Une étude observationnelle menée par des chercheurs anglais vient de confirmer l’hypothèse selon laquelle la vaccination contre le zona contribue significativement à prévenir la démence. En outre, les résultats indiquent que le nouveau vaccin Shingrix serait plus efficace que l’ancien (Zostavax) pour réduire sa prévalence. Pour parvenir à cette conclusion, l’équipe s’est appuyée sur des données antérieures avant de réaliser une étude sur plus de 200 000 personnes vaccinées entre 2017 et 2020.
Le zona est une maladie causée par la réactivation du virus de la varicelle-zona. Le virus réactivé provoque des éruptions cutanées douloureuses qui apparaissent souvent au niveau du tronc. Dans le monde, une personne sur trois y est confrontée au moins une fois dans sa vie, avec une gravité qui augmente avec l’âge.
En 2022, une équipe de chercheurs de l’Université de Tufts et d’Oxford a réalisé une étude pour mesurer le degré d’implication des virus de l’herpès et de la varicelle-zona dans le déclenchement de la maladie d’Alzheimer. Un an plus tard, Markus Eyting du Heidelberg Institute of Global Health et son équipe ont confirmé l’hypothèse que la vaccination contre le zona réduit le risque de démence. Dans leur étude, ils se sont basés sur des données de personnes non vaccinées et vaccinées — ayant reçu le vaccin Zostavax.
À cette époque, les résultats ont été frappants, mettant en évidence le fait que les individus vaccinés avaient 50 % moins de risque de contracter Alzheimer. En outre, des chercheurs de l’Université d’Oxford suggèrent dans une nouvelle étude que la nouvelle forme de vaccin « recombinante » contre le zona, le Shingrix, serait encore plus efficace pour réduire le risque de démence.
Le Zostavax, la forme « vivante » du vaccin contre le zona, a été introduit sur le marché en 2006. Dès 2017, il a été progressivement abandonné en Angleterre et aux États-Unis, au profit du Shingrix, un vaccin recombinant plus efficace produit par Glaxo-Smith-Kline (GSK). C’est ce passage du Zostavax au Shingrix qui a permis aux chercheurs de réaliser leur étude en comparant les données de près de 208 000 personnes aux États-Unis ayant reçu leur première dose d’un vaccin contre le zona (Zostavax ou Shingrix) entre 2014 et 2020.
Vers une preuve tangible de l’implication du zona dans le risque de démence
Dans le cadre de leur étude, publiée dans la revue Nature Medicine, les chercheurs ont divisé les participants en deux groupes. Dans le premier se trouvaient les individus ayant été vaccinés avec le Zostavax entre octobre 2014 et septembre 2017. Dans le second, ceux ayant reçu le vaccin Shingrix, entre novembre 2017 et octobre 2020. L’équipe a alors suivi de près les participants de chaque groupe pendant six ans.
Les scientifiques ont également comparé le groupe Shingrix à un autre groupe ayant reçu des vaccins contre d’autres maladies infectieuses, telles que la grippe, la diphtérie et la coqueluche. En comparant la prévalence des diagnostics de démence dans les deux premiers groupes, l’équipe a constaté que les participants ayant reçu l’injection Shingrix avaient un risque de démence de 17 % inférieur au groupe Zostavax. Même si ces résultats ont été observés autant chez les hommes que chez les femmes, les avantages étaient plus importants (d’environ 9 %) chez les femmes. Le professeur Paul Harrison, qui a participé à l’étude, a déclaré : « Même s’il s’agit d’un retard de 164 jours, par exemple, au niveau de la santé publique, ce ne serait pas une conclusion anodine ». Cette réduction est de 27 % comparée au groupe ayant reçu un vaccin contre d’autres infections.
Quand le vaccin Zostavax a été introduit dans plusieurs pays il y a environ 18 ans, des chercheurs avaient déjà estimé qu’il pourrait aider dans la protection contre la démence. Cependant, pour obtenir des preuves permettant de confirmer cette hypothèse, il a fallu attendre au moins 10-15 ans. Le Dr Sheona Scales, de l’association caritative Alzheimer’s Research UK, a avancé : « Cette recherche, menée sur un grand groupe de personnes, suggère que les individus ayant reçu le vaccin Shingrix contre le zona pourraient avoir un risque réduit de démence ».
De son côté, John Todd a déclaré : « Une question clé est de savoir comment le vaccin produit son bénéfice apparent en matière de protection contre la démence. Une possibilité est que l’infection par le virus de l’herpès zoster augmente le risque de démence et, par conséquent, en inhibant le virus, le vaccin pourrait réduire ce risque. Alternativement, le vaccin contient également des produits chimiques qui pourraient avoir des effets bénéfiques distincts sur la santé cérébrale ». « S’ils sont validés par des essais cliniques, ces résultats pourraient avoir des implications significatives pour les personnes âgées, les services de santé et la santé publique », conclut le Dr Maxime Taquet, co-auteur de l’étude.