En ce moment même, 10 000 auteurs joignent leurs voix pour dénoncer l’utilisation non autorisée de leurs œuvres par les entreprises d’IA. La pétition créée à cette occasion a été signée par des plumes reconnues telles que James Patterson, Margaret Atwood et Jonathan Franzen.
Aujourd’hui, l’intelligence artificielle est au cœur d’une guerre qui dépasse les frontières technologiques pour atteindre les sphères artistiques et créatives. Ce domaine en constante évolution se retrouve ces temps-ci sous le feu des critiques pour son impact sur divers aspects de la société, de l’emploi à la vie privée, en passant par les médias et la désinformation. Plus récemment, c’est le monde littéraire qui se dresse en bloc contre les titans de l’IA.
L’enjeu principal de cette récente controverse est la manière dont ces entreprises exploitent les œuvres d’écrivains pour former leurs modèles de langage. Une lettre ouverte, signée par un nombre impressionnant d’auteurs (10 000 au total), dont des figures emblématiques comme James Patterson, Margaret Atwood, Dan Brown, Michael Chabon ou encore Jonathan Franzen, est adressée aux dirigeants de plusieurs entreprises d’IA, dont OpenAI et Meta. Ces écrivains exigent le respect de leur droit d’auteur et s’opposent à l’utilisation non autorisée et non rémunérée de leurs œuvres.
Un non-respect des droits d’auteur ?
Les textes sont l’essence même des technologies d’IA générative textuelle. Dans leur accusation, les auteurs pointent l’industrie de l’IA d’avoir puisé dans des œuvres littéraires — dont potentiellement celles protégées par le droit d’auteur — pour « nourrir » et affiner ses modèles de langage. Cette consommation s’est faite ainsi sans le consentement des auteurs et sans compensation financière. En les utilisant sans contrepartie, ces entreprises sont accusées de pratiquer une forme de piratage.
La conséquence directe de cette pratique est une érosion des revenus des écrivains. Selon un rapport de l’Authors Guild en 2019, les revenus des écrivains ont chuté de 42% entre 2009 et 2019. L’arrivée des systèmes d’IA génératifs tels que ChatGPT et Bard n’a fait qu’empirer la situation, menaçant ainsi leur gagne-pain.
Une demande de rémunération
Face à cette situation, les auteurs prennent le taureau par les cornes. Ils demandent aux entreprises d’IA d’obtenir leur autorisation avant d’utiliser leurs textes protégés par les droits d’auteur, et de les rémunérer équitablement pour l’utilisation passée, présente et future de leurs œuvres. Certains artistes ont même déjà intenté des actions en justice contre ces entreprises d’IA, pour utilisation non autorisée de leurs œuvres. C’est par exemple le cas de la comédienne Sarah Silverman et de deux auteurs, qui ont récemment accusé Meta et OpenAI pour atteinte aux droits d’auteur.
De leur côté, certaines entreprises comme OpenAI affirment respecter les droits des créateurs et des auteurs. Google a, pour sa part, déjà reconnu utiliser les données publiquement accessibles pour entraîner ses modèles d’IA. Mais dans une autre affaire impliquant le géant du web, l’un des avocats avait bien précisé que « publique » ne signifiait pas forcément « libre de droits ».
Voici donc une affaire de plus dans laquelle les tribunaux sont appelés à statuer sur des questions délicates : comment protéger les droits des auteurs à l’ère de l’IA ? Quelle est la responsabilité des entreprises d’IA dans l’utilisation de matériel protégé par le droit d’auteur ? Et jusqu’où s’étendent réellement ces droits ?