Ils sont partis à la chasse aux volcans depuis l’espace. Une équipe de scientifiques a entrepris d’utiliser des satellites radars haute résolution afin d’effectuer une cartographie sous-marine des océans terrestres. Ils ont découvert plus de 19 000 volcans au cours de cette étude.
Les océans… Alors qu’ils occupent plus de 70% de la surface de la Terre, ils sont encore mal connus, et la topologie sous-marine est encore loin d’être parfaitement cartographiée. Jusqu’ici, on utilisait principalement des sonars pour cartographier les fonds marins. Cette technique consiste à produire des ondes sonores pour détecter des obstacles dans l’eau. Pourtant, malgré tous les efforts des scientifiques, on estime que seul un quart des fonds marins a été réellement cartographié de cette façon. D’innombrables reliefs dorment donc encore sous l’eau, heurtant à l’occasion les sous-marins malchanceux.
Les scientifiques à l’origine de la découverte de ces 19 000 nouveaux volcans ont utilisé une autre technologie. En effet, les satellites radars qui mesurent la hauteur des océans sont également capables de nous donner des informations sur les fonds marins. Pour cela, les scientifiques observent les subtiles variations à la surface des portions d’océans situées au-dessus de reliefs importants. En 2011, un premier recensement a déjà été effectué à l’aide de cette technique. Il avait permis de découvrir quelque 24 000 « monts sous-marins ». On appelle « monts sous-marins » des montagnes sous-marines formées par une activité volcanique.
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Pour réaliser cette nouvelle étude, les scientifiques ont utilisé des satellites radar haute définition, qui ont permis d’ajouter 19 000 monts sous-marins au tableau de chasse. Grâce à une plus grande précision, les scientifiques pensent pouvoir estimer la hauteur des petits volcans sous-marins avec une précision d’environ 370 mètres. Dans le total des sommets recensés par ces deux « scans », 27 000 monts sous-marins n’avaient jamais été cartographiés par le sonar. « C’est tout simplement ahurissant », a déclaré David Sandwell, géophysicien marin à la Scripps Institution of Oceanography, qui a participé à l’étude, dans un article de Science.
Comprendre les sommets sous-marins pour cerner le changement climatique
Les chercheurs ont extrait des données de plusieurs satellites, dont le CryoSat-2 de l’Agence spatiale européenne (ESA). Ils ont constaté qu’ils étaient en mesure de détecter des monticules sous-marins d’une hauteur de 1100 mètres, soit la limite inférieure de ce qui constitue un « mont sous-marin », d’après l’article de Science. Ils ont tiré de leur analyse un nouveau « catalogue » recensant ces reliefs. Il s’agit donc du document le plus complet jamais créé sur le sujet. Il a été publié le 6 avril dans la revue Earth and Space Science.
Ces informations sont précieuses pour les scientifiques, car la présence de ces reliefs en dit bien plus long que nous pourrions le penser au premier abord. En effet, l’étude de ces « volcans » sous-marins permet de mieux comprendre les courants océaniques et la tectonique des plaques. Elle nous donne aussi des pistes concernant le changement climatique : « ce sont des agitateurs qui aident à contrôler les flux océaniques à grande échelle responsables de la séquestration de grandes quantités de chaleur et de dioxyde de carbone », explique John Lowell, hydrographe en chef de la National Geospatial-Intelligence Agency (NGA), qui gère les efforts de cartographie par satellite de l’armée américaine, au magazine Science. « Mieux nous comprendrons la forme des fonds marins, mieux nous pourrons nous préparer [au changement climatique] ».
Incroyables oasis de vie pour de nombreuses espèces, ces monts sont aussi fascinants d’un point de vue biologique. Autrement dit, ce catalogue devrait être feuilleté par de nombreux scientifiques de tout poil. « Il y a un tas de choses intéressantes qui se produisent lorsque vous avez une topographie », explique à Science Brian Arbic, un océanographe physique de l’Université du Michigan à Ann Arbor, qui n’a pas été impliqué dans l’étude.