Dans l’organisme, l’homéostasie des protéines est essentielle, regroupant l’ensemble des mécanismes qui garantissent le maintien de l’équilibre des protéines dans une cellule. Une perturbation de cette homéostasie peut provoquer une agrégation protéique nocive, ce qui peut mener à des maladies neurodégénératives telles qu’Alzheimer ou Parkinson. Dans une étude récente, des chercheurs ont révélé une fonction protectrice potentielle d’une protéine impliquée dans ce processus important. Cette découverte ouvre ainsi la voie au développement de stratégies thérapeutiques prometteuses contre les maladies neurodégénératives liées à l’âge.
Récemment, des scientifiques du Centre pour le vieillissement sain du département de médecine cellulaire et moléculaire de l’Université de Copenhague, sous la direction de la professeure Lene Juel Rasmussen, ont identifié la protéine OSER1 comme un régulateur potentiel du vieillissement et de la longévité. Cependant, les mécanismes précis impliquant cette protéine restent encore à élucider. Pendant ce temps, une équipe de l’Université McMaster a fait une découverte complémentaire, ouvrant une piste prometteuse pour traiter les maladies neurodégénératives liées à l’âge. Ces travaux se concentrent sur une classe de protéines protectrices appelées MANF.
Dans leur étude, supervisée par le professeur Bhagwati Gupta, les chercheurs ont établi un lien entre les MANF et le maintien de l’équilibre protéique. Cette homéostasie, également appelée protéostasie, est essentielle au fonctionnement cellulaire. Elle repose sur des processus variés tels que la synthèse, le repliement, la dégradation des protéines défectueuses, ainsi que sur des modifications chimiques qui stabilisent les protéines.
Avec l’âge, cet équilibre se dérègle progressivement : les cellules produisent des protéines incorrectement et le système de dégradation devient inefficace. L’accumulation de protéines anormales finit alors par engendrer des pathologies neurodégénératives. « Si les cellules subissent un stress dû à cette agrégation de protéines, le réticulum endoplasmique, où les protéines sont fabriquées et libérées, reçoit un signal pour arrêter leur production », explique le professeur Gupta dans un communiqué. Si ce stress persiste, la cellule risque de mourir, entraînant la dégénérescence des neurones.
Le rôle des MANF dans le processus d’élimination des protéines défectueuses
Les MANF ne sont pas inconnues des chercheurs de l’Université McMaster. Lors de précédentes études, leur rôle dans la protection contre le stress cellulaire avait déjà été mis en lumière. Pour approfondir cette connaissance, les scientifiques ont étudié des Caenorhabditis elegans, de minuscules vers, et ont conçu un système permettant de manipuler le métabolisme des MANF chez ces organismes. « Les MANF étaient présentes dans des structures appelées lysosomes, associées à la durée de vie et à l’agrégation des protéines », a déclaré Shane Taylor, membre de l’équipe.
Au cours de cette récente étude, les chercheurs ont identifié les MANF comme des acteurs clés du processus d’élimination des protéines accumulées. Une augmentation des taux de MANF active un système de nettoyage cellulaire qui optimise le fonctionnement des cellules.
« Bien que nos travaux portent sur des vers, ils révèlent des processus universels », souligne Taylor. « La mise en lumière du rôle des MANF dans l’homéostasie cellulaire pourrait orienter le développement de nouveaux traitements pour les maladies neurodégénératives », conclut Gupta. Ces travaux ouvrent ainsi la voie au développement de stratégies thérapeutiques prometteuses contre les maladies neurodégénératives liées à l’âge.