Une étude suggère que l’indice d’inflammation systémique, un test sanguin courant pour un large éventail de maladies, pourrait être utilisé pour diagnostiquer les maladies auto-immunes. Fournissant des informations précises sur les taux de cellules inflammatoires dans le sang, cette méthode pourrait être plus efficace pour diagnostiquer ces affections que les biomarqueurs utilisés actuellement. Les stratégies de prise en charge de ces maladies pourraient ainsi être considérablement améliorées.
Les maladies auto-immunes englobent un large éventail d’affections, allant de la polyarthrite rhumatoïde au diabète de type 1 en passant par la sclérose en plaques, la spondylarthrite ankylosante, le lupus érythémateux disséminé, etc. Elles sont caractérisées par une dérégulation du système immunitaire induisant des attaques répétées de tissus sains de l’organisme. Si elles ne sont pas détectées à temps, les processus inflammatoires enclenchés peuvent engendrer rapidement de graves lésions, provoquant des symptômes débilitants.
Les maladies auto-immunes se manifestent par une dérégulation complexe de diverses voies inflammatoires. Pour les détecter, les médecins s’appuient ainsi principalement sur des biomarqueurs inflammatoires systémiques, tels que la protéine C-réactive (CRP), la sédimentation des érythrocytes (ESR) et la ferritine. Cependant, la précision des diagnostics est limitée à quelques pathologies auto-immunes. L’identification de meilleurs biomarqueurs et de nouvelles stratégies de diagnostic font ainsi l’objet de nombreuses études.
Parmi les stratégies explorées figure la quantification de types spécifiques de cellules sanguines, tels que les neutrophiles, les plaquettes et les lymphocytes. Ces cellules pourraient notamment indiquer la progression de la maladie. Dans cette vision, des chercheurs de l’Université de Flinders (en Australie) suggèrent que l’indice d’inflammation systémique (ou indice d’inflammation immunitaire systémique, SII) pourrait être utilisé pour détecter les premiers signes de ces maladies.
« L’indice SII, qui quantifie les cellules inflammatoires dans le sang, pourrait jouer un rôle clé dans le diagnostic précoce, les stratégies de prise en charge des patients et les initiatives visant à lutter contre les maladies auto-immunes », explique dans un communiqué de l’Université de Flinders, Arduino Mangoni, auteur principal de l’étude, détaillée dans la revue Clinical and Experimental Medicine.
Plus efficace que les biomarqueurs actuels
La SII se traduit par le rapport entre le nombre de neutrophiles multiplié par celui des plaquettes et le nombre de lymphocytes ; SII = (nombre de neutrophiles x nombre de plaquettes)/nombre de lymphocytes. Il est utilisé depuis plusieurs années pour la détection du cancer, des maladies cardiovasculaires et hépatiques, et, plus récemment, pour la COVID-19. Pour cette dernière en particulier, la technique a montré une excellente capacité à prédire les résultats cliniques par rapport aux analyses basées sur d’autres biomarqueurs. « Le SII s’est révélé particulièrement précis dans le diagnostic d’affections caractérisées par une inflammation excessive et une immunité dérégulée, comme la COVID-19 », explique Mangoni.
Mangoni et son collègue de l’Université de Sassari (en Italie) ont effectué une revue systématique et une méta-analyse des études portant sur les évaluations du SII chez des patients atteints de maladies auto-immunes et des témoins sains. L’indice a également été évalué chez les patients présentant une maladie active et ceux en rémission. L’hypothèse est que les personnes malades devraient présenter des valeurs SII significativement plus élevées par rapport aux témoins. D’autre part, les patients présentant une pathologie active présenteraient également un SII plus élevé que ceux en rémission. Des facteurs de variabilité, tels que les paramètres démographiques et les pathologies sous-jacentes, ont également été pris en compte.
L’hypothèse des chercheurs a été confirmée dans une quinzaine d’études, les patients atteints de maladies auto-immunes présentant notamment un SII anormalement élevé. La corrélation est significative pour la plupart des maladies auto-immunes, à l’exception du lupus érythémateux disséminé. En outre, les patients en rémission présentent un SII réduit par rapport à ceux avec une maladie active.
Toutefois, des études plus ciblées seront nécessaires avant de pouvoir confirmer si le SII peut effectivement améliorer le diagnostic des maladies auto-immunes. Néanmoins, « notre étude de toutes les preuves jusqu’à présent confirme qu’il est très probable que le SII soit plus efficace que les biomarqueurs actuellement disponibles et pourrait être utilisé en routine dans la pratique clinique pour diagnostiquer et gérer de manière optimale les patients atteints de maladies immunologiques », conclut Mongani.