Les « guêpes gardiennes des cryptes » peuvent contrôler l’esprit de 7 autres espèces de guêpes

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Une "guêpe gardienne des cryptes" (Euderus set). | Scott Egan, Kelly Weinersmith, Sean Liu/ Wikimedia Commons
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Une petite guêpe parasite récemment découverte (en 2017), Euderus set (appelée aussi « Guêpe gardienne des cryptes »), semble avoir des capacités extraordinaires de contrôle de l’esprit. Selon une nouvelle étude, elle pourrait modifier le comportement d’au moins sept autres espèces. Des résultats étonnants qui nous en apprennent davantage sur ce type de capacité, alors que l’on pensait jusqu’ici que les parasites étaient spécialisés dans le contrôle d’un seul type d’hôte.

Dans la nature, de nombreux parasites sont capables de modifier le comportement de leurs victimes (les hôtes) de manière significative. Par exemple, les sacculines (Sacculina carcini) envahissent littéralement le corps des crabes et leur font prendre soin de leurs larves comme si elles étaient leur propre progéniture. Si le crabe hôte est un mâle, le parasite le transforme en femelle.

Jusqu’ici, l’on pensait que chaque espèce de parasite pouvait manipuler le comportement d’un seul hôte, ou du moins que de très proches espèces. Mais l’étonnante guêpe Euderus set semble être bien plus polyvalente. Du moins, c’est ce que démontre une étude publiée aujourd’hui dans la revue Biology Letters.

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La guêpe gardienne des cryptes est capable de parasiter d’autres guêpes appelées « guêpes à galles ». Les guêpes à galles, ou « guêpes gallicoles » pondent leurs œufs dans les plantes, provoquant des excroissances anormales (des galles) à l’intérieur desquelles les larves de guêpes se nourrissent et grandissent. Une fois adultes, elles mordent leur « cocon » afin d’y faire un trou, en sortent et s’envolent.

Afin de procéder au parasitage, Euderus set recherche des galles de chêne et y dépose un œuf. La larve d’Euderus set se met alors à attaquer celle de la guêpe gallicole. Après un certain temps, les guêpes gallicoles infectées commencent à mordre (comme pour sortir), mais elles cessent de le faire lorsque le trou est encore petit. Elles restent alors à l’endroit où elles se trouvent, leur tête bloquant la sortie et protégeant ainsi la larve (d’Euderus set) qui y pousse. On dit alors que la guêpe « garde la crypte ».

Il n’est pas clair comment la larve gardienne des cryptes empêche la guêpe gallicole de mastiquer à un point aussi précis. « J’aimerais vraiment savoir comment elles le font », déclare Anna Ward, de l’Université de l’Iowa.

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Lorsque la larve gardienne se transforme elle aussi en une guêpe adulte après quelques jours, elle mâche ensuite à travers la tête de la pauvre guêpe gallicole pour sortir de la galle.

La guêpe gardienne des cryptes, qui n’a été décrite qu’en 2017, n’aurait parasité qu’une seule espèce lors de sa première étude. Cependant, lorsque l’équipe de Ward a recueilli 23’000 galles de 10 espèces de chênes dans le cadre d’une étude plus vaste, elle a découvert qu’au moins 7 des 100 espèces de guêpes à galles recueillies étaient parasitées par la même guêpe gardienne des cryptes. « Ce que nous avons constaté, c’est qu’Euderus set attaque différents hôtes qui ne semblent pas être étroitement liés », explique Ward. Cependant, la guêpe gardienne des cryptes semble avoir un type de galle préféré : celles qui ne sont pas couvertes de fourrure ou de pointes.

Et selon Ward, il existe probablement dans la nature de nombreux parasites montrant des capacités extraordinaires similaires. Il y aurait également selon elle plus d’espèces de guêpes parasites (la plupart restant à découvrir) qu’il n’y a d’espèces de coléoptères. Jusqu’à présent, 350’000 espèces de coléoptères ont été décrites (ce qui fait plus d’espèces que tous les autres groupes d’animaux). La plus grande difficulté dans ce domaine est que les guêpes parasites sont petites et donc difficiles à trouver, et surtout, presque personne ne les cherche, conclut-elle.

Source : Biology Letters

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