Découverte d’une forme de vie particulière, piégée à l’intérieur des cristaux massifs de ces grottes impressionnantes

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Exploration de l'intérieur de la grotte de cristaux dans la mine Naïca. | Carsten Peter/National Geographic Creative
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Des scientifiques ont découvert une forme de vie microbienne, piégée à l’intérieur de cristaux de gypse géants.

D’étranges microbes ont été découverts à l’intérieur de cristaux de gypse massifs, dans la mine de Naïca, au Mexique. Dans les cavités de cette mine, certains cristaux de gypse atteignent 1,2 mètre de diamètre pour une longueur allant jusqu’à 11,4 mètres. Les chercheurs pensent que les microbes découverts dans les cristaux pourraient s’y trouver depuis 50’000 ans.

Ces créatures anciennes semblent avoir été endormies durant des milliers d’années, survivant uniquement dans de minuscules poches de liquide se situant dans les structures cristallines. Mais à présent, les scientifiques ont réussi à les extraire, et les réveiller. « Ces organismes sont si extraordinaires », a annoncé l’astrobiologiste Penelope Boston, directrice de l’institut NASA Astrobiology, vendredi dernier lors de la conférence annuelle de l’American Association for the Advancement of Science (AAAS) à Boston.

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La mine de Naïca est parfois inondée d’eau, et les cristaux peuvent ainsi continuer à croître. Crédits : Carsten Peter/National Geographic Creative

La grotte de cristaux dans la mine de Naïca au Mexique semble, visuellement, être un endroit incroyablement magnifique, mais il s’agit de l’un des endroits les plus inhospitaliers de la planète, avec des températures variant entre 45°C et 65°C, ainsi que des taux d’humidité surpassant les 99%. En plus des températures très élevées, l’environnement est également très acide et confiné dans l’obscurité totale, et ce à environ 300 mètres au-dessous de la surface.

Comme il n’y a pas de lumière provenant du Soleil à l’intérieur de la grotte, les microbes ne peuvent pas faire de photosynthèse : au lieu de cela, ils effectuent une chimiosynthèse, en utilisant des minéraux comme le fer et le souffre, qui se trouvent dans les cristaux de gypse géants. D’ailleurs, les chercheurs avaient déjà découvert une forme de vive durant une expédition ayant eu lieu en 2013 à Naïca. Une forme de vie vivant à l’intérieur des murs de la caverne et à proximité des cristaux. Cette découverte rapportait que les créatures découvertes prospéraient dans les sources chaudes et salines de la grotte.

Mais lorsque Boston et son équipe ont extrait du liquide provenant des minuscules cavités à l’intérieur des cristaux et les ont envoyés pour analyse, ils ont alors réalisé qu’il y avait de la vie à l’intérieur et que de plus, cette forme de vie était totalement différente de tout ce qu’ils avaient pu voir auparavant. L’équipe suggère que ces créatures vivent dans cet environnement cristallin depuis 10’000 à 50’000 ans, et que bien que leurs corps soient endormis, celles-ci sont bel et bien vivantes. « D’autres personnes ont formulé des revendications sur le long terme concernant l’antiquité des organismes qui étaient encore vivants, mais dans ce cas, ces organismes sont tous très extraordinaires – ils ne sont pas étroitement liés à quoi que ce soit dans les bases de données génétiques connues », explique Boston.

L’un des éléments rendant cette découverte si extraordinaire est le fait que les chercheurs aient littéralement pu ranimer certains microbes et générer des cultures à partir de ces derniers, en laboratoire. « À ma grande surprise, nous avons réussi à les cultiver. C’était laborieux. Nous en avons perdu certains – mais c’est le jeu. Ils ont des besoins que nous ne pouvons pas satisfaire », annonce Boston.

Pour l’instant, la découverte n’a pas encore été publiée dans un journal évalué par des pairs. Jusqu’à ce que d’autres scientifiques aient la possibilité d’examiner ces résultats, nous ne pouvons pas considérer la découverte comme définitive. De plus, l’équipe devra également convaincre la communauté scientifique que les résultats ne proviennent pas d’une contamination : ces microbes sont invisibles à l’œil nu, ce qui signifie qu’il est possible qu’ils se soient attachés à l’équipement de forage, et qu’ils puissent donner l’impression de provenir de l’intérieur des cristaux.

« Je pense que la présence de microbes emprisonnés dans des cavités de fluides dans des cristaux de (la mine de) Naïca est en principe possible. [Mais] la contamination durant le forage avec des micro-organismes attachés à la surface de ces cristaux, ou vivant dans de minuscules fractures, constitue un risque très grave. Je reste très sceptique quant à la véracité de cette découverte, jusqu’à ce que j’en constate les preuves », explique Purificación López-García, du Centre national de la recherche scientifique (CNRS), qui faisait partie de l’équipe ayant découvert des formes de vies dans les cavernes lors de l’expédition de 2013.

Cependant, le microbiologiste Brent Christner de l’Université de Floride à Gainesville, (qui n’était pas impliqué dans la recherche), pense que cette revendication n’est pas aussi farfelue que López-García ne le pense. Ce dernier se base sur des études précédentes concernant des microbes similaires : « Faire revivre des microbes à partir d’échantillons ayant 10’000 à 50’000 ans n’est pas si bizarre lorsqu’on se base sur des rapports précédents de réanimations microbiennes dans des matériaux géologiques allant de centaines de milliers, jusqu’à des millions d’années », explique-t-il.

Quant à Boston et son équipe, ils affirment avoir pris toutes les précautions nécessaires pour s’assurer que leurs équipements aient bien été stérilisés et soulignent le fait que les créatures qu’ils ont découvert à l’intérieur des cristaux sont similaires, mais non identiques à ceux précédemment découvertes dans la grotte. « Nous avons également fait du travail génétique et cultivé les organismes de la grotte, qui sont maintenant vivants et exposés », précise-t-elle.

À présent, nous ne pouvons qu’attendre pour voir si les résultats seront confirmés ou non, lorsqu’ils seront publiés. Mais si la découverte est bel et bien confirmée, il s’agira d’un nouvel organisme capable de survivre dans des conditions assez extrêmes.

Sources : American Association for the Advancement of Science (AAAS), National Geographic, frontiers

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