L’année 2023 serait en passe de devenir la plus chaude jamais enregistrée, selon les climatologues. Cette prévision est principalement déduite des records de température successifs enregistrés au cours des derniers mois combinés à l’effet El Niño. Alors que les températures actuelles se situent à 1,4 °C au-dessus des niveaux préindustriels, l’année 2024 risquerait d’être encore plus chaude. À quelques jours de la COP28, les scientifiques lancent une énième alerte dans l’espoir de renforcer les décisions mondiales en faveur du climat.
Au cours des 3 derniers mois, les températures mondiales ont temporairement dépassé le seuil des 1,5 °C au-dessus des niveaux préindustriels. Bien que cela ne signifie pas que l’Accord de Paris n’a pas été tenu, cette rupture risque de se concrétiser à mesure des records de chaleur. Non seulement le mois de septembre 2023 était le plus chaud jamais enregistré, mais il présente également des écarts spectaculaires par rapport aux mêmes mois des années précédentes, depuis 1940. En Europe, les températures à ce mois étaient de 2,51 °C supérieures à la moyenne 1991-2020.
Le mois d’octobre dernier a également été le plus chaud jamais enregistré. Les températures moyennes ont atteint 1,7 °C au-dessus de celles précédant la révolution industrielle. La température moyenne mondiale entre janvier et octobre est aussi la plus élevée, surpassant notamment de 0,1 °C la moyenne sur 10 mois du précédent record (2016). « En tant que climatologue, j’ai l’habitude de dire que ce mois-ci est un nouveau record, mais l’écart par rapport à tout autre record précédent est ce qui est vraiment surprenant », explique Zachary Labe, climatologue à l’Université de Princeton.
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Les experts ont conclu qu’en vue de la persistance des records et des écarts, cette année sera véritablement la plus chaude depuis l’existence des enregistrements météorologiques. Malheureusement, le manque d’actions pérennes en faveur du climat semble suggérer que les alertes concernant l’élévation des températures sont sous-estimées. Or, les températures extrêmes auront des conséquences dramatiques non seulement sur la biodiversité, mais également sur les communautés les plus vulnérables. « C’est pourquoi l’accord de Paris est un traité sur les droits de l’homme et que le fait de ne pas respecter ses objectifs viole les droits de l’homme à grande échelle », estime Friederike Otto, climatologue à l’Imperial College de Londres.
Des températures encore plus élevées pour 2024
Les hausses record de température seraient principalement dues aux émissions toujours croissantes de gaz à effet de serre, ainsi qu’au retour de l’effet El Niño. La chaleur atmosphérique et océanique qui en résulte a considérablement impacté la banquise antarctique, dont la superficie n’a jamais été aussi réduite. Bien qu’il y ait également une tendance de perte à long terme de la banquise arctique, la situation au pôle Sud est différente. En effet, les différences d’étendue n’ont été remarquables qu’à partir de l’année 2016, ce qui intrigue et inquiète à la fois les scientifiques.
En outre, le mois d’août dernier a connu des températures océaniques extrêmes. En débutant au sein d’océans aussi chauds, l’effet El Niño risque d’engendrer des phénomènes météorologiques tout aussi extrêmes. Il est d’ailleurs inquiétant de voir que les températures depuis juin de cette année sont beaucoup plus élevées que celles du second semestre 2015, lorsqu’El Niño était beaucoup plus intense. Celui actuel devant durer au moins jusqu’en avril 2024, les climatologues affirment que l’année prochaine enregistrera des températures encore plus élevées.
Des conséquences dramatiques
Les vagues de chaleur et les sécheresses extrêmes aggravées par les hausses de température ont déjà impacté des millions de personnes à travers le monde. Beaucoup ont déjà été contraints de se déplacer, perdant leurs terres et leurs moyens de subsistance, sans compter les impacts directs sur les plus vulnérables (enfants, personnes âgées et malades).
Afin d’évaluer les impacts à venir sur l’humanité, des scientifiques ont récemment mené une expérience simulant un dôme thermique immergeant la ville de Paris sous des températures de 50 °C. La simulation visait notamment à évaluer comment une telle vague de chaleur pourrait impacter les enfants et les personnes âgées.
Les résultats ont montré que non seulement ces derniers étaient gravement touchés de façon directe, mais que les infrastructures et les systèmes techniques l’étaient également, dont les dispositifs de climatisation et les réseaux de transport. Les experts estiment que Paris devrait connaître de telles températures (similaires à celles de la simulation) d’ici 2032, étant donné que les températures en Colombie britannique (située sur la même latitude) ont déjà atteint 49 °C il y a 2 ans.
Malheureusement, « la différence de température que nous constatons ne suffira pas nécessairement à inciter les gens à agir », estime Lucy Hubble-Rose, directrice adjointe de l’unité d’action climatique de l’University College de Londres (UCL). Selon l’experte, les individus et les organisations ont parfois tendance à subir une sorte de « paralysie d’action », face au changement. Ils peuvent soudainement se désengager et commencer à rejeter les informations qu’ils reçoivent.
Afin de mieux sensibiliser les gens et les engager dans des actions concrètes, des informations explicites concernant les risques globaux et individuels seraient par exemple d’un grand secours, sans oublier les efforts conjoints. Beaucoup d’espoirs dans ce sens reposent désormais sur la COP28.