Alzheimer : un nouveau traitement provoquerait une perte (bénéfique) de volume cérébral

Alzheimer un nouveau traitement contre la maladie rétrécit le cerveau mais cela pourrait être une bonne chose selon une nouvelle étude
Plaques de protéines bêta-amyloïdes. | Science Photo Library
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En France, près de 900 000 individus sont touchés par la maladie d’Alzheimer, une affection se manifestant par des troubles de la mémoire, de l’orientation et des fonctions exécutives. Ce fléau neurologique résulte d’une dégénérescence progressive des neurones, débutant dans l’hippocampe et s’étendant progressivement à l’ensemble du cerveau, entraînant une diminution notable du volume cérébral. À ce jour, plusieurs traitements font l’objet d’essais cliniques pour évaluer leur efficacité contre cette maladie. Parmi ces thérapies, les traitements d’immunothérapie ont suscité de vives controverses en raison de leur tendance à réduire le volume cérébral. Toutefois, une étude récente menée par des chercheurs britanniques suggère que cette réduction pourrait être un indicateur de leur efficacité.

Au cours des deux dernières années, une nouvelle génération de traitements contre Alzheimer a traversé de nombreux essais cliniques. Parmi ces innovations, le lecanemab et le donanemab se distinguent. Le lecanemab, testé par les laboratoires japonais Eisai et américain Biogen, a révélé lors des essais cliniques de phase III une réduction de 27 % du déclin cognitif chez les patients traités, comme le rapporte la Fondation Recherche Alzheimer. Le 14 novembre dernier, l’Agence européenne des médicaments (EMA) a donné son aval à ce traitement, et les autorités sanitaires européennes ont également exprimé leur soutien à sa commercialisation.

Le donanemab, connu sous le nom commercial de Kisunla, est un autre traitement d’immunothérapie développé par Eli Lilly. À l’instar du lecanemab, les essais de phase III du Kisunla ont montré une réduction de 35 % du déclin cognitif chez les patients. Sur la base de ces résultats obtenus en août 2023, le traitement a été approuvé par la FDA (Food and Drug Administration) en juin dernier, suivi de sa mise sur le marché aux États-Unis en juillet et au Japon en octobre.

Bien que le lecanemab et le donanemab soient tous deux reconnus pour leur capacité à réduire les dépôts de bêta-amyloïdes dans le cerveau, divisant ainsi la communauté scientifique quant à leurs risques, à savoir notamment la réduction du volume cérébral.

Une étude de l’University College London (UCL) a révélé que la perte de volume cérébral est intrinsèquement liée à une diminution efficace des amas de protéines obstruant le cerveau des patients. Cette découverte pourrait contribuer à clarifier les débats.

protéines bêta amyloïdes
Des plaques de protéines β-amyloïdes agrégées entre deux neurones. © ARTUR PLAWGO/ SCIENCE PHOTO LIBRARY

Approfondir la compréhension des traitements d’immunothérapie

« L’immunothérapie amyloïde a régulièrement montré une amplification de la perte de volume cérébral, ce qui a suscité des inquiétudes dans les médias et la littérature médicale quant à une potentielle toxicité non reconnue dans le cerveau des patients traités », explique dans un communiqué le professeur Nick Fox, auteur principal et directeur du Centre de recherche sur la démence de l’UCL. « Cependant, en nous basant sur les données disponibles, nous pensons que ce changement de volume excessif est une conséquence anticipée de l’élimination des plaques amyloïdes pathologiques du cerveau des patients atteints de la maladie d’Alzheimer », a-t-il ajouté.

Afin d’évaluer l’efficacité de ces traitements, le neurochirurgien Christopher Belder de l’UCL, accompagné de Fox et de leurs collaborateurs, a procédé à une analyse des données issues de 12 essais cliniques distincts, ciblant spécifiquement les protéines bêta-amyloïdes. Les chercheurs ont constaté que la perte de volume cérébral survenait concomitamment à la réduction de ces dépôts.

« Le volume occupé par les plaques bêta-amyloïdes dans le cerveau des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer n’est pas négligeable (environ 6 % du cortex selon des études post-mortem). La réduction volumétrique observée chez les patients traités est bien inférieure à ce volume occupé par les plaques », ont expliqué les chercheurs.

Bien que ces résultats offrent une perspective enrichie sur le fonctionnement des traitements d’immunothérapie, l’étude demeure limitée par le manque de données sur l’utilisation à long terme de ces médicaments. « Nous demandons une meilleure notification de ces changements dans les essais cliniques et une évaluation plus approfondie pour mieux comprendre ces modifications de volume cérébral à mesure que ces thérapies sont de plus en plus déployées », conclut Belder.

Source : Lancet Neurology

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