L’étude note effectivement que l’augmentation du trouble de l’alcoolisme était « beaucoup plus grande parmi les minorités », reflétant probablement l’élargissement des inégalités sociales.

« Si nous ignorons ces problèmes, ils nous reviendront par le biais de coûts bien plus élevés, tels que des visites aux services d’urgence, des enfants malades qui auront besoin de soins durant de nombreuses années pour soigner des problèmes tout à fait évitables, qui peuvent aussi avoir des coûts élevés (…) », a déclaré Marc Schuckit, psychiatre à l’Université de Californie aux États-Unis.

Bien que les données les plus précises aient étés collectées par l’étude actuelle, il reste une mise en garde à ne pas négliger : les données de l’étude s’arrêtent en 2013, donc si la tendance s’est poursuivie depuis, alors le véritable taux d’alcoolisme actuel pourrait être encore plus élevé.

Sources : JAMA Psychiatry, National Institutes for Health

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