Un bateau coulé dans le Nil il y a quelque 2500 ans, va enfin pouvoir nous livrer ses secrets. Les scientifiques pensent que ce navire a révélé une structure dont l’existence fait l’objet d’un débat depuis des siècles. Il s’agit de la toute première preuve démontrant qu’Hérodote ne mentait pas au sujet des bateaux égyptiens.
Dans le fragment 2.96 des Histoires (ou l’Enquête) d’Hérodote, publié vers 450 avant notre ère, l’historien grec, qui a notamment écrit sur son voyage en Égypte, décrit un type de bateau du Nil appelé baris. Selon lui, ces bateaux seraient tapissés de papyrus et posséderaient un gouvernail traversant un trou dans la poupe. Ce type système de pilotage avait été observé dans les représentations et les modèles de la période pharaonique, mais jusqu’à présent, nous n’avions aucune preuve archéologique solide de son existence.
Le bateau retrouvé dans la ville portuaire maintenant submergée Thonis-Heracleion, près de l’embouchure canope du Nil, porte actuellement le nom de navire 17, et date d’environ 664-332 avant notre ère. À savoir que les chercheurs ont exploré plus de 70 épaves de navires et découvert d’innombrables artefacts révélant des détails époustouflants sur l’ancienne ville commerciale et sa culture.
Bien qu’il ait été dans l’eau depuis plus de 2000 ans, la préservation du navire 17 est exceptionnelle. Les archéologues ont pu découvrir 70% de la coque. « Ce n’est que lorsque nous avons découvert cette épave que nous avons réalisé qu’Hérodote avait raison », a déclaré l’archéologue Damian Robinson, du Centre d’archéologie maritime d’Oxford.
À savoir que le bateau affiche plusieurs des éléments décrits par Hérodote : « Les joints du platelage du navire 17 sont décalés de manière à lui donner l’apparence de ‘‘couches de briques’’, comme le décrit Hérodote », écrit l’archéologue Alexander Belov, du Centre d’études égyptologiques de l’Académie des sciences de Russie.
« Les planches du navire 17 sont assemblées transversalement selon des tenons remarquablement longs, qui peuvent atteindre 1.99 m de long et qui traversent jusqu’à 11 virages. Ces tenons correspondent aux ‘‘enjeux longs et serrés’’ du récit d’Hérodote (…). Il mentionne également la quille du bateau, et le navire 17 a une quille deux fois plus épaisse que le bordé et se projette à l’intérieur de la coque », ajoute Belov.
Il existe tout de même quelques incohérences : le navire décrit par Hérodote avait des tenons plus courts, qui agissaient comme des côtes maintenant ensemble les planches d’acacia de la coque, et la barre d’Hérodote n’avait pas de cadres de renforcement, tandis que le navire 17 en possédait plusieurs.
Ces éléments peuvent être expliqués si le navire 17 (qui fait environ 27 mètres de long) est plus grand que le baris décrit par Hérodote. « Hérodote décrit les bateaux comme dotés de longues côtes internes. Personne ne savait vraiment ce que cela signifiait… Cette structure n’a jamais été vue de manière archéologique auparavant », a déclaré Robinson. « Puis, nous avons découvert ce type de forme de construction, sur ce bateau, et c’est totalement ce qu’Hérodote avait décrit », a-t-il ajouté.
Vous aimerez également : Les platistes organisent une grande croisière ! Mais savent-ils que la navigation est basée sur une Terre ronde ?
Et bien entendu, il y a ce magnifique gouvernail, qui passe dans deux trous de la poupe du navire. Placés les uns devant les autres, ces trous semblent avoir permis une meilleure navigation (en permettant un ajustement en fonction de la charge du bateau).
À présent, et grâce à leur découverte ainsi qu’aux résultats de leurs études concernant ce navire, les chercheurs pensent que le navire 17 est si proche de la description d’Hérodote qu’il aurait pu être construit dans le même chantier naval décrit par ce dernier.