Le syndrome de l’intestin/du côlon irritable (SCI) est un trouble fonctionnel du tube digestif très fréquent — il touche environ une personne sur dix dans le monde. En plus de provoquer des douleurs abdominales, des spasmes, de la diarrhée et/ou de la constipation, le SCI peut également entraîner des brûlures d’estomac, des maux de tête et parfois même une fatigue chronique. Ces symptômes se combinent de différentes façons et à des degrés variables. Si certains médicaments sont en mesure de les soulager, opérer des changements diététiques est plus efficace, confirme une récente étude réalisée par des chercheurs de l’Université de Göteborg (Suède).
Le SCI est une maladie gastro-intestinale chronique qui touche environ 5 % de la population française et 10 % de la population mondiale. Généralement, les personnes souffrant de SCI sont contraintes d’éviter au maximum les déclencheurs courants comme la caféine, l’alcool, les boissons gazeuses et les aliments épicés. Dans certains cas, pour soulager des symptômes spécifiques, les médecins peuvent prescrire des médicaments. Récemment, des scientifiques de l’hôpital universitaire Sahlgrenska de Göteborg ont réalisé une étude dont les résultats suggèrent que les interventions diététiques sont plus efficaces (que les médicaments) pour soulager les symptômes du SCI.
Pour parvenir à cette conclusion, les chercheurs ont procédé à la comparaison de l’efficacité de deux traitements diététiques et d’un traitement médicamenteux. L’étude a rassemblé 300 adultes atteints de SCI – présentant des symptômes sévères ou modérés. Ils ont été répartis en trois groupes. Le premier a bénéficié, pendant une période de 4 semaines, d’un régime alimentaire spécifique avec un faible apport en glucides fermentescibles, connus sous le nom de FODMAP (généralement certaines légumineuses, les oignons, les céréales et les produits contenant du lactose).
Le deuxième groupe a bénéficié d’un traitement diététique faible en glucides, mais riche en protéines, en graisses et en fibres. Le troisième groupe quant à lui n’a pas suivi de régime particulier. En revanche, chaque patient a reçu des médicaments en fonction de ses symptômes les plus gênants : des antispasmodiques en cas de douleurs, des laxatifs en cas de constipation et des antidiarrhéiques en cas de diarrhée. Les chercheurs ont ensuite évalué la réaction des participants aux traitements qu’ils ont reçus.
Des changements alimentaires réduisant les symptômes
Les résultats de l’étude, menée par Sanna Nybacka et ses collègues, ont été concluants. « Tous les groupes ont signalé une qualité de vie nettement meilleure, moins de symptômes physiques et moins de symptômes d’anxiété et de dépression », affirme Nybacka dans un communiqué. En revanche, les patients appartenant aux groupes traités par régime alimentaire ont constaté de nettes améliorations de leur état de santé par rapport au groupe traité par médicaments. Selon Nybacka, après un mois d’observation, 76 % des patients ayant suivi des conseils alimentaires traditionnels et un régime faible en FODMAP montraient des symptômes considérablement réduits.
Pour les patients du deuxième groupe, ayant suivi un régime alimentaire riche en protéines et en graisses et faible en glucides, 71 % ont signalé une réduction significative de leurs symptômes, contre 58 % pour le troisième groupe.
À la grande surprise de l’équipe, les avantages apportés par les changements diététiques étaient notables sur le long terme. En effet, au cours des six mois suivant l’étude, c’est-à-dire lorsque les participants ont repris leurs habitudes alimentaires antérieures, la majorité a bénéficié d’une amélioration clinique des symptômes (68 % pour les patients du premier groupe et 60 % pour ceux qui ont consommé très peu de glucides).
Ces résultats montrent également qu’un régime pauvre en glucides, riche en fibres et qui n’exclut pas les aliments avec une faible teneur en FODMAP, était aussi efficace qu’une approche globalement pauvre en FODMAP. « Nous ne pouvons pas fournir de réponses sur les raisons de cela. Il semble que modifier la teneur en glucides et réduire l’apport en FODMAP pourrait être bénéfique », selon Nybacka.
Une solution à long terme ?
Hazel Everitt, professeur à l’Université de Southampton au Royaume-Uni, n’est pas du même avis concernant les résultats de cette expérience. « Le problème avec de nombreux régimes proposés pour le SCI est qu’ils sont très difficiles à maintenir à long terme », a-t-elle déclaré. Elle affirme que les résultats auraient été plus fiables si l’analyse en question avait duré plus longtemps.
« Cette étude montre que le régime alimentaire joue un rôle central dans le traitement du syndrome de l’intestin irritable, mais qu’il existe plusieurs traitements alternatifs efficaces », déclare Nybacka. « Nous avons besoin de plus de connaissances sur la meilleure façon de personnaliser le traitement, et nous allons continuer à étudier si certains facteurs peuvent prédire la façon dont les individus répondent aux différentes options », conclut la diététicienne et auteure principale des travaux.