Une vaste étude sur les jouets en plastique révèle plus de 100 substances potentiellement nocives

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Elles sont partout autour de nous, et pourtant, nous ne les voyons pas, nous ne les sentons pas… des centaines de substances chimiques potentiellement nocives utilisées pour la production et le traitement d’objets en plastique, dont notamment les jouets pour enfants. De plus en plus de chercheurs s’inquiètent des risques pour la santé, depuis la mise en évidence de certaines substances pouvant interagir avec le développement cérébral des jeunes enfants et même des foetus. On cite notamment les perturbateurs endocriniens, mais ce n’est là qu’un exemple.

Une nouvelle étude internationale révèle, une fois de plus mais sous un autre angle et de façon très complète, à quel point ces substances peuvent être nocives pour les enfants, et pas que pour eux. Des chercheurs ont évalué la composition chimique des jouets et les niveaux estimés d’exposition humaine à ces substances, et ont finalement identifié plus de 100 « produits chimiques préoccupants » dans les matériaux des jouets en plastique, qui pourraient présenter un risque non négligeable pour la santé des enfants.

« Sur les 419 substances chimiques trouvées dans les matériaux plastiques durs, souples et en mousse utilisés dans les jouets pour enfants, nous avons identifié 126 substances qui peuvent potentiellement nuire à la santé des enfants par des effets cancérigènes ou non, dont 31 plastifiants, 18 retardateurs de flamme et 8 parfums », explique Peter Fantke, chercheur en durabilité quantitative à l’Université technique du Danemark (DTU). Les résultats ont été publiés dans la revue Environment International.

Selon les chercheurs, si les lois de nombreux pays réglementent l’utilisation de certains produits chimiques potentiellement toxiques dans les jouets en plastique, il n’existe pas d’approche cohérente au niveau international, et les protections actuelles n’interdisent pas de manière adéquate la vaste gamme de substances potentiellement nocives dont sont faits les jouets.

Des lacunes dans la réglementation actuelle

« Les réglementations existantes se concentrent généralement sur des produits chimiques particuliers (par exemple, les phtalates, les retardateurs de flamme bromés et les métaux), tout en ne couvrant pas actuellement le large éventail de substances chimiques que l’on trouve dans les jouets en plastique », écrit l’équipe, dirigée par le doctorant Nicolò Aurisano, dans le document. « En outre, certains additifs toxiques et interdits se retrouvent encore dans les jouets en plastique, même sur les marchés réglementés, par exemple en cas de recyclage de plastiques contaminés, d’ignorance des producteurs ou d’absence de réglementation dans le pays producteur ».

Pour mettre en évidence l’ampleur du problème, les chercheurs ont dressé une liste des contenus chimiques des matériaux des jouets (un élément qui n’est pas facilement divulgué par les fabricants de produits), mais qui a néanmoins été analysé dans le cadre d’enquêtes précédentes par d’autres scientifiques. En rassemblant les données chimiques de 25 études examinées par des pairs — et en évaluant le risque d’exposition à des substances en fonction de la manière dont certains jouets sont manipulés —, l’équipe de Fantke a établi sa liste de substances chimiques préoccupantes, classées par ordre de priorité des risques.

Une liste complète des substances incriminées

« Nous avons combiné le contenu chimique signalé dans les matériaux des jouets avec les caractéristiques des matériaux et les modes d’utilisation des jouets, tels que la durée habituelle de jeu d’un enfant avec un jouet, s’il le met en bouche, et combien de jouets se trouvent dans un ménage par enfant », explique Aurisano. « Nous avons utilisé ces informations pour estimer l’exposition en utilisant des modèles de bilan massique à haut débit, et nous avons comparé les doses d’exposition avec les doses en dessous desquelles il n’y a pas de risque inacceptable pour les enfants ».

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Schéma résumant la méthode utilisée par les chercheurs pour quantifier le risque d’exposition des enfants aux substances nocives contenues dans les jouets en plastique (par inhalation, ingestion ou contact). © Nicolò Aurisano

Sur les 126 produits chimiques préoccupants identifiés dans l’étude, 27 substances — dont de nombreux phtalates, retardateurs de flamme et plastifiants — sont déjà couramment réglementées (mais sont toujours présentes dans les jouets testés). Mais les chercheurs ont également identifié 17 substances qu’ils définissent comme des produits chimiques préoccupants, qui n’apparaissent pas dans d’autres listes de priorités pour les jouets en plastique, mais qui pourraient néanmoins être dangereux pour la santé. Certaines de ces substances sont connues sous le nom de « substituts regrettables » : des produits chimiques qui commencent à être utilisés comme alternatives à des produits nocifs connus, mais qui s’avèrent eux-mêmes dangereux.

Parmi les autres substances chimiques préoccupantes identifiées dans l’étude, on trouve des substances qui peuvent être nocives, mais qui apparaissent à des niveaux acceptables, ou qui ne peuvent pas être quantifiées en matière d’exposition au risque pour diverses raisons.

Les chercheurs estiment qu’une série de seuils, appelés « teneur maximale acceptable en substances chimiques », pourrait être utilisée pour fixer des limites aux quantités de substances chimiques préoccupantes présentes dans les jouets, afin de combler les lacunes des différents systèmes réglementaires actuels.

« Comme les mêmes produits chimiques peuvent se trouver à des concentrations différentes dans les différents matériaux des jouets, nous avons estimé la ‘teneur maximale acceptable en produits chimiques’ pour toutes les substances que l’on trouve dans les jouets en plastique », explique Fantke. « Ces informations permettront aux décideurs d’établir des points de référence pour diverses substances chimiques dans différentes applications, mais elles aideront également les entreprises de jouets à évaluer la quantité de substances chimiques utilisées pour une fonction spécifique par rapport à ces points de référence ».

Problème complexe, solution simple ?

Cependant, tant que ces décideurs ne maîtriseront pas ce genre de critères, les décideurs les plus proches dans ce contexte, les parents, pourront toujours agir sur la base des résultats présentés ici. La chose la plus simple à faire est la suivante : cesser d’entourer les enfants de jouets en plastique. Selon les chercheurs, les enfants des pays occidentaux accumulent en moyenne 18,3 kg de jouets en plastique chaque année, et nous commençons à peine à comprendre ce que cette masse contient réellement.

« Un moyen efficace et pratique de réduire l’exposition aux substances chimiques prioritaires présentes dans les jouets en plastique consiste à réduire la quantité de nouveaux jouets introduits dans nos foyers chaque année », écrivent les chercheurs. « Ceci est également confirmé par une étude récente qui montre que la qualité du jeu des enfants est influencée négativement par l’abondance des jouets, et que moins de jouets peuvent aider les tout-petits à mieux se concentrer et à jouer de manière plus créative ».

Pour en savoir plus sur ces substances nocives, dont les perturbateurs endocriniens, nous vous recommandons vivement de regarder cet extrait de documentaire :

Source : Environment International

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