Une légendaire épave au trésor découverte au large de Madagascar : un butin estimé à 138 millions de dollars

Le navire subit l’un des plus importants raids de pirates de « l’âge d’or de la piraterie » et a coulé au large de l’île Sainte-Marie.

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Des archéologues ont découvert l’épave du Nossa Senhora do Cabo, un navire portugais connu pour avoir transporté un immense trésor, près de Sainte-Marie, une petite île située au large de la côte nord-est de Madagascar. Le navire aurait sombré en 1721, victime de l’un des plus importants raids de pirates de « l’âge d’or de la piraterie », et gît désormais au fond d’un petit port de l’île.

L’île Sainte-Marie (ou Nosy Boraha en malgache) occupe une place singulière dans l’histoire maritime de l’océan Indien occidental. Idéalement protégée des moussons et des courants régionaux, son mouillage naturel et sa proximité des principales routes maritimes en faisaient un carrefour stratégique du commerce (légal ou clandestin) entre le XVIIe et le XVIIIe siècle.

Bien que connue des commerçants arabes dès le XIIe siècle, ce n’est qu’au cours de « l’âge d’or de la piraterie » qu’elle devint un repaire pour des pirates européens tels que Henry Avery, William Kidd, Christopher Condent ou Olivier Levasseur (surnommé « La Buse »). Par ailleurs, l’absence de gouvernance coloniale stricte en faisait une escale idéale pour le ravitaillement, le réarmement et le blanchiment des butins.

De nombreux vestiges archéologiques témoignent de la complexité et du dynamisme des activités pirates dans la région. Sainte-Marie demeure d’ailleurs connue pour son cimetière de pirates, aujourd’hui site touristique. La dizaine d’épaves échouées autour de la zone portuaire de l’Îlot Madame, une petite île du lagon de Sainte-Marie, offre depuis des décennies aux archéologues la possibilité d’étudier la culture de la piraterie et ses liens avec les réseaux commerciaux mondiaux de l’océan Indien.

Des archéologues américains du Center for Historic Shipwreck Preservation (CHSP) pensent avoir identifié l’une de ces épaves comme étant celle du Nossa Senhora do Cabo (ou « Notre-Dame du Cap » traduit du portugais), capturé en 1721 par des pirates parmi lesquels figuraient Olivier Levasseur et John Taylor. Les derniers résultats de leurs recherches ont été publiés dans la revue Wreckwatch.

Une prise exceptionnelle

Selon les archives historiques, le Nossa Senhora do Cabo avait quitté Goa, en Inde, au début de l’année 1721 à destination de Lisbonne, mais ne parvint jamais à bon port. Il transportait à son bord le vice-roi portugais sortant, l’archevêque de Goa, ainsi que des lingots d’or et des coffres remplis de perles : un butin exceptionnel, estimé aujourd’hui à plus de 138 millions de dollars.

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Photomosaïque de la grille de fouille révélant la charpente inférieure de la coque. © Clifford et Agostini

Le 8 avril 1721, le navire fut attaqué et capturé par une escadre de pirates près de l’île de la Réunion. D’après les archéologues, il avait déjà été gravement endommagé par une tempête, ce qui l’avait contraint à se délester de la plupart de ses canons pour rester à flot ; il ne put donc opposer qu’une résistance symbolique. Cette même tempête pourrait également expliquer sa dérive vers le sud, loin de sa route initiale vers Lisbonne.

Les pirates auraient ensuite conduit le navire vers Madagascar, à quelque 650 kilomètres de là, pour y partager le butin avant de le saborder au large de Sainte-Marie. Le vice-roi aurait été libéré contre rançon ; le sort de l’archevêque demeure inconnu. Environ 200 esclaves mozambicains se trouvaient également à bord, mais aucune trace n’a permis de retracer leur destin.

Les chercheurs du CHSP ont passé près de 16 ans à identifier l’épave, en s’appuyant sur les restes d’artefacts retrouvés sur le site. Selon eux, l’analyse stratigraphique de la structure du navire et de nombreux objets corrobore l’hypothèse qu’il s’agit bien du Nossa Senhora do Cabo. Parmi ces pièces figurent des statuettes et objets religieux en bois et en ivoire, dont une représentation de la Vierge Marie, un fragment de crucifix et une plaque portant l’inscription INRI en lettres d’or (signifiant : « Jésus de Nazareth, roi des Juifs » en latin).

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Une statuette de la Vierge Marie trouvée sur l’épave. © Clifford et Agostini

« L’assemblage archéologique récupéré sur le site correspond aux descriptions historiques de la cargaison du Cabo, de son itinéraire, de son réaménagement ultérieur et de son renommage final par La Buse en Victorieux », précisent les chercheurs dans leur publication.

Ces artefacts auraient été fabriqués à Goa, alors important centre colonial portugais. À ce jour, 3 300 objets ont été exhumés de l’épave, mais le limon et les couches de sable compliquent la récupération d’éléments supplémentaires, rapporte LiveScience. « Idéalement, les futures fouilles permettront d’approfondir l’analyse des nombreuses épaves qui s’y trouvent au large de Sainte-Marie », a déclaré au journal Mark R. Agostini, l’un des auteurs de la découverte.

Source : Wreckwatch
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