Les vagues de chaleur et les étés seront plus étouffants que prévu en Europe d’après une étude récemment publiée par l’EPFZ. Paradoxalement, une augmentation de la qualité de l’air en serait à l’origine ! C’est un fait qui semble illogique à première vue, mais qui est relativement cohérent une fois étudié de près. Et selon les experts en météorologie, cette approche n’a pas été correctement prise en compte dans les modèles climatiques régionaux, notamment en Europe.
Au cours des dernières années, la pollution atmosphérique a diminué à l’échelle internationale. Bien entendu, il s’agit d’une bonne nouvelle, notamment pour la santé et le bien-être. Toutefois, il en va autrement pour le changement climatique (sur le court terme uniquement).
Avec le développement des nouvelles technologies d’épuration des gaz d’échappement, la quantité de polluants émis dans l’atmosphère a considérablement chuté. Cependant, ces aérosols (particules polluantes) réfléchissent la lumière du Soleil et aident ainsi à refroidir la planète. En ce sens, lorsqu’ils diminuent, il en est de même en ce qui concerne leur capacité de refroidissement de la Terre.
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Les modèles climatiques régionaux remis en question
L’impact de cette situation se fait particulièrement ressentir en Europe, où les températures, en été, ne cessent de monter depuis 1980. Cette hausse est d’environ 2,3 °C entre juin et août. Si la plupart des modèles climatiques globaux ont noté et enregistré ce changement, cela n’a pas été le cas pour ceux qui se réfèrent à l’Europe occidentale et centrale. Pourquoi ? Cette question a suscité l’intérêt de Dominik Schumacher, auteur principal de l’étude réalisée par l’Institut pour l’atmosphère et les sciences climatiques de l’EPFZ (École Polytechnique Fédérale de Zurich).
En comparant le réchauffement estival observé en Europe entre 1980 et 2022 avec les projections des modèles climatiques mondiaux et régionaux, Schumacher et son équipe ont fait une découverte surprenante. Ils ont constaté que les modèles régionaux sous-estimaient le réchauffement réel de plus de 1 °C en moyenne. « Les modèles ont près de 15 ans de retard sur le réchauffement réel », explique Schumacher.
La raison, selon lui, est que les modèles ne tiennent pas compte des changements dans les schémas de circulation de l’air qui amènent plus de chaleur dans la région. Ainsi, lorsqu’il a exclu les effets de ces changements de circulation, les modèles régionaux se sont rapprochés du réchauffement observé.
Les chercheurs ont ensuite examiné les hypothèses formulées précédemment concernant l’intensité du rayonnement solaire. Ils ont constaté que la plupart des modèles régionaux ne tenaient pas compte du fait que l’intensité augmente en Europe à mesure que les niveaux de polluants atmosphériques diminuent.
D’un autre côté, Schumacher a aussi fait remarquer que les modèles régionaux sont principalement basés sur des concentrations constantes, alors qu’en réalité, elles sont loin d’être stables. « La principale raison pour laquelle ces modèles climatiques régionaux ne parviennent pas à reproduire le réchauffement induit par l’homme est que la plupart d’entre eux supposent que la pollution atmosphérique est constante », a-t-il souligné.
« Si les modèles ne tiennent pas compte de l’évolution de la pollution atmosphérique, ils sous-estimeront l’intensité des futures vagues de chaleur, encore plus qu’ils le font avec le réchauffement estival moyen », poursuit Schumacher. « C’est un problème, car de nombreux pays européens s’appuient fortement sur ces simulations pour planifier l’avenir », a-t-il affirmé. Cela signifie que les modèles régionaux amoindrissent de 2 °C le réchauffement des étés européens d’ici 2100, conclut l’équipe.
Bien entendu, suite à cette étude, les modèles régionaux devraient être modifiés pour enfin tenir compte de cette baisse de pollution atmosphérique. En revanche, comme le souligne Schumacher, « cela prendra du temps ».