Découverte de la plus ancienne épave en haute mer à ce jour (de 3300 ans), au nord d’Israël

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Deux amphores récupérées sur l'épave de 3300 ans. | Emil Alleg/IAA
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En effectuant un repérage sous-marin de routine, une société énergétique a découvert une épave vieille de 3300 ans avec sa cargaison intacte, à 90 kilomètres au large de la côte nord d’Israël. Il s’agirait de l’épave la plus ancienne découverte en haute mer à ce jour. Alors que l’on pensait que les marins de l’époque naviguaient seulement de port en port, cette découverte suggère qu’ils se déplaçaient également loin des côtes.

Lors d’une étude environnementale visant à identifier des gisements sous-marins de gaz naturel, Energean, une entreprise basée à Londres, a repéré, il y a environ un an, un grand amas de cruches entassées au fond de l’eau. Les techniciens de la société ont capturé des images des amphores à l’aide des caméras d’un véhicule (ROV) contrôlé depuis la surface.

En analysant les images, les ingénieurs ont constaté qu’il s’agissait de vestiges très anciens. Ils ont alors envoyé les images à l’Autorité israélienne des Antiquités (IAA). Les entreprises opérant dans la région ont l’obligation de signaler ce type de découverte à l’IAA. Après avoir passé les données en revue, « j’ai failli tomber de ma chaise », a déclaré Yaakov Sharvit, directeur de l’unité d’archéologie maritime de l’IAA, à Haaretz. « Au moment où j’ai réalisé qu’il s’agissait de jarres de l’âge du bronze, j’ai compris qu’il s’agissait d’une découverte très ancienne et importante ».

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Cependant, l’IAA ne disposait pas d’équipements adaptés à l’exploration du site. L’administration a alors effectué une demande à l’entreprise pour mener une mission de récupération des vestiges archéologiques. Après plusieurs mois de planification, le ROV d’Energean a pu récupérer un échantillon de deux amphores, qui a ensuite été confié aux archéologues pour une datation. Il s’est avéré que la cargaison date de 3300 ans, ce qui fait de l’épave qui la transporte la plus ancienne trouvée en haute mer à ce jour.

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Les amphores repérées par le ROV d’Energean, en partie enfouies sous les sédiments. © Energean

Une impressionnante capacité de navigation pour l’époque

Le site en question se trouve à environ 90 kilomètres au nord des côtes israéliennes. Lors de la mission de récupération, le ROV d’Energean est descendu à 1,8 kilomètre de profondeur. Après avoir capturé une vidéo en haute résolution de l’ensemble du site, le dispositif a récupéré deux amphores à double anse pour les ramener en toute sécurité à la surface.

Les archéologues estiment que les jarres datent d’entre 1400 et 1300 avant notre ère, à la fin de l’âge du bronze. Appelées « amphores cananéennes », elles servaient à transporter différentes marchandises, telles que du vin, de l’huile d’olive et d’autres produits agricoles. Les chercheurs estiment que l’épave mesure entre 12 et 14 mètres de long et pouvait en contenir plusieurs centaines. Bien que seules quelques amphores soient visibles sur les images obtenues par l’équipe, il y aurait une deuxième et épaisse couche enfouie sous les sédiments marins. Ces dernières sont d’ailleurs probablement dans un excellent état de conservation.

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Contrôle des opérations de récupération de l’échantillon d’amphores. © Energean

Les découvertes de ce type sont étonnamment rares. En effet, seules deux autres épaves datant de l’âge du bronze ont été mises au jour dans la mer Méditerranée. Toutefois, ces navires ont coulé près des côtes de la Turquie et sont plusieurs centaines d’années plus jeunes que celui-ci. Les chercheurs estiment que ce dernier a été probablement mieux préservé que d’autres en raison du calme relatif à la profondeur où il reposait. En outre, il aurait probablement coulé en raison d’une tempête ou d’une attaque de pirates, une pratique courante à l’époque.

D’autre part, il s’agit de la première fois qu’une épave de l’âge du bronze est découverte aussi loin de la côte. À cette distance, les marins n’ont aucun contact visuel avec le rivage. Les deux précédentes épaves ont été repérées près des côtes, en eaux peu profondes. Cela remet en question l’hypothèse conventionnelle selon laquelle les marins de l’époque naviguaient uniquement de port en port. Selon les experts, ils se référaient probablement à la position des étoiles et du Soleil pour se déplacer en mer.

« Le navire qui vient d’être découvert change la compréhension de la façon de naviguer dans le monde antique : c’est le premier qui a été découvert jusqu’à présent à une si grande distance, qui ne permet aucun contact visuel avec le rivage », a déclaré Sharvit dans un communiqué de l’IAA. « La découverte montre les impressionnantes capacités de navigation des anciens marins », a-t-il ajouté.

Cette découverte jette par ailleurs un nouvel éclairage sur le transport et les échanges maritimes de l’âge du bronze. L’abondance des amphores dans l’épave témoigne notamment d’un commerce maritime florissant entre la Méditerranée et les pays voisins. Prochainement, l’IAA et Energean prévoient une exposition publique temporaire au Musée archéologique national d’Israël, pour présenter leur découverte.

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