Ford souhaite breveter un système signalant automatiquement les excès de vitesse à la police

Les véhicules équipés pourraient signaler les excès de vitesse des autres véhicules.

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La Ford Motor Company a déposé une demande de brevet pour un système de caméras et de capteurs permettant aux véhicules de signaler les excès de vitesse des autres voitures. Les informations telles que la vitesse ainsi que la localisation GPS seraient directement transmises à la police locale, facilitant ainsi la surveillance routière pour les forces de l’ordre. Cela soulève des questions quant à la confidentialité des données, auxquelles l’entreprise a précédemment déjà fait l’objet de controverse.

À l’heure actuelle, les automobilistes sont soumis à une surveillance accrue en cas d’excès de vitesse ou d’autres infractions au Code de la route. Cette surveillance a été favorisée par les technologies de radars ultraperformants et de caméras jalonnant les routes. Dans les pays où ces technologies sont largement utilisées, il est désormais presque impossible de griller un feu rouge, de rouler trop rapidement en cas de travaux routiers, de circuler sur les voies destinées aux bus, de stationner sur les places dédiées aux handicapé(e)s, etc. sans risquer d’être sanctionné.

En outre, des caméras nouvelle génération alimentées par l’IA peuvent désormais repérer les conducteurs utilisant leurs téléphones au volant, ne portant pas de ceinture ou effectuant d’autres tâches susceptibles de les distraire de la conduite de leur véhicule et de les mettre en danger.

Plusieurs modèles d’automobiles récents sont également équipés de systèmes d’assistance intégrés visant à en améliorer la sécurité. En Europe, il est par exemple obligatoire que toutes les voitures neuves soient équipées de fonctions d’assistance intelligente pour le contrôle de la vitesse. Cela permet à la voiture de ralentir automatiquement jusqu’à atteindre la limite de vitesse légale, ou d’obliger le conducteur à ralentir de lui-même à l’aide de signaux sonores ou de vibrations devenant toujours plus désagréables à mesure que la vitesse légale est dépassée.

Avec son nouveau brevet, Ford cherche à élargir ces panels de contrôle de vitesse. Cependant, le brevet vise à détecter les infractions des autres automobilistes plutôt que celles du véhicule de contrôle lui-même — un aspect un tantinet intrusif qui suscite inévitablement l’inquiétude concernant la confidentialité de ce type de données.

Un système pour faciliter le travail des forces de l’ordre ?

Intitulé « Systèmes et méthodes de détection des excès de vitesse », la demande de nouveau brevet a été déposée le 12 janvier 2023 auprès de l’Office américain des brevets et des marques (USPTO) et publiée par ce dernier le 18 juillet dernier. Il comporte une série de croquis montrant comment les véhicules pourraient utiliser un système de caméras et de capteurs intégrés pour détecter ceux en excès de vitesse et signaler l’infraction aux autorités.

Plus précisément, lorsqu’un véhicule équipé du système détecte un autre roulant au-dessus de la vitesse autorisée, il utilise ses caméras pour capturer des images. Il transmet ensuite un rapport comprenant à la fois les images, les données de vitesse et les coordonnées GPS du véhicule en infraction aux voitures de police les plus proches. Les informations peuvent aussi être stockées sur un serveur en attendant d’être envoyées. Les autorités se chargeront ensuite de la procédure à suivre.

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Schéma tiré de la demande de brevet de Ford montrant comment le système permettant aux voitures de surveiller et de signaler les excès de vitesse pourrait fonctionner. © Ford Motor Company

Selon Ford, ces nouvelles fonctions visent à faciliter le travail des forces de l’ordre et pourraient aussi être intégrées aux véhicules autonomes. Dans cette vision, la technologie serait en premier lieu destinée aux véhicules que le constructeur vend à la police, selon un porte-parole de l’entreprise.

Toutefois, le brevet ne précise pas de manière explicite si le système pourrait être intégré aux voitures de sa marque destinées aux particuliers, ou s’il pourrait être appliqué à d’autres véhicules comme ceux touristiques ou utilitaires (comme les taxis). D’autre part, étant donné que les agents de police ne seront pas présents pour constater eux-mêmes les infractions, on ne sait pas quel argument juridique l’entreprise pourrait utiliser pour déployer cette technologie.

Un risque pour la confidentialité des données

D’un autre côté, des experts en protection des données estiment que la technologie pourrait présenter des risques. « Donner aux consommateurs la possibilité de se signaler mutuellement aux forces de l’ordre pour excès de vitesse est assez dystopique », explique Jeff Jockisch, expert en courtage de données et cofondateur de la société de recherche et de protection des données ObscureIQ, à The Record. « Et c’est une pente glissante avec la technologie [de Ford]. C’est une très mauvaise idée », estime-t-il.

Il est d’ailleurs important de savoir que bien qu’il reste l’un des principaux fournisseurs automobiles en Occident, Ford a précédemment été impliqué dans une controverse concernant la confidentialité et l’utilisation des données des conducteurs automobiles. L’entreprise a déjà vendu des données sur les habitudes de conduite à des courtiers tels que LexisNexis et Verisk et que ces derniers revendent ensuite à des compagnies d’assurance. La nouvelle technologie proposée pourrait elle aussi potentiellement être utilisée à cette fin.

Néanmoins, le brevet pourrait en fin compte ne pas être obtenu, à l’instar de ceux précédemment proposés et abandonnés en cours de route par le constructeur. L’un d’eux concernait par exemple un système qui prendrait automatiquement le contrôle du véhicule si le propriétaire est en retard dans ses paiements.

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