L’extrait de champignon de Paris ralentit la croissance du cancer de la prostate, selon une étude

Les résultats révèlent une augmentation notable de la réponse immunitaire aux cellules tumorales.

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Une étude révèle que l’extrait de champignon de Paris ralentit la croissance du cancer de la prostate et améliore la réponse immunitaire aux cellules tumorales. Des essais sur des souris et des patients humains ont montré que l’extrait réduit significativement la concentration de cellules spécifiques liées à la prolifération des cellules cancéreuses. À terme, ce nutraceutique pourrait être utilisé en complément des stratégies traditionnelles de traitement et de prévention.

Les nutraceutiques désignent des aliments possédant des propriétés médicinales. Alors que leurs bienfaits sur la santé sont généralement reconnus depuis longtemps dans la médecine traditionnelle, leur exploration dans la médecine occidentale est relativement récente. Dans le cadre de la recherche de traitements contre le cancer, City Hope, l’un des centres de recherche américains les plus importants à cet effet, explore par exemple les effets de nombreux ingrédients tels que l’extrait de pépins de raisin, la grenade, les myrtilles, le jamun et les champignons de Paris.

« Nous constatons que les substances dérivées des plantes pourraient un jour être utilisées pour soutenir les pratiques traditionnelles de traitement et de prévention du cancer », explique dans un communiqué Shiuan Chen, professeur au département de biologie du cancer et de médecine moléculaire de City of Hope et auteur correspondant de la nouvelle étude sur les champignons de Paris.

Les champignons de Paris (Agaricus bisporus) sont les champignons comestibles les plus cultivés au monde. Bien que ses propriétés anti-cancéreuses soient reconnues, les mécanismes exacts sous-tendant ces propriétés sont en grande partie incompris. Les preuves soutenant l’utilisation de produits dérivés de champignons en tant qu’agents anti-cancéreux sont pour la plupart anecdotiques et ne font pas l’objet d’expérimentations scientifiques rigoureuses. La nouvelle étude de Chen et ses collègues apporte des éléments très intéressants concernant les processus biomoléculaires par le biais desquels les champignons de Paris pourraient contribuer à la lutte contre le cancer.

Une réduction notable du volume tumoral

Chen et son équipe ont effectué des essais cliniques de phase 1 dans le cadre d’une précédente étude, afin d’évaluer les effets de l’extrait de champignon de Paris. Le médicament a été administré sous forme de comprimé chez 36 patients souffrant de cancer de la prostate récurrent. Le traitement a réduit le taux d’antigène prostatique spécifique (PSA) – un biomarqueur utilisé pour le diagnostic du cancer de la prostate – chez 13 patients sans affecter les taux sanguins de testostérone. Le composé présentait également un profil de faible toxicité.

La nouvelle étude — détaillée dans la revue Clinical and Translational Medicine – visait à explorer les réponses immunitaires induites par l’extrait de champignon de Paris par le biais d’essais sur des modèles murins et des patients humains atteints de cancer de la prostate. Les chercheurs se sont particulièrement concentrés sur les cellules suppressives dérivées des myéloïdes (MDSC), un type spécifique de cellules s’accumulant dans le microenvironnement tumoral et inhibant l’activité des autres cellules immunitaires, telles que les cellules T cytotoxiques et les cellules « natural killers » (NK).

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(A) Illustration schématique du modèle prophylactique de xénogreffes tumorales sous-cutanées chez des souris traitées avec du PBS (tampon phosphate salin) ou de l’extrait de champignon de Paris (WBM) (6 mg/souris/jour) selon le calendrier indiqué. Courbes de croissance tumorale individuelle (B, C) et cumulative (D) après l’application du traitement. (E) Les courbes de survie montrent le temps nécessaire pour atteindre un volume tumoral de 600 mm3 dans le modèle prophylactique. (F) Illustration schématique du modèle thérapeutique de xénogreffes tumorales sous-cutanées chez des souris traitées avec du PBS ou de l’extrait de WBM (6 mg/souris/jour) selon le calendrier spécifié. Les graphiques linéaires montrent (G, H) les taux de croissance tumorale individuels et (I) moyens après des traitements spécifiés. (J) Les courbes de survie montrent le temps nécessaire pour atteindre un volume tumoral de 600 mm3 dans le modèle thérapeutique.  © Xiaoqiang Wang et al.

La diminution du taux et de l’activité des MDSC favoriserait ainsi l’immunité anticancéreuse. « Bien que certains médicaments soient conçus et développés dans ce domaine, les interventions nutraceutiques pourraient être une approche utile compte tenu de leurs effets secondaires minimes », explique l’équipe dans son document.

Chez les souris, l’extrait a été évalué à la fois dans le cadre d’un traitement prophylactique et thérapeutique. Dans le premier cas, le traitement a été administré 7 jours avant que des cellules tumorales aient été inoculées aux animaux (xénogreffe). Dans le second cas, le médicament a été administré à une dose unique quotidienne chez des modèles présentant déjà des tumeurs à la prostate.

Dans le cadre du traitement prophylactique, le médicament retardait considérablement la croissance tumorale et prolongeait la survie des souris. À titre thérapeutique, l’extrait a rétréci le volume des tumeurs et maintenu cette taille réduite par rapport au groupe témoin. La durée de vie globale des animaux a également été améliorée.

Le médicament a en outre considérablement réduit les niveaux et l’activité des MDSC chez l’ensemble des animaux traités. Cela était corrélé à une augmentation des lymphocytes T et une amélioration de la réponse immunitaire médiée par ces derniers. Un effet similaire a été observé chez les patients humains après 3 mois de traitement, ainsi qu’une plus forte activité des cellules NK.

Bien que ces résultats apparaissent encourageants, les chercheurs mettent en garde contre l’automédication ou le fait de se lancer dans un régime alimentaire spécifique sans consulter l’avis d’un professionnel. Des compléments alimentaires et des extraits de champignons de Paris sont disponibles dans le commerce, mais la plupart ne respectent pas la procédure conventionnelle d’approbation par les autorités sanitaires.

« Notre étude souligne l’importance de demander conseil à un professionnel pour garantir la sécurité et éviter de s’auto-prescrire des compléments sans consulter un professionnel de la santé », précise Xiaoqiang Wang, docteur en médecine au City of Hope et auteur principal de l’étude. « Bien que nos recherches aient donné des résultats préliminaires prometteurs, l’étude est en cours et nécessitent des études supplémentaires pour confirmer ces résultats. », ajoute-t-il. Néanmoins, il n’y aurait pas de problèmes à ajouter davantage de champignons de Paris frais dans l’alimentation quotidienne. La prochaine étape de l’étude consiste à déterminer si la baisse de MDSC est associée à de meilleurs résultats cliniques chez les patients atteints de cancer de la prostate.

Source : Clinical and Translational Medicine

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