Lorsqu’une personne est victime d’un arrêt cardiaque extra-hospitalier, chaque seconde compte. Dans ce contexte, l’utilisation rapide d’un défibrillateur est cruciale. Le taux de survie en cas de défibrillation immédiate est d’environ 75 %. Cependant, une étude récente révèle que la position des électrodes de défibrillation peut augmenter les chances de survie de 264 %, en optimisant l’efficacité du choc. Cette découverte pourrait ainsi considérablement améliorer la prise en charge des arrêts cardiaques extra-hospitaliers.
Chaque année en France, près de 50 000 personnes succombent à un arrêt cardiaque (AC). L’asystolie et la fibrillation ventriculaire sont les deux principaux mécanismes d’un AC. Dans l’asystolie, l’absence d’impulsions électriques empêche les ventricules du cœur de se contracter. Cette condition est difficilement réversible et, bien que la circulation sanguine soit rétablie dans 30 % des cas, seulement 10 % des patients survivent. En revanche, lors d’une fibrillation ventriculaire, le rythme cardiaque est perturbé, provoquant des contractions désordonnées des fibres musculaires du cœur. Dans de tels cas, une défibrillation rapide peut restaurer le rythme cardiaque normal.
En moyenne, au-delà de 3 minutes d’AC, les chances de survie diminuent de 10 % par minute sans intervention d’urgence. « Plus votre cerveau est privé de sang longtemps, moins vous avez de chances de vous en sortir », a déclaré dans un communiqué le Dr Joshua Lupton, professeur adjoint de médecine d’urgence à l’Oregon Health and Science University (OHSU) et auteur principal de l’étude.
Généralement, lorsqu’une personne subit un arrêt cardiaque, les électrodes de défibrillation sont placées en position antéro-latérale (AL), en bas à gauche et à droite de la poitrine, pour délivrer une décharge électrique. Cependant, l’étude observationnelle menée par Lupton et ses collègues de l’OHSU suggère que la position antéro-postérieure (AP) des électrodes de défibrillation (une sur la poitrine et l’autre dans le dos) améliore considérablement la récupération de la circulation sanguine spontanée chez une personne en AC avec rythme choquable.
Une chance de survie 2,64 fois plus élevée
Pour réaliser leur étude, les chercheurs se sont basés sur les données du registre épidémiologique des arrêts cardiaques de Portland, collectées de juillet 2019 à juin 2023. Les patients inclus souffraient soit d’une fibrillation ventriculaire, soit d’une tachycardie ventriculaire sans pouls, deux conditions associées aux rythmes cardiaques dits « choquables ».
Les données de 255 patients au total ont été collectées, puis analysées à l’aide de modèles statistiques afin de classer les résultats en fonction de plusieurs facteurs, notamment l’âge, le sexe, le poids et le délai entre l’AC et l’intervention médicale. Les chercheurs ont également relevé le positionnement des électrodes du défibrillateur (soit à l’avant et sur le côté, soit à l’avant et à l’arrière) ainsi que les résultats après l’intervention.
Dans les résultats publiés sur JAMA Network Open, les chercheurs ont constaté que sur les 255 patients en AC extra-hospitalier, 97 (soit 38 %) ont reçu une défibrillation en position antéro-latérale (AL), tandis que 158 (soit 62 %) ont été traités en position antéro-postérieure (AP). Ils ont rapporté que les patients ayant bénéficié d’un placement AP des électrodes avaient un retour à une circulation spontanée 2,64 fois plus élevé. Les résultats montraient un taux de 46,8 % pour l’AP contre 23,3 % pour la cohorte AL.
Ces résultats suggèrent que la position AP des électrodes de défibrillation optimise la transmission de la charge électrique. « En plaçant les électrodes de cette manière, nous ciblons plus efficacement le cœur. Le courant traverse l’organe de part en part, maximisant les chances de défibrillation réussie », déclarent les chercheurs. Toutefois, même si ce positionnement garantit une réanimation plus efficace, il n’est pas toujours possible de le réaliser, notamment dans le cas d’un patient en surpoids. « Il peut être difficile de déplacer certaines personnes », souligne le Dr Mohamud Daya, professeur de médecine d’urgence à l’OHSU et co-auteur de l’étude.
« Les secouristes peuvent souvent le faire, mais le grand public n’est pas toujours en mesure de déplacer une personne. Il est également crucial de fournir le courant électrique le plus rapidement possible », a ajouté Daya. Bien que les résultats soient prometteurs, des essais randomisés à plus grande échelle sont nécessaires pour les confirmer. Quoi qu’il en soit, Lupton, qui a lui-même survécu à un AC grâce à une défibrillation rapide, affirme être agréablement surpris par les résultats. « Le fait que nous ayons constaté cette différence pourrait inciter la communauté médicale à financer des recherches supplémentaires pour en savoir plus », conclut-il.