Un rapport alarmant de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) publié en mars révèle des chiffres préoccupants sur l’obésité mondiale. D’après ce dernier, en 2022, près d’un milliard de personnes étaient concernées par la maladie, soit deux fois plus qu’en 1990. Cette évolution place la lutte contre l’obésité au cœur des préoccupations sanitaires. Une étude récente menée par des chercheurs danois, explorant une approche ciblant un récepteur jusqu’ici peu étudié, montre des résultats très prometteurs. Selon les auteurs, cette avancée pourrait ouvrir la voie à un traitement sans effets secondaires (tels que la perte de masse musculaire ou la nausée) contre l’obésité et le diabète de type 2.
Ces dernières années, de nombreux traitements contre le surpoids ont fait leur apparition sur le marché, ceux reposant sur l’hormone incrétine GLP-1 se distinguant par leur efficacité. Parmi les plus prisés figurent les traitements contenant du sémaglutide et du tirzépatide, qui se révèlent non seulement efficaces pour la perte de poids, mais également pour améliorer la fonction rénale. Ces traitements contribuent aussi à réduire les risques d’accident cardiovasculaire et de maladies neurodégénératives.
Parmi les médicaments à base de GLP-1 figure le Wegovy de Novo Nordisk, récemment autorisé à la vente en France. Selon les essais cliniques, ce traitement injectable permettrait une perte de poids moyenne de 15 %. Cet engouement sur le marché français s’explique par sa capacité, en tant qu’agoniste des récepteurs GLP-1, à diminuer l’appétit en augmentant la sensation de satiété.
Cependant, bien que ces médicaments aient montré des résultats positifs dans les études cliniques, ils ne sont pas dépourvus d’effets secondaires, tels que nausées et vomissements. Le Wegovy, en particulier, est susceptible de provoquer une reprise de poids rapide après l’arrêt du traitement. Pour pallier ces problèmes, des chercheurs de l’Université de Copenhague se concentrent sur le développement d’un nouveau type de traitement efficace pour les 380 millions de personnes souffrant d’obésité et de diabète de type 2 à travers le monde.
« Bien que les thérapies basées sur le GLP-1 aient transformé les soins pour les patients souffrant d’obésité et de diabète de type 2, maîtriser la dépense énergétique et contrôler l’appétit sans nausées demeurent des objectifs clés », explique le professeur Zach Gerhart-Hines du Centre de recherche métabolique de base de la Fondation NNF (CBMR) à l’Université de Copenhague, dans un communiqué. Les chercheurs ont ainsi développé une approche ciblant le récepteur de la neurokinine 2 (NK2R).
Une méthode efficace et sûre pour une perte de poids rapide
L’équilibre entre l’énergie consommée et dépensée est fondamental pour déterminer le poids corporel. Une consommation calorique excédant les dépenses entraîne une prise de poids, tandis qu’un déficit calorique conduit à une perte de poids. Les traitements à base d’incrétine ont été conçus pour réduire l’appétit sans brûler de calories. L’enjeu est donc de savoir si l’on peut augmenter la dépense calorique au repos tout en réduisant l’appétit, sans effets secondaires. Partant de cette idée, Gerhart-Hines et son équipe ont exploré le potentiel de l’agonisme du récepteur NK2R.
Pour commencer, les chercheurs ont étudié l’effet de l’activation du récepteur NK2R sur des modèles murins. Des tests génétiques ont révélé que ce récepteur joue un rôle dans l’équilibre énergétique et le contrôle de la glycémie. « L’activation du récepteur a non seulement augmenté la combustion des calories en toute sécurité, mais a également réduit l’appétit sans aucun signe de nausée », ajoute Frederike Sass, doctorante au CBMR de l’Université de Copenhague.
Encouragée par ces résultats, l’équipe a mené des essais sur des primates en surpoids et diabétiques (de type 2). Cette seconde phase a montré que l’activation du récepteur NK2R entraînait une perte de poids notable, une meilleure sensibilité à l’insuline ainsi qu’une diminution des taux de sucre sanguin, de triglycérides et de cholestérol. La prochaine étape est les essais cliniques. « Cette découverte pourrait contribuer au développement d’une nouvelle génération de thérapies, potentiellement plus efficaces et mieux tolérées… », conclut Gerhart-Hines.