Des météorites frappent la Terre relativement couramment, et si certaines d’entre elles proviennent des zones les plus profondes de l’espace, d’autres arrivent depuis certaines planètes voisines, Mars étant en tête de liste. Des chercheurs ont récemment découvert que la planète rouge est à l’origine de centaines de météorites ayant frappé la Terre ces dernières années. En effet, l’équipe estime qu’environ 200 des quelques centaines de météorites découvertes ces dernières années proviennent de seulement cinq cratères d’impact spécifiques sur Mars.
En juin dernier, des chercheurs de l’Imperial College de Londres et de l’ETH Zurich en Suisse ont utilisé les données collectées par l’atterrisseur InSight de la NASA pour mesurer la fréquence à laquelle les roches spatiales frappent Mars. Grâce au Seismic Experiment for Interior Structure (SEIS), un instrument embarqué sur InSight, les scientifiques ont constaté que Mars est frappée par environ 280 à 360 météorites chaque année. Ce sismomètre a également permis d’identifier huit cratères d’impact de météorites qui n’avaient jusqu’ici jamais été aperçus depuis l’orbite.
Dans une nouvelle étude publiée dans la revue Science Advances, des chercheurs de l’Université de l’Alberta ont cherché à retracer l’origine de météorites ayant percuté la Terre. De nombreuses tentatives précédentes se sont révélées infructueuses, car elles reposaient sur la technique de correspondance spectrale. Cette méthode, utilisée pour identifier et comparer la composition des matériaux en analysant les spectres lumineux qu’ils émettent ou absorbent, est entravée par la variabilité du terrain et l’étendue de la couverture de poussière. Les résultats obtenus sont ainsi peu fiables et souvent difficiles à interpréter.
Chris Herd, co-auteur de l’étude, professeur de sciences de la Terre et de l’atmosphère et conservateur de la collection de météorites de l’Université de l’Alberta, avec son équipe, a eu recours à une technique de modélisation physique améliorée de Mars. Cette nouvelle approche leur a permis de découvrir qu’environ 200 météorites qui se sont écrasées sur Terre proviennent de seulement 5 cratères d’impact sur Mars. Les chercheurs ont retracé leur origine à Tharsis et à Elysium, les deux régions volcaniques de la planète rouge.
« Nous pouvons maintenant regrouper ces météorites en fonction de leur histoire commune, puis de leur emplacement à la surface avant leur arrivée sur Terre », a déclaré Herd dans un communiqué. Il a également expliqué que cette « avancée majeure », combinant une meilleure compréhension de la dynamique d’éjection avec les données de télédétection, a permis de réviser les calculs précédemment limités.
Vers une meilleure compréhension de la géologie martienne
L’étude de Herd et de ses collègues a également révélé que ces impacts gigantesques ne sont pas les seuls à avoir projeté des débris de météorites dans l’espace. L’équipe a en effet montré que des vitesses d’éjection de seulement 5 km/s, causées par un impact produisant un cratère d’environ 8 km de diamètre, sont suffisantes pour que les débris de roches échappent à la gravité martienne et entrent en orbite, pour finalement se retrouver sur Terre. Selon leur analyse, Mars a subi dix événements de ce type dans un passé récent.
Dans les années 1970-80, un groupe de météorites probablement d’origine volcanique et âgées de 1,3 milliard d’années a été découvert. Cependant, la probabilité qu’elles proviennent d’un corps céleste avec une activité volcanique était considérée comme faible, jusqu’à l’arrivée de l’atterrisseur Viking de la NASA. Pour ce faire, la composition de l’atmosphère de Mars a été comparée avec les gaz piégés trouvés dans les roches. D’un autre côté, cette nouvelle étude de Herd et de son équipe pourrait apporter plus de lumière à ce sujet.
« J’appelle cela le chaînon manquant – pouvoir dire, par exemple, que les conditions dans lesquelles cette météorite a été éjectée ont été remplies par un événement d’impact produisant des cratères entre 10 et 30 kilomètres de diamètre », a expliqué Herd. Selon l’équipe, ces nouvelles données ouvrent la voie à une restructuration de la stratigraphie volcanique martienne. Les chercheurs estiment également qu’une analyse plus poussée des échantillons recueillis les aidera à mieux comprendre la géologie de la planète rouge. « Cela changera fondamentalement la façon dont nous étudions les météorites d’origine martienne », a conclu Herd.