Les tentacules des pieuvres sont capables de prendre des décisions sans l’intervention du cerveau de l’animal

pieuvre
| Edmondlafoto/Pixabay
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Il va sans dire que les pieuvres sont des animaux très intelligents : elles ont la capacité d’utiliser des outils, de résoudre des énigmes complexes et même parfois de jouer des tours à des humains… Mais leur intelligence est bien mystérieuse, car les céphalopodes à huit bras ont évolué différemment de tous les autres types d’organismes sur Terre.

En effet, plutôt que d’avoir un système nerveux central comme celui des vertébrés, les deux tiers des neurones d’une pieuvre sont répartis dans tout son corps (plus précisément répartis entre ses bras). À présent, les scientifiques ont effectué une découverte pour le moins impressionnante : les neurones des pieuvres peuvent prendre des décisions sans l’intervention du cerveau…

« L’une des grandes questions que nous avons est de savoir à quel point un système nerveux réparti fonctionnerait, surtout quand il essaie de faire quelque chose de compliqué, comme se déplacer à travers un fluide et chercher de la nourriture sur un fond océanique complexe », a déclaré le neuroscientifique David Gire, de l’Université de Washington. « Il y a beaucoup de questions ouvertes sur la manière dont ce système nerveux dispersé fonctionne et est connecté », a-t-il ajouté.

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Les chercheurs ont effectué leur recherche sur des pieuvres géantes du Pacifique : Enteroctupus dofleini et Octopus rubescens. À noter que les deux espèces sont natives de l’océan Pacifique Nord.

Ces pieuvres possèdent environ 500 millions de neurones, dont environ 350 millions sont dispersés le long de leurs bras tentaculaires, (disposés en grappes, appelées ganglions). Ceux-ci aident à traiter les informations sensorielles à la volée, permettant ainsi à la pieuvre de réagir plus rapidement aux facteurs externes.

« Les bras tentaculaires de la pieuvre ont un anneau de neurones qui court-circuite le cerveau, et ainsi les bras peuvent s’envoyer des informations entre eux, sans que le cerveau en ait conscience », a expliqué Dominic Sivitilli, neuroscientifique du comportement à l’Université de Washington. « Ainsi, bien que le cerveau ne sache pas exactement où se trouvent les bras dans l’espace, ceux-ci ont pleinement conscience d’où se trouvent les autres bras, et ce sont les bras-mêmes qui coordonnent les activités », a-t-il ajouté.

Lors de leur expérience, les scientifiques ont donné aux céphalopodes toute une variété d’objets, tels que des parpaings, des roches texturées, des briques lego et divers labyrinthes contenant des friandises. Ils les ont alors filmés tandis qu’ils cherchaient la nourriture.

Les scientifiques ont également utilisé des techniques de suivi du comportement et d’enregistrement neuronal dans le but de déterminer comment les informations circulaient à travers le système nerveux des pieuvres, en fonction des bras tentaculaires de ces dernières. Les chercheurs ont alors suggéré que les bras fonctionnaient soit en synchronisation avec le cerveau (et donc par le biais d’un système de contrôle central), soit de manière indépendante (en bougeant les unes indépendamment des autres).

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De ce fait, cette expérience a permis aux scientifiques de constater que les bras de la pieuvre acquièrent des informations sensorielles et motrices (provenant de leur environnement) et que ce sont les neurones se trouvant dans ledit bras qui initient l’action. Tout cela, sans l’intervention du cerveau. « Ce que nous examinons est la manière dont l’information sensorielle est intégrée dans ce réseau, pendant que l’animal prend des décisions compliquées », explique Gire.

Cette découverte est cohérente avec les recherches précédentes, qui ont notamment permis de mettre en lumière le fait que les bras tentaculaires des pieuvres pouvaient bouger de manière indépendante (sans l’implication du cerveau), et que ces bras peuvent également continuer de répondre à un stimuli, même après avoir été ôtés de l’animal mort.

Dans tous les cas, étudier ces animaux mystérieux est utile pour mieux comprendre les différentes formes d’intelligence que l’on trouve sur Terre. « C’est un modèle alternatif pour l’intelligence ! Cela nous permet de comprendre la diversité de l’intelligence à travers le monde, voire même de l’Univers », a déclaré Sivitilli.

Source : Astrobiology Science Conference

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