Le secteur technologique subit une vague de licenciements sans précédent depuis le début de l’année 2024. Dès les premiers mois de l’année, les entreprises américaines, allant des startups aux géants de la Silicon Valley, ont enregistré au total plus de 50 312 suppressions de postes, selon le site Layoffs.fyi. Une tendance inquiétante qui se poursuit avec l’essor de l’intelligence artificielle et les objectifs de réduction des coûts qu’elle motive. Face à cette situation, un professeur de programmation de l’Université de Berkeley a fait part de ses préoccupations quant à l’avenir incertain des nouveaux diplômés, même les plus brillants affichant une moyenne générale parfaite de 4,0.
L’impact grandissant de l’IA sur l’avenir de nombreux secteurs d’activité suscite de vives inquiétudes. Dans le domaine de l’informatique, les emplois ne constituent plus la valeur sûre d’autrefois. Meta, Amazon, Microsoft, Alphabet et eBay figurent parmi les entreprises ayant réduit leurs effectifs ces derniers mois. Alors que des professionnels de la tech se retrouvent au chômage, les nouveaux diplômés font face à un obstacle majeur : une chute vertigineuse des offres d’emploi.
Une situation que le professeur James O’Brien de l’Université de Berkeley qualifie d’alarmante. Dans une publication sur LinkedIn, il déclare que même avec une moyenne générale (GPA) parfaite de 4,0, les jeunes diplômés peinent à trouver un emploi. « Des étudiants exceptionnels, comme ceux ayant une moyenne de 4,0 dans leur spécialité, me contactent avec inquiétude, car ils n’ont reçu aucune offre », déclare O’Brien.
Sa publication fait suite à une étude du Wall Street Journal relatant la détresse d’un chercheur d’emploi qui avait décidé de publier des QR codes menant à son profil LinkedIn devant les sièges sociaux de géants de la tech tels que Facebook et Google. Ce rapport du Wall Street Journal met en lumière la pénurie d’offres d’emploi dans le secteur technologique. Dans son post, O’Brien évoque que ses étudiants font face à ce même problème. Il souligne : « Je pense que cette tendance est irréversible et qu’elle s’inscrit probablement dans une dynamique plus large touchant presque tous les secteurs d’emploi ».
Des prévisions d’embauche en baisse pour les nouveaux diplômés
L’affirmation d’O’Brien est corroborée par les résultats d’une enquête de la National Association of Colleges and Employers, révélant une baisse de 6 % des prévisions d’embauche des nouveaux diplômés cette année, par rapport à 2023. La situation est d’autant plus critique pour les emplois moins qualifiés. En outre, un rapport de la Federal Reserve Bank of New York indique que 40 % des nouveaux diplômés sont actuellement sous-employés.
Roger Lee, fondateur de la plateforme Layoffs.fyi, a indiqué en mars dernier que les professionnels avec plusieurs années d’expérience font face à cette même problématique. Il a déclaré : « Même les ingénieurs font des compromis : ils acceptent des postes moins stables, un environnement de travail plus difficile ou des salaires et avantages sociaux inférieurs ». Lee a également affirmé que les salaires dans le secteur technologique ont stagné au cours des deux dernières années.
Avec plus de 130 000 postes supprimés depuis le début de cette année, toujours selon Layoffs.fyi, le marché du travail est au bord de la crise. O’Brien a déclaré : « Je déteste dire cela, mais une personne qui commence ses études aujourd’hui pourrait se retrouver diplômée dans quatre ans dans un monde où les possibilités d’emploi sont très limitées ». Il a conclu : « Nous devrions agir dès maintenant pour remédier à cette situation ».