Une étape majeure vient d’être franchie dans le domaine de l’imagerie médicale. Le CEA vient de diffuser les premières images de son nouvel appareil IRM. Avec une puissance magnétique de plus de 11 Teslas, les scans obtenus sont largement plus nets comparés à ceux résultant d’autres appareils. Cette prouesse technique permettra aux médecins de proposer une meilleure prise en charge des maladies neurodégénératives et psychiatriques.
Il a fallu 20 ans de recherches et développement au Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA) pour concrétiser le projet Iseult. Il s’agit d’un appareil à imagerie par résonnance magnétique (IRM) revendiqué comme étant « le plus puissant au monde ». Médecins, neuroscientifiques, physiciens et mathématiciens ont mobilisé leurs compétences pour en arriver là. L’imposante machine qu’ils ont conçue pèse 132 tonnes et contient 182 km de fils supraconducteurs. Avec cet appareil, ils ont relevé le pari de fournir les images anatomiques de cerveau les plus détaillées à ce jour, donnant accès à des informations jusque-là inaccessibles.
Avant d’être testé sur des humains, l’appareil d’IRM Iseult a d’abord scanné des citrouilles, il y a de cela quelques années. Pour marquer le début de son utilisation sur des personnes, il a été utilisé sur 20 volontaires sains. Les résultats sont stupéfiants et ont été partagés récemment via un communiqué du CEA.
Un puissant champ magnétique révélant des détails inédits
L’IRM Iseult fonctionne à une puissance magnétique maximale de 11,7 Teslas (T), ce qui est exceptionnellement élevé comparé aux appareils d’IRM conventionnels. Les scanners opèrent généralement à des intensités de champ magnétique beaucoup plus faibles, typiquement autour de 1,5 T et 3 T.
Cette puissance magnétique élevée se traduit par une meilleure qualité d’image. La résolution spatiale des scans est ainsi de 200 micromètres (µm), c’est-à-dire que l’appareil peut identifier deux points distants de seulement 200 µm. Cette haute résolution fournit des images plus structurées et plus précises, permettant aux médecins de mieux les étudier.
La puissance magnétique élevée d’Iseult permet également d’obtenir les images en un temps record (quatre minutes). Avec les appareils conventionnels, le processus dure en moyenne 30 à 45 minutes pour le cerveau. « Nous pouvons produire des images à l’échelle de quelques milliers de neurones, ce qui signifie que, en quelques minutes, nous pouvons obtenir des détails très précis sur l’anatomie du cerveau, ses connexions et son activité », a expliqué Alexandre Vignaud, directeur de recherche au CEA.
Une meilleure compréhension du cerveau
Ce nouvel appareil devrait permettre à terme d’aboutir à une meilleure compréhension des mécanismes cérébraux. Les images peuvent effectivement montrer plus clairement la manière dont le cerveau encode les représentations mentales (pensées, souvenirs, et perceptions), en plus des détails structurels supplémentaires.
Au-delà de la recherche fondamentale sur le cerveau, l’appareil IRM Iseult pourrait aussi aider les médecins dans le diagnostic et le traitement des maladies neurodégénératives. Les images obtenues permettent effectivement d’observer des « signatures chimiques », des indices qui peuvent en dire long sur les conditions neurologiques. Ces informations sont imperceptibles via les IRM classiques. Si les médecins décèlent sur les images des signatures chimiques associées à des maladies neurodégénératives telles qu’Alzheimer ou Parkinson, ils peuvent procéder à un traitement plus précis et ainsi intervenir plus efficacement.
Les images haute résolution permettront également de mieux évaluer l’efficacité de certains médicaments. Elles aideront également à comprendre la manière dont le lithium affecte le cerveau et dont il y est distribué. Cette substance est souvent utilisée comme traitement stabilisateur de l’humeur pour les troubles bipolaires.