Un vent d’espoir vient de souffler pour les 55 millions de personnes concernées par la maladie d’Alzheimer à travers le monde. Une nouvelle étude réalisée par des chercheurs coréens met en lumière le potentiel des ultrasons focalisés pour traiter cette pathologie dévastatrice. Les résultats des essais ont montré que la technologie ouvre temporairement la barrière hématoencéphalique, réduisant ainsi les plaques amyloïdes sans recours à des traitements médicamenteux. Les chercheurs ont également constaté une réduction notable des symptômes neuropsychiatriques associés à Alzheimer.
La maladie d’Alzheimer, l’une des pathologies neurodégénératives les plus répandues et redoutées, débute par une accumulation de plaques bêta-amyloïdes. Ces dépôts résultent de l’interaction entre la protéine Tau et des peptides amyloïdes, conduisant à des symptômes variés dès le début de la maladie, notamment des troubles neuropsychiatriques comme l’anxiété ou l’irritabilité. Les symptômes plus avancés incluent notamment confusion et pertes de mémoire.
Les traitements traditionnels contre Alzheimer visent principalement à soulager les symptômes, à ralentir la progression de la maladie et à améliorer la qualité de vie des patients. Cependant, ces approches ne parviennent pas à éradiquer les plaques amyloïdes, qui seraient responsables des symptômes. Les nouvelles thérapies ciblant directement ces plaques, comme les anticorps anti-amyloïdes, ont montré des résultats encourageants, mais leur efficacité reste limitée.
Une barrière complexe à surmonter
La principale difficulté réside dans la barrière hématoencéphalique (BHE), une structure cellulaire qui protège le cerveau des toxines et des agents pathogènes. Bien que vitale, cette barrière restreint également la pénétration des médicaments dans le tissu cérébral. Les ultrasons focalisés apparaissent ainsi comme une solution novatrice, permettant de franchir cette barrière en toute sécurité en utilisant des ondes sonores ciblées, sans recours à une chirurgie invasive ou à des radiations.
Une étude antérieure menée par l’Université Vanderbilt, à Nashville, avait déjà prouvé que l’utilisation combinée d’ultrasons focalisés et d’aducanumab, un anticorps anti-amyloïde, entraînait une réduction de 32 % des plaques amyloïdes.
Toutefois, la nouvelle étude, dirigée par le Dr Jin Woo Chang, neurochirurgien à l’Hôpital universitaire Anam en Corée, en collaboration avec l’Université de Yonsei, a révélé que les ultrasons focalisés peuvent réduire les plaques amyloïdes sans nécessiter de médicaments. « Nous avons conçu ce protocole pour optimiser les bénéfices de cette technologie et tester son efficacité sur des régions cérébrales plus étendues touchées par la maladie », a expliqué le Dr Chang dans un communiqué.
Une étude clinique novatrice
Financée par la Focused Ultrasound Foundation, l’étude a impliqué six femmes âgées de 50 à 85 ans atteintes de la maladie d’Alzheimer. Chacune d’elles a subi trois séances de traitement par ultrasons focalisés, espacées de deux mois, avec le système ExAblate Neuro 220 kHz. Les participantes ont également reçu une injection de DEFINITY, un agent à microbulles conçu pour améliorer l’efficacité des ultrasons.
Les chercheurs ont ciblé les lobes frontaux, des zones particulièrement touchées par la maladie, et réalisé des IRM ainsi que des évaluations neuropsychiatriques avant et après chaque séance. Les résultats, publiés dans le Journal of Neurosurgery, indiquent que l’utilisation du système d’ultrasons focalisés a permis d’ouvrir un volume de 43,1 cm³ de la barrière hématoencéphalique. Ce chiffre, nettement supérieur aux volumes atteints lors d’essais antérieurs, a permis une exposition plus large des plaques amyloïdes aux ultrasons, entraînant une réduction significative de ces dépôts.
En parallèle, les évaluations neuropsychiatriques ont révélé une amélioration notable des symptômes chez toutes les participantes, sans qu’aucun effet secondaire ne soit signalé. « Cette étude apporte une compréhension plus approfondie des effets de l’ouverture de la barrière hématoencéphalique seule. Elle constitue une base solide pour de futurs travaux visant à explorer l’ajout de traitements médicamenteux dans les zones cérébrales affectées », a souligné Chang. Le Dr Neal F. Kassell, président de la Focused Ultrasound Foundation, a qualifié ces travaux de « fondamentaux pour l’avenir du domaine de recherche ».
Malgré ces avancées prometteuses, les chercheurs insistent sur la taille réduite de l’échantillon étudié. Pour confirmer ces résultats, des études à plus grande échelle seront nécessaires, notamment pour évaluer les potentiels effets combinés entre ultrasons focalisés et médicaments ciblés contre la maladie d’Alzheimer.