La Floride est en état d’alerte après avoir constaté le retour d’un parasite très envahissant qui a déjà tué plus de 100 cerfs depuis le mois de juillet 2016.
La réapparition de ce parasite que l’on pensait avoir éradiqué depuis des décennies, a provoqué un état agricole d’urgence dans le comté de Monroe, en Floride. Les autorités tentent de contenir l’épidémie depuis cet été.
Le parasite en question se nomme la Lucilie bouchère (Cochliomyia hominivorax, signifant littéralement dévoreuse d’hommes) : lorsque cette espèce mûrit, elle ressemble à une mouche ordinaire, mais ses larves sont particulièrement dangereuses.
En effet, ces larves infectent les animaux à sang chaud, creusent des plaies ouvertes et se nourrissent de chair vivante. Les êtres humains courent également le risque de se faire attaquer par le parasite, bien que pour l’instant, aucune personne n’ait été infectée par cette récente épidémie.
Ce parasite n’avait pas été observé en Floride depuis 50 ans. À l’époque, il avait été la cible d’une campagne d’éradication, ayant débuté dans les années 1930 déjà. La campagne a été jugée réussie en 1966. Depuis, les autorités locales ont maintenu un contrôle biologique, appelé Insecte stérile afin d’empêcher la larve de se propager à nouveau aux États-Unis et en Amérique du Sud.
Le procédé Insecte stérile consiste à libérer des mouches mâles infertiles (stérilisées par rayonnement) dans la nature. Il faut savoir que les mouches femelles ne s’accouplent qu’une fois dans leur vie, et quand elles le font avec ces mâles infertiles, elles ne peuvent produire aucune progéniture. De cette manière, les autorités locales ont pu s’assurer que les larves aient été peu à peu éradiquées dans les zones infestées.
Mais malgré les efforts pour protéger les États-Unis de ce parasite, la larve est réapparue dans le comté de Monroe en juillet 2016, où elle a été signalée dans la population de cerfs sauvages.
Les cerfs infestés sont les cerfs des Keys (Odocoileus virginianus clavium, ou Cerf à queue blanche des Keys), et ceux-ci ne vivent qu’en Floride. Il s’agit d’une espèce en voie d’extinction, possédant moins de 1000 individus dans leur communauté aujourd’hui. Ces derniers spécimens vivent dans le refuge national des cerfs des keys, géré par l’US Fish and Wildlife Service. Comme si le fait d’être en voie d’extinction n’était pas suffisant pour cette espèce, l’infestation par les lucilies bouchères a déjà décimé 132 animaux depuis le mois de juillet. Cela représente environ 15% de la totalité de l’espèce. « Nous n’avions aucune idée de ce que c’était », s’est exclamée Kristie Killam, une garde forestière.
« Il y avait quelques cas en juillet et en août, mais c’est surtout dès septembre (en période de rut), que nous avons commencé à nous dire que ce n’était pas quelque chose d’ordinaire. Cela ressemble à une blessure horriblement infectée qui n’a jamais été traitée, contaminée par des asticots mous », a-t-elle ajouté. Les gardes forestiers n’étaient pas au courant que le parasite mortel proliférait et ont d’abord pensé qu’il s’agissait de plaies causées par des combats entre cerfs. À ce moment, la lucilie bouchère avait déjà infecté deux chats, un chien et un cochon.
Mais les tests menés en laboratoire dans le courant du mois de septembre ont confirmé qu’il s’agissait bien du parasite mortel lucilie bouchère et ont résulté en la proclamation d’un état agricole d’urgence en Floride.
Heureusement, de nouvelles mesures de protection visant à stopper la propagation du parasite telles que la stérilisation de mouches, la mise en place de zones de quarantaines et l’administration de médicaments antiparasitaires, semblent fonctionner. L’US Fish & Wildlife Service a annoncé la semaine dernière que la population de cerfs semble s’être stabilisée à 875 individus, sans aucun décès en une semaine (la première fois depuis que l’épidémie a commencé en juillet).
Bien que tous les animaux à sang chaud (humains y compris) courent le risque d’être assaillis par les larves, ces dernières menacent également dangereusement l’agriculture. Depuis leur éradication dans les années 1960, seuls des cas aléatoires d’infections à l’intestin grêle se sont produits aux État-Unis. Il s’agit généralement de cas isolés de voyageurs infectés revenant d’autres pays. Un de ces cas concernait une jeune fille de 12 ans qui avait voyagé avec sa famille en Colombie, qui se plaignait ensuite d’une douleur extrême dans son cuir chevelu : les médecins ont dû extraire 142 larves de sa tête, en utilisant la thérapie du bacon. Une technique consistant à attirer les parasites hors de la plaie ouverte à l’aide de morceaux de viande.
Les efforts permanents pour contenir cette nouvelle épidémie devraient se poursuivre en 2017. Nous espérons avoir de plus amples informations et des nouvelles positives prochainement quant à la situation en Floride.