Pendant deux jours consécutifs en ce mois de juillet, la Terre a connu les températures moyennes les plus élevées de l’histoire des relevés météorologiques. Dimanche (21 juillet) dernier a enregistré une température mondiale moyenne de 17,09 °C (contre 17,08 °C pour le record précédent), tandis que le jour suivant (22 juillet) est passé à 17,15 °C. Selon les climatologues, ces températures extrêmes suggèrent que 2024 pourrait détrôner 2023 en tant qu’année la plus chaude jamais enregistrée.
Alors que la température du 21 juillet ne surpasse le précédent record (du 6 juillet 2023) que de 0,01 °C, l’écart avec celle du 22 juillet est étonnamment élevé. La différence des températures entre 2023 et celles des années précédentes est également inquiétante, l’année dernière étant officiellement la plus chaude jamais enregistrée depuis le début des relevés météorologiques. Avant juillet 2023, le précédent record était détenu par le 13 août 2016, qui a enregistré une température mondiale moyenne de 16,8 °C.
« Ce qui est vraiment stupéfiant, c’est l’ampleur de la différence entre la température des 13 derniers mois et les records de température précédents », explique dans un communiqué le directeur du Copernicus Climate Change Service (C3S), Carlo Buontempo. « Nous sommes désormais en territoire véritablement inconnu et, à mesure que le climat continue de se réchauffer, nous sommes obligés de voir de nouveaux records battus dans les mois et les années à venir », ajoute-t-il.
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Selon les climatologues, ces températures ne sont pas vraiment inattendues, car la moyenne mondiale avait déjà atteint des niveaux proches du précédent record au cours des 15 premiers jours de ce mois. D’un autre côté, les pics annuels de température se produisent généralement entre fin juin et début août. L’année dernière, un second pic à 17,05 °C s’est par exemple produit le 4 août. D’autres hausses de température pourraient ainsi être attendues au cours des prochains jours.
Quant à la question de savoir si cette année surpassera 2023, cela dépendra principalement de l’évolution et de l’intensité de la transition actuelle vers l’effet La Niña. Toutefois, alors que ce dernier est censé atténuer les températures mondiales, les 12 derniers mois ont été suffisamment chauds (dépassant à chaque fois le seuil de 1,5 °C au-dessus de la moyenne préindustrielle) pour que cette année soit potentiellement la plus chaude jamais enregistrée. Certains experts estiment d’ailleurs qu’il y a 95 % de chances que 2024 surpasse 2023.
Des anomalies dues à la diminution de la banquise antarctique
Les pics annuels de températures mondiales coïncident toujours avec l’été dans l’hémisphère Nord. Les schémas saisonniers de cet hémisphère déterminent notamment les températures pour l’ensemble du globe. Cela est dû au fait que cette partie de la Terre se réchauffe plus vite en raison de sa plus grande proportion en masse terrestre.
D’un autre côté, les experts suggèrent que cette augmentation de la température mondiale est due à des températures anormalement élevées dans la majeure partie de l’Antarctique. Des anomalies similaires ne seraient pas inhabituelles pendant l’hiver austral et auraient également contribué aux températures record de juillet 2023. En outre, l’étendue de la banquise antarctique est presque aussi faible que celle de l’année dernière à la même période, ce qui entraîne inévitablement des températures nettement supérieures à la moyenne pour de nombreuses régions dans le monde.
Ces températures anormalement élevées sont accompagnées de conditions météorologiques extrêmes. Canicules, inondations, sécheresse et incendies de forêt frappent, parfois simultanément, presque tous les continents. Ces événements concordent avec les prédictions des modèles climatiques, indiquant des phénomènes météorologiques toujours plus intenses à mesure que le climat se réchauffe.
Des averses torrentielles et des inondations catastrophiques se sont par exemple produites dans l’est de la France, tandis que des pluies de mousson et des typhons ravagent l’Asie du Pacifique. Du côté des États-Unis, du Canada et de la Sibérie, les feux de forêt se multiplient en raison de vagues de chaleurs intenses et prolongées. Depuis le mois de juin, ces chaleurs caniculaires ont par ailleurs déjà fait près de 1000 victimes.
Ces vagues de chaleur impactent également la biodiversité de façon durable, en perturbant par exemple leurs aires de répartition et leurs cycles de migration. Cela favorise la prolifération d’espèces envahissantes (comme les moustiques et les méduses) et menace la biodiversité indigène.
Les experts estiment que les impacts seront inévitables et que d’autres records sont à prévoir, à moins que nous parvenions à réduire efficacement les émissions de gaz à effet de serre dans l’atmosphère.