Dès le premier jour de son mandat en tant que 47e président des États-Unis, Donald Trump a signé une série de décrets engageant le pays dans une voie environnementale controversée. La portée de ces mesures pourrait aggraver la crise climatique mondiale. Parmi ces décrets figurent le retrait des États-Unis de l’Accord de Paris, l’encouragement de l’extraction et de l’utilisation des combustibles fossiles, ainsi que l’abrogation de plusieurs réglementations et départements environnementaux établis par le précédent gouvernement.
Comme promis lors de sa campagne électorale, Trump s’est engagé dans une série de décisions visant, selon lui, à prioriser l’économie et la prospérité du pays, mais suscitant la controverse de la part des environnementalistes. Ces décisions affecteront non seulement les États-Unis, mais impacteront également négativement les efforts mondiaux visant à lutter contre le réchauffement climatique.
Bien qu’il s’agisse de décisions présidentielles, on ne sait pas encore de quelle manière les nouveaux décrets seront mis en œuvre, ni à quelle vitesse. En effet, ils peuvent encore être contestés par les tribunaux s’ils ne sont pas en accord avec la Constitution américaine ou avec d’autres lois. Néanmoins, cela indique les orientations environnementales privilégiées par son administration.
« Le thème qui revient tout au long du document est de maximiser à la fois l’offre et la demande des combustibles fossiles, ce qui est exactement le contraire de ce que nous devons faire pour faire face à la crise climatique », explique Michael Gerrard du Sabin Center for Climate Change Law de la Columbia Law School, à The Hill.
Retrait de l’Accord de Paris : un facteur de découragement pour les autres pays ?
Pour la seconde fois en moins de dix ans, Donald Trump prévoit de retirer les États-Unis de l’Accord de Paris. Signé en 2016, cet accord engage les pays à réduire les émissions de gaz à effet de serre de sorte à limiter le réchauffement climatique à 1,5 °C au-dessus des niveaux préindustriels et à le maintenir en dessous du seuil de 2 °C. Les États membres doivent soumettre des mises à jour quinquennales de leurs plans climatiques pour atteindre cet objectif.
Selon Jonathan Foley, directeur de l’association caritative pour le climat Project Drawdown, « cette décision à courte vue témoigne d’un mépris pour la science et le bien-être des populations du monde entier, y compris des Américains, qui perdent déjà leur maison, leurs moyens de subsistance et leurs proches à cause du changement climatique ».
Cependant, l’objectif principal de Trump est de permettre de réaliser des milliards de dollars d’économie en se désengageant de toute politique climatique contraignante. En effet, le politicien considère l’Accord comme « une escroquerie injuste et unilatérale », une allégation probablement motivée en partie par les échecs successifs de la COP29 à Bakou, de la COP16 sur la biodiversité à Cali et de la COP16 sur la désertification à Riyad.
Le décret récemment signé par le président exhorte l’ambassadeur des États-Unis auprès des Nations Unies à soumettre une notification officielle du retrait du pays de l’Accord de Paris. Toutefois, il faudra au moins un an pour que le pays puisse quitter l’Accord de manière effective. Cependant, certains environnementalistes redoutent que si le pays le plus puissant au monde se retire de l’un des efforts climatiques internationaux majeurs, il soit difficile de renforcer l’engagement des autres pays.
Trump a également signé un décret annulant le Plan de financement international des États-Unis pour le climat. Le précédent gouvernement avait octroyé un montant de plus de 11 milliards de dollars par an. Par ailleurs, le nouveau président a suspendu tous les nouveaux baux pour les parcs éoliens offshores, empêchant temporairement leur examen pour une installation au niveau du plateau continental extérieur du pays. Il a notamment évoqué des raisons telles que la demande croissante en « énergie fiable » et les impacts potentiels sur les courants océaniques et les régimes des vents.
De vastes politiques en faveur de l’énergie fossile
Une autre des premières actions marquantes de Trump est la signature de trois autres décrets exécutifs visant à faciliter l’exploitation des vastes réserves de pétrole et gaz naturel réparties à travers les États-Unis. Plus précisément, ils visent à supprimer les réglementations environnementales instaurées par le précédent gouvernement concernant l’extraction des combustibles fossiles.
L’un des décrets porte spécifiquement sur les immenses réserves en Alaska. Malgré la controverse, l’administration Biden y a approuvé en 2023 le projet Willow, un gigantesque projet de forage pétrolier qui permettrait à terme d’extraire 180 000 barils par jour. Le nouveau décret vise à encourager l’installation d’autres projets, notamment en accélérant l’octroi de permis d’exploitation et en révoquant tout précédent décret pouvant entraver cet objectif.
Un autre décret déclare « l’état d’urgence énergétique national », indiquant notamment que la production énergétique du pays est bien loin d’être suffisante pour satisfaire les demandes. Ce décret exhorte les principaux responsables gouvernementaux à identifier et à exploiter urgemment les ressources disponibles au niveau national.
Intitulé « Libérez l’énergie américaine », le troisième décret couvre un large éventail de politiques énergétiques, telles que l’encouragement de la production d’énergie sur les terres et les eaux fédérales et l’abrogation des subventions pour les véhicules électriques. Il permet également à la population de choisir librement leurs appareils et de ne pas se restreindre uniquement à ceux écoresponsables. Cela inclut les ampoules, les cuisinières et autres appareils électroménagers.
« Ces dernières années, des réglementations contraignantes et idéologiques ont entravé le développement de ces ressources, limité la production d’électricité fiable et abordable, réduit la création d’emplois et imposé des coûts énergétiques élevés à nos citoyens », expliquent dans un communiqué les responsables de la Maison-Blanche. « Il est donc dans l’intérêt national de libérer les ressources énergétiques et naturelles abordables et fiables de l’Amérique ».
Cependant, mis à part les impacts environnementaux, ces décisions pourraient avoir des répercussions économiques et géopolitiques qui pourraient se retourner contre Trump avant même la fin de son mandat, selon des observateurs. Les États-Unis risquent de perdre du terrain dans leur concurrence de longue date avec la Chine, notamment en matière de véhicules électriques et de politique climatique. « La Chine sera désormais considérée comme le leader mondial dans ce domaine et sera en mesure d’établir de nombreux liens économiques et diplomatiques avec d’autres pays à un moment où les États-Unis sembleront complètement désespérés sur cette question », conclut Bob Ward, du Grantham Research Institute on Climate Change and the Environment de la London School of Economics.