La consommation de boissons sucrées est responsable de deux millions de nouveaux cas de diabète de type 2 et d’un million de cas de maladies cardiaques à l’échelle mondiale, selon une récente étude menée par des chercheurs anglo-saxons. Les résultats mettent en évidence les graves conséquences sanitaires des sodas, boissons énergisantes et autres breuvages sucrés. Avec un total de 350 000 décès associés, le bilan est préoccupant et met en lumière la nécessité d’un contrôle plus strict de leur consommation.
Les boissons sucrées, en particulier celles contenant de grandes quantités d’édulcorants, stimulent les circuits de plaisir du cerveau, rendant leur consommation excessive plus facile, souvent à l’insu des consommateurs. Pourtant, des études antérieures, notamment celles menées par les départements de nutrition, d’épidémiologie et de médecine de la Harvard T.H. Chan School of Public Health, ont déjà montré le lien entre ces boissons et un risque accru de mortalité chez les diabétiques de type 2. D’autres recherches suggèrent qu’une consommation régulière peut perturber le métabolisme, entraînant l’obésité.
Dans une nouvelle analyse, des scientifiques de la Gerald J. et Dorothy R. Friedman School of Nutrition Science and Policy de l’Université Tufts ont montré que ces boissons sont responsables de 3,1 % des maladies cardiovasculaires et de 9,8 % des cas de diabète de type 2 dans le monde. Les chercheurs ont exploité les données de la base Global Dietary Database (GDD), qui rassemble près de 450 enquêtes alimentaires réalisées sur une période de 30 ans. Ces enquêtes, qui couvrent plus de 3 millions de personnes dans 118 pays, ont été comparées à des études antérieures sur la prévalence des maladies chroniques, afin d’évaluer l’impact des boissons sucrées sur la santé globale.
Une consommation alarmante dans les pays en développement
« Les boissons sucrées sont largement commercialisées dans les pays à revenu faible ou intermédiaire. Non seulement ces communautés consomment des produits nocifs, mais elles sont souvent moins bien préparées à en gérer les conséquences à long terme sur leur santé », explique Dariush Mozaffarian, co-auteur principal de l’étude, dans un communiqué de l’Université Tufts. Selon l’équipe de recherche, en 2020, la consommation mondiale de ces boissons atteignait 616,2 ml par semaine, avec de fortes disparités régionales.
Sur les 30 pays les plus peuplés au monde, les niveaux de consommation les plus bas ont été enregistrés en Chine, en Inde et au Bangladesh, avec une moyenne de seulement 0,04 litre par semaine. À l’inverse, l’Afrique du Sud, la Colombie, l’Éthiopie et le Mexique figurent parmi les plus gros consommateurs. Ces pays enregistrent également une forte hausse des cas de diabète et de maladies cardiovasculaires. En analysant les données entre 1990 et 2020, les chercheurs ont constaté qu’en Afrique subsaharienne, la consommation de boissons sucrées a contribué à 27,6 % des nouveaux cas de diabète et à 14,6 % des maladies cardiovasculaires.
En Colombie, 48 % des nouveaux cas de diabète sont liés à ces produits, où la consommation hebdomadaire dépasse les 4 litres par habitant. Au Mexique, la situation est tout aussi préoccupante, avec un tiers des cas de diabète attribués à une consommation moyenne de 2 litres par semaine. Globalement, les chercheurs estiment qu’environ 80 000 décès liés au diabète de type 2 et 258 000 décès dus aux maladies cardiovasculaires chaque année sont imputables aux boissons sucrées.
La nécessité d’une réponse mondiale
Laura Lara-Castor, auteure principale de l’étude, déplore une stratégie ciblée des industriels des boissons. Face à la baisse de consommation dans les pays développés, ces derniers orientent désormais leur marketing vers les pays émergents, perçus comme des marchés prometteurs. « Nous avons besoin d’interventions urgentes et fondées sur des données probantes pour réduire la consommation de boissons sucrées à l’échelle mondiale. Sans cela, la santé de millions de personnes continuera d’être impactée », affirme-t-elle.
Malgré une sensibilisation croissante, les experts jugent que les progrès restent insuffisants. Ils préconisent une approche globale reposant sur plusieurs volets : taxation accrue, régulation stricte de la publicité pour les marques concernées ainsi que des campagnes d’éducation et de sensibilisation de grande ampleur. « Il reste encore beaucoup à faire, notamment en Amérique latine et en Afrique, où la consommation est élevée et les conséquences sanitaires, dévastatrices », conclut Mozaffarian.