Une récente avancée offre de l’espoir aux personnes diabétiques dépendantes des injections quotidiennes d’insuline. Des chercheurs américains ont mis au point une combinaison thérapeutique in vivo capable de régénérer les cellules bêta productrices d’insuline et d’augmenter leur nombre. D’après les scientifiques, cette thérapie pourrait au moins partiellement inverser le diabète de type 1 et de type 2.
Selon la Fédération Internationale du diabète, le diabète de type 2 est désormais qualifié d’épidémie mondiale. En 2019, 463 millions d’adultes âgés de 20 à 79 ans souffraient de la maladie. Et d’après les projections, ce nombre devrait augmenter pour atteindre les 700 millions d’ici 2045. Cependant, des scientifiques du City of Hope (Californie) et du Mount Sinaï (New York) ont réalisé des progrès significatifs qui pourraient changer la donne.
Si les recherches précédentes s’étaient concentrées sur la culture de nouvelles cellules bêta en laboratoire (une méthode qui implique l’utilisation de cellules souches pour générer de nouvelles cellules bêta avant transplantation), l’approche des chercheurs de la nouvelle étude est toute autre. D’après le communiqué officiel, leur technique permet la restauration et l’augmentation des cellules productrices d’insuline in vivo, soit directement dans le corps.
Vers l’élaboration d’une thérapie régénérative des cellules bêta
Les cellules bêta jouent un rôle majeur dans la régulation du taux de sucre dans le sang, par le biais de la production d’insuline. Toutefois, chez les personnes souffrant de diabète de type 1, ces cellules sont endommagées par le système immunitaire. Quant au diabète de type 2, ces dernières ne remplissent plus leur rôle correctement et le corps n’utilise plus efficacement l’insuline. En conséquence, une injection d’insuline (régulière ou quotidienne selon le type de diabète) est souvent indispensable pour gérer la glycémie.
Les stratégies de traitement fonctionnel du diabète par la transplantation de nouvelles cellules bêta chez des patients constituent une option thérapeutique élégante. Toutefois, aucun traitement parmi ceux proposés actuellement n’est en mesure d’inverser complètement la maladie. Ainsi, le Dr Adolfo Garcia-Ocaña, ancien professeur au Mount Sinaï et qui travaille maintenant à City of Hope, et son équipe de recherche, ont décidé de s’y prendre autrement. En tenant compte du fait que la plupart des patients diabétiques possèdent encore des cellules bêta résiduelles, l’équipe a cherché un moyen de restaurer leur nombre.
La nouvelle approche consiste à combiner deux médicaments. Le premier est l’harmine (un composé naturel issu de certaines plantes, qui inhibe l’enzyme DYRK1A dans les cellules bêta). Le second est un agoniste des récepteurs GLP1 (une classe de médicaments contre le diabète qui comprend l’Ozempic). Les scientifiques ont testé cette thérapie en transplantant des cellules bêta humaines chez des souris dépourvues de système immunitaire. Elles ont ensuite reçu des agonistes du récepteur GLP1 et de l’harmine.
L’expérience a révélé que chez les souris avant bénéficié de la thérapie combinée, le nombre de cellules bêta avait augmenté de 700 % dans les trois mois qui ont suivi le traitement. Par suite, les signes de diabète ont disparu rapidement et sont restés stables un mois après l’arrêt du traitement. Garcia-Ocaña a déclaré : « C’est le premier traitement qui augmente le nombre de cellules bêta humaines adultes in vivo. Cette recherche apporte de l’espoir pour de futures thérapies régénératives permettant de traiter des centaines de millions de personnes diabétiques ».
Pour mesurer avec précision la masse des cellules bêta humaines dans des greffons humains (afin de préparer le terrain pour une application clinique in vivo), l’équipe s’est tournée vers la Dr Sarah A. Stanley, professeure de médecine et neurosciences à l’Icahn Mount Sinaï. En utilisant un outil de microscopie laser avancé appelé iDISCO+, elle a constaté que la masse des cellules bêta avait considérablement augmenté grâce à des mécanismes incluant une prolifération, une fonction et une survie améliorées des cellules bêta humaines. Cette technologie a ainsi permis, pour la première fois, une évaluation quantitative précise et rigoureuse des cellules destinées à la greffe.
Les résultats sont prometteurs, mais il reste encore du chemin à faire avant une application clinique. Récemment, l’équipe de Mount Sinaï a terminé un essai clinique de phase I sur l’harmine chez des volontaires sains afin de tester son innocuité. Parallèlement, le Dr Robert J. DeVita, professeur de sciences pharmacologiques, a développé des inhibiteurs de DYRK1A de nouvelle génération qui devraient faire l’objet d’essais cliniques l’année prochaine.
L’équipe expérimentera ainsi bientôt la combinaison de médicaments permettant de régénérer les cellules bêta avec des modulateurs du système immunitaire. D’après les scientifiques, cela pourrait aider à surmonter le défi posé par le système immunitaire, qui attaque les cellules bêta nouvellement produites.