Une immense faille dans la glace de l’Antarctique vient de se frayer un nouveau passage dévastateur

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| British Antarctic Survey
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La séparation de ce que l’on s’attend à être l’un des plus grands icebergs jamais enregistrés devient de plus en plus imminente, après l’agrandissement d’une faille sur environ 180 kilomètres de long, en Antarctique.

Les scientifiques ont observé cette fissure massive dans la barrière de Larsen se développer lentement durant des décennies. La barrière de glace de Larsen est en fait constituée d’une série de trois barrières qui occupent (ou occupaient) des baies distinctes le long de la côte : du nord au sud, les trois segments sont appelés Larsen A (le plus petit), Larsen B et Larsen C (les plus grands).

Malheureusement, au cours de la dernière année, une série de développements rapides de failles ont vu la fracture se diviser en deux chemins différents, avec une nouvelle branche secondaire qui a progressé de 15 kilomètres en l’espace de quelques jours. « Alors que la pointe de la fissure précédente n’a pas avancé, une nouvelle branche de la faille a été initiée », explique le glaciologue Adrian Luckman de l’Université de Swansea, au Royaumme-Uni.

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Avec cette nouvelle ligne de faille, il ne reste que quelques 20 kilomètres de surface qui retiennent un morceau d’environ 5000 kilomètres carré de glace…

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Crédits : Midas Project/A. Luckman/Swansea University

Si (ou plus probablement, quand) ce morceau venait à se détacher, alors il s’agirait de la troisième plus grande perte de glace antarctique de l’histoire, jamais enregistrée. « C’est le premier changement important de la faille, depuis le mois de février de cette année », explique Luckman. « Bien que la longueur de la faille ait été statique pendant plusieurs mois, elle s’est considérablement élargie et à des taux supérieurs à un mètre par jour… », ajoute-t-il.

Alors que la branche principale de la faille semblait avoir ralenti, elle a brusquement augmenté de 10 kilomètres en janvier dernier, en l’espace de 3 semaines seulement, s’ajoutant ainsi à l’avancée dramatique de 18 kilomètres en decembre 2016. « Vous observez ces fissures et vous pensez qu’elles se déplacent vraiment très lentement. Mais quand elles s’agrandissent, cela va très vite. Apparemment, elles pourraient parfois progresser aussi vite que le son », explique Luckman.

Rien qu’au cours de l’année dernière, la fissure s’est agrandie sur environ 60 kilomètres. Les chercheurs pensent que la faille est maintenant entrée dans une région de glace humide, appelée zone de suture (qui est la ligne marquant la séparation des espaces originellement éloignés et représentant un espace intermédiaire disparu). Les scientifiques pensent que cette partie de la plate-forme de glace a ralenti les progrès de la faille, mais qu’elle a en même temps contribué à la division de la fissure en deux chemins séparés.

« Comme la pointe de la fissure était dans cette zone de glace essentiellement plus douce, qui est plus difficile à fracturer, alors les contraintes ont été transférées ailleurs », explique Luckman. « La glace s’est fracturée dans une région plus vulnérable à la rupture, qui se trouve environ 10 km plus loin que la pointe de fissure actuelle », ajoute-t-il.

Crédits : John Sonntag/NASA

Actuellement, la gravité de la chose n’est pas encore définie avec précision et les conséquences du développement de la faille sur la plate-forme glacière dans son ensemble restent un mystère. Les scientifiques qui étudient la fissure pensent que ce n’est qu’une question de temps avant que le phénomène ne sépare définitivement les quelques 5000 kilomètres carrés du reste des glaces de l’Antarctique.

Et lorsque cela se produira, Luckman (qui avait précédemment prédit qu’un tel événement de vêlage allait survenir en quelques mois à peine), indique que les effets sur le reste de la plate-forme glacière de la barrière de Larsen pourraient être catastrophiques.

En effet, en fin de compte, la perte d’une telle quantité de glace affaiblirait la stabilité de la surface restante, ce qui pourrait conduire à l’effondrement total de Larsen C, comme cela s’est produit avec Larsen A et Larsen B.

« Lorsqu’elle s’effondrera, la plate-forme de glace de Larsen C perdra plus de 10 % de sa superficie, pour laisser son front de glace dans la position la plus reculée jamais enregistrée. Cet événement changera fondamentalement le paysage de la péninsule antarctique », a conclu Luckman.

VIDÉO : La barrière de glace de Larsen C

Source : Swansea University

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