Désormais, le vieillissement est considéré par certains comme une maladie potentiellement éradicable. Dans cette quête, OpenAI a récemment annoncé le développement d’un modèle de langage spécifiquement conçu pour la science de la longévité. Nommé GPT-4b micro, il a été entraîné pour suggérer des moyens de « réingénierie des facteurs protéiques » afin d’augmenter leur efficacité et ainsi leur rôle dans le prolongement de la vie.
Selon OpenAI, dans une expérience récente, des chercheurs ont utilisé les suggestions du modèle GPT-4b micro pour modifier deux des facteurs Yamanaka (que nous vous présentions dans le cadre de notre récente enquête « Thérapies géniques pour inverser le vieillissement : bientôt une réalité ? »), les rendant plus de 50 fois plus efficaces, selon des mesures préliminaires. « Dans l’ensemble, les protéines semblent meilleures que ce que les scientifiques ont pu produire par eux-mêmes », déclare John Hallman, chercheur chez OpenAI.
Ce projet démontre l’engagement d’OpenAI à contribuer à la science, bien que le modèle ne soit pas encore disponible pour une utilisation plus large puisqu’il s’agit encore d’une démonstration sur mesure et non d’un lancement de produit officiel. En raison des limites techniques actuelles et des besoins en validation scientifique, le modèle nécessite des ajustements et améliorations avant une éventuelle diffusion élargie.
La révolution silencieuse de la longévité
La science de la longévité a vu des avancées majeures ces dernières années, notamment avec des études mettant en lumière la distinction entre espérance de vie et durée de vie en bonne santé. Des approches telles que la restriction calorique et la nutrition personnalisée ont notamment montré des résultats prometteurs pour améliorer la durée de vie en bonne santé.
OpenAI n’est pas étranger à l’innovation scientifique. Connue depuis 2017-2018 pour ses modèles de langage avancés tels que la série GPT, l’organisation est à l’avant-garde des recherches sur l’intelligence artificielle et ses applications dans divers domaines, y compris la santé et la biologie, comme le rapporte le site web de l’entreprise.
Le modèle GPT-4b micro a été spécifiquement entraîné sur des exemples de séquences de protéines de nombreuses espèces, ainsi que sur des informations concernant les interactions protéiques. Contrairement à AlphaFold de Google, qui se concentre sur la prédiction des structures protéiques, GPT-4b micro adopte une approche ciblée, visant à optimiser des facteurs spécifiques pour la longévité. Cela illustre les avantages d’une démarche spécialisée, en développant des modèles de langage de taille modeste, mais hautement performants dans un domaine précis.
Entre innovation et responsabilité éthique
L’application de l’IA dans le domaine de la santé et de la longévité pourrait changer notre manière d’aborder les maladies liées à l’âge, en améliorant les diagnostics ou en personnalisant les interventions médicales. Cette technologie pourrait non seulement prolonger la vie, mais aussi améliorer considérablement la qualité de vie des personnes âgées, comme le stipule un rapport de la Mayo Clinic.
Cependant, cette avancée n’est pas sans poser des questions éthiques. Les préoccupations concernant la confidentialité des données, les biais algorithmiques et l’équité dans l’accès aux soins alimentent le débat sur l’utilisation responsable de l’IA dans le secteur de la santé. À titre d’exemple, garantir que ces innovations profitent à tous, indépendamment des inégalités socio-économiques, reste un défi.
Alors que divers experts reconnaissent le potentiel de l’IA pour propulser la recherche sur le vieillissement, ils insistent sur la nécessité d’une validation rigoureuse et d’une transparence accrue. Des recherches récentes mentionnées par le National Institute on Aging montrent que l’intelligence artificielle est déjà employée pour identifier de nouvelles cibles thérapeutiques et analyser les données génomiques. Ces efforts visent à approfondir notre compréhension des mécanismes du vieillissement, avec l’objectif de développer des interventions qui pourraient améliorer la santé et la qualité de vie des personnes âgées.
Le modèle GPT-4b micro d’OpenAI quant à lui, illustre comment des innovations jadis considérées comme de la science-fiction deviennent peu à peu une réalité. L’héritage de ce projet pourrait aller au-delà de l’allongement de l’espérance de vie, en suscitant une réflexion sérieuse sur les implications éthiques et sociétales de telles avancées technologiques.