L’étoile la plus proche de notre système solaire a subi une éruption stellaire phénoménale

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Illustration de l'éruption stellaire. | Roberto Molar Candanosa/Carnegie Institution for Science/NASA/SDO/JPL
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Selon de nouvelles recherches réalisées en mars 2017, notre voisin stellaire le plus proche, Proxima du Centaure, serait entré en éruption. Une éruption stellaire 10 fois plus brillante que les plus grandes éruptions produites par notre propre Soleil, et ce, même si Proxima du Centaure ne possède qu’environ un huitième de la masse du Soleil.

Cette information contredit donc la notion que des planètes soient en orbite autour de la naine rouge, comme l’a déterminé une équipe de chercheurs l’année dernière. En effet, sur la base d’une réanalyse des mêmes données, il semble à présent qu’il n’y ait pas d’anneau de poussière, comme on le pensait auparavant.

En novembre dernier, des chercheurs de l’Institut d’Astrophysique d’Andalousie (IAA) en Espagne, ont annoncé qu’ils avaient détecté une lueur provenant de Proxima Centauri. Ils ont attribué cette lueur à un anneau de poussière (comme la ceinture d’astéroïdes orbitant le Soleil de l’autre côté de Mars, ou la ceinture de Kuiper au-delà de Pluton). Selon eux, cela pouvait indiquer la présence d’un système planétaire entier en orbite à l’extérieur de l’exoplanète Proxima b, qui avait été confirmée en 2016. Tout cela car la poussière et les ceintures d’astéroïdes sont des restes du disque d’accrétion tourbillonnant autour d’une étoile en formation, et qui peut entraîner la formation de planètes.

Une invitation à rêver, prête à être portée.

Selon une équipe de chercheurs dirigée par Meredith MacGregor de Carnegie, cette interprétation des données semble maintenant erronée. La nouvelle analyse des chercheurs de l’IAA concernant la lumière détectée, suggère qu’elle ne provenait pas d’un anneau de poussière, mais qu’elle était en réalité le résultat d’une éruption stellaire massive.

Alors, comment est-ce que ces deux équipes sont-elles parvenues à des conclusions aussi différentes, tout en se basant sur les mêmes données ? Les deux équipes ont analysé 10 heures de données capturées par le Grand réseau d’antennes millimétrique/submillimétrique de l’Atacama (un télescope comprenant 66 antennes), du 21 janvier au 25 avril 2017. L’équipe de l’IAA a basé ses conclusions sur la quantité moyenne de lumière observée sur ces trois mois, y compris la lumière de l’étoile et l’éruption (ensemble), pour aboutir à l’interprétation du nuage de poussière.

En revanche, l’équipe de MacGregor n’a pas fait la moyenne des données, mais les a analysées en fonction du temps d’observation, ce qui a entraîné une augmentation de l’émission de lumière de l’étoile. Ils ont découvert, le 24 mars 2017, que l’étoile a éclaté en une éruption stellaire absolument massive : soit 100 fois plus brillante que les émissions normales de l’étoile, et ce, sur une période de 10 secondes.

Au total, l’événement a duré moins de deux minutes. Il est connu que Proxima du Centaure a une activité importante, cela n’est donc pas surprenant. Mais, cela réduit également les chances de découvrir de la vie sur Proxima b, une planète rocheuse d’environ 1,3 fois la masse de la Terre.

Comme l’étoile est si froide et sans grand éclat, la planète doit tourner très près de l’étoile, afin d’être dans la zone habitable. Cela signifie qu’elle est également beaucoup plus susceptible d’être heurtée de plein fouet par ces éruptions stellaires, qui pourraient la dépouiller de son atmosphère (si tant est qu’elle en ait une). « Il est probable que Proxima b ait été foudroyée par des radiations à haute énergie au cours de cette éruption. Au cours des milliards d’années qui se sont écoulés depuis la création de Proxima b, des éruptions comme celle-ci auraient pu évaporer toute atmosphère ou océan et stériliser totalement la surface de la planète, suggérant que l’habitabilité globale d’une planète a plus d’importance que le fait qu’elle se situe simplement en zone d’habitabilité (possibilité de présence d’eau liquide) », a déclaré MacGregor.

Cependant, cela ne signifie pas que tout espoir est perdu. Il se peut qu’il y ait encore des planètes en orbite autour de Proxima du Centaure que nous n’avons pas encore découvertes. En réalité, nous ne pouvons même pas voir Proxima b. La planète a été découverte en 2015 grâce à la spectroscopie Doppler (ou méthode des vitesses radicales), qui confirme l’existence des planètes en se basant sur de très petits changements de lumière constatés en observant une étoile donnée autour de laquelle orbite une planète.

Comme nous ne pouvons pas voir la planète de manière directe, toutes les autres planètes situées sur le même plan orbital seraient également invisibles. Mais, jusqu’à présent, rien n’indique qu’il y ait plus de planètes, surtout maintenant que le nuage de poussière a été remis en cause. « Il n’y a maintenant aucune raison de penser qu’il y ait une quantité importante de poussière autour de Proxima du Centaure. Non plus qu’aucune autre information indique que l’étoile possède un système planétaire riche comme le nôtre », a déclaré la co-auteure de l’étude, Alycia Weinberger, de Carnegie.

Sources : Astrophysical Journal Letters, arXiv

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