Des chercheurs découvrent un homme à trois pénis

Âgé de 78 ans, il constitue le deuxième cas de triphallie connu à ce jour.

Des chercheurs découvrent un homme atteint d une anomalie congénitale rare avec trois organes génitaux
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Lors d’une dissection post-mortem réalisée sur un homme ayant fait don de son corps à la science, des étudiants en médecine du Royaume-Uni ont découvert une anomalie congénitale extrêmement rare : la triphallie, caractérisée par la présence de trois pénis. L’étude révèle que les organes génitaux externes (visibles) étaient quant à eux normaux, suggérant que cet homme a vécu sans jamais soupçonner la singularité de son anatomie. Il s’agirait du tout premier cas adulte étudié en profondeur.

Environ un enfant sur cinq millions naît avec deux pénis, une anomalie congénitale appelée diphallie. Depuis sa reconnaissance dans le domaine médical, environ cent cas ont été rapportés au cours des quatre derniers siècles, le premier ayant été signalé en 1659. Parmi les cas de diphallie documentés dans la littérature scientifique, deux configurations principales sont souvent observées : une duplication intégrale où chaque pénis possède deux corps caverneux et un corps spongieux ou deux pénis avec un seul corps caverneux.

La triphallie est encore plus rare que la diphallie. Jusqu’ici, un seul cas avait été recensé dans le monde. Cette anomalie génétique a été signalée pour la première fois en 2020 chez un bébé irakien âgé de trois mois. Dans le rapport, publié dans la revue National Library of Medicine, les médecins ont noté que les deux phallus supplémentaires étaient situés à la racine du pénis principal pour le premier et sous le scrotum pour le second. Aucun de ces deux phallus ne présentait d’urètre interne.

Si la diphallie peut résulter de mutations génétiques, l’origine de la triphallie reste indéterminée. En effet, la mère de l’enfant kurde n’avait aucun antécédent médical familial et n’a pas été exposée à des substances nocives durant sa grossesse. La récente découverte, par des étudiants de l’Université de Birmingham (Royaume-Uni), pourrait cependant éclairer de nouvelles pistes pour mieux comprendre cette pathologie.

Le rapport, publié récemment dans le Journal of Medical Case Reports, indique qu’avant la dissection, les organes génitaux semblaient normaux de l’extérieur. Une inspection approfondie a révélé la présence de deux phallus surnuméraires dans le scrotum. Le premier était relié au même urètre que le pénis « principal » et comporte les trois principaux tissus génitaux masculins : un corps caverneux, un corps spongieux et un gland. Le second, plus petit, a des caractéristiques anatomiques différentes et est dépourvu de corps spongieux et d’urètre.

« Chaque pénis présentait ses propres corps caverneux et gland », écrivent les chercheurs dans le rapport. Ils ajoutent : « Le pénis principal et le plus grand des pénis surnuméraires partageaient un seul urètre, qui traversait le pénis secondaire avant de passer par le pénis principal ».

pénis surnuméraires
Pénis primaire, secondaire et tertiaire étiquetés respectivement 7, 6 et 5. © Journal of Medical Case Reports

Vers une meilleure compréhension de la triphallie

En général, les organes génitaux masculins commencent à se développer dans l’utérus à partir de la quatrième semaine de gestation. Selon les chercheurs, il est probable que des anomalies génétiques soient apparues lors de cette phase, affectant l’expression des récepteurs responsables de la transcription des androgènes. Ils expliquent dans leur étude : « Le pénis se développe à partir du tubercule génital et est contrôlé par la dihydrotestostérone ». Ces mutations ont pu provoquer des anomalies morphologiques telles qu’une triplication du tubercule génital.

Triphallie
Schéma de la coupe transversale sagittale du bassin issu de l’étude. La disposition des triphélies est visible ci-dessus. Le diagramme peut être étiqueté comme suit : 1. symphyse pubienne, 2. canal déférent, 3. épididyme, 4. testicule, 5. peau, 6. pénis tertiaire, 7. corps caverneux du pénis tertiaire, 8. gland du pénis tertiaire, 9. corps spongieux du pénis secondaire, 10. pénis secondaire, 11. corps caverneux du pénis secondaire, 12. gland du pénis secondaire, 13. voie urétrale, 14. corps spongieux du pénis primaire (en continuité avec le gland), 15. corps caverneux du pénis primaire, 16. gland du pénis primaire, 17. orifice urétral, 18. pénis primaire, et 19. tissu conjonctif. © Journal of Medical Case Reports

L’équipe de recherche avance que le tube urinaire du sujet s’était initialement développé dans le pénis secondaire. Ils ajoutent que « lorsque ce pénis n’a pas réussi à se développer, l’urètre a dévié son trajet et s’est développé dans le pénis primaire à la place ». Les chercheurs ont aussi souligné qu’en l’absence d’anomalie extérieure visible, l’homme aurait pu vivre sans se douter qu’il avait une triphallie. Cependant, l’analyse du tissu inhabituel des pénis surnuméraires suggère qu’ils lui ont probablement causé divers problèmes médicaux.

En effet, lors de la dissection, les chercheurs ont constaté une chirurgie antérieure pour une hernie inguinale, procédure impliquant l’usage d’un cathéter. L’état tortueux de l’urètre laisse penser que plusieurs tentatives ont été nécessaires pour insérer le cathéter. Ils avancent également que l’homme souffrait probablement de dyspareunie (des douleurs génitales lors des rapports sexuels), en raison des potentielles érections des pénis surnuméraires.

L’équipe a aussi émis l’hypothèse que le sujet avait peut-être constaté sa pathologie sans en subir de symptômes apparents, ce qui aurait pu le laisser intact. Bien que cette étude soit la première réalisée sur un adulte atteint de triphallie, les chercheurs n’ont pas pu approfondir davantage leurs analyses, limités par les lois locales régissant le don de corps. Les antécédents médicaux du sujet restant inconnus, les résultats suggèrent cependant que la pollyphallie pourrait être plus courante qu’on ne le pense.

Source : Journal of Medical Case Reports

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