Les procureurs du Brésil étudient des rapports selon lesquels des mineurs d’or illégaux auraient massacré jusqu’à 10 membres d’une tribu isolée, située dans l’Amazonie brésilienne, dans la vallée du Javari.
L’attaque aurait eu lieu le mois dernier et se serait produite le long de la rivière Jandiatuba, dans l’ouest du Brésil. Les habitants des villages voisins ont entendu les chercheurs d’or illégaux, se vanter de leurs meurtres par la suite : « C’était des discours brutaux », a déclaré Leila Silvia Burger Sotto-Maior, coordinatrice de la Fondation des affaires autochtones du Brésil (FUNAI). « Ils se sont même vantés d’avoir coupé les corps et de les avoir jetés dans la rivière », a-t-elle ajouté. Suite à cela, la FUNAI a donc ouvert une enquête. Actuellement, deux des mineurs d’or ont déjà été arrêtés et emmenés dans la ville de Tabatinga pour témoigner sur l’incident.
La région amazonienne où le massacre se serait produit, s’appelle la vallée du Javari, bordée par le Pérou, le Brésil et la Bolivie. Cette région contiendrait plus de tribus isolées que partout ailleurs sur la planète, avec environ 2000 individus répartis au sein de 20 groupes isolés.
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La tribu en question est localement connue sous le nom de Fleicheros (« ceux qui lancent des flèches »), mais comme il s’agit de groupes isolés avec peu, voire aucun contact avec le monde extérieur, nous n’avons pas beaucoup d’informations les concernant. De ce fait, il est difficile d’enquêter sur ce genre d’événements, tels que ce massacre. « Nous enquêtons, mais les territoires sont grands et l’accès est limité », explique le procureur chargé de l’affaire, Pablo Luz de Beltrand. « Ces tribus ne sont pas en contact avec nous, même la FUNAI n’a que des informations sporadiques à leur sujet. C’est donc un travail difficile qui requiert que tous les ministères du gouvernement travaillent ensemble », ajoute-t-il.
Il est connu que cette région connaisse des peuples autochtones menacés par l’empiétement illégal des mineurs. Selon l’ONG Survival International, ce serait une conséquence directe du fait que certaines agences comme la FUNAI ont vu leur financement se réduire sous le gouvernement du prédisent brésilien actuel, Michel Temer. Temer a notamment tenté, il y a moins d’un mois, d’abolir les protections d’une vaste réserve de forêt amazonienne (dans le but d’augmenter les intérêts miniers). Cette tentative, jugée comme « la plus grande attaque contre l’Amazone de ces 50 dernières années », a été temporairement déjouée par une cour fédérale.
Pourtant, si l’action se poursuit, alors les dangers tels que ceux engendrés par les mineurs illégaux, ne feront qu’augmenter pour les populations indigènes de la forêt tropicale. « Si ces rapports [de massacres] sont confirmés, le président Temer et son gouvernement auront une lourde responsabilité dans cette attaque génocidaire », a déclaré Stephen Corry, directeur de l’ONG Survival International.
« La réduction des fonds de la FUNAI a laissé des dizaines de tribus isolées sans défense contre des milliers d’envahisseurs, les mineurs d’or, les éleveurs et les bûcherons, qui s’empressent de voler et de saccager leurs terres », a-t-il ajouté. « Si l’enquête confirme les rapports, ce sera un autre massacre génocidaire résultant directement de l’échec du gouvernement brésilien à protéger les tribus isolées, un droit pourtant garanti dans la Constitution », a ajouté Sarah Shenker, également de l’ONG Survival International.
Dans ce cas précis, un enregistrement audio des dires des mineurs illégaux existe et ces derniers auraient également collecté des outils ainsi que des bijoux auprès des victimes, ce qui pourrait corroborer le cas de la poursuite. Mais il n’est pas encore clair si ces preuves seront suffisantes pour poursuivre les tueurs présumés. « Il s’agit du deuxième cas de meurtre de membres de tribus isolées en seulement six mois. Cela montre bien que ces dernières, à peine découvertes, sont déjà menacées », précise le juge en charge de l’affaire. « Toutes ces tribus auraient dû bénéficier du fait que leurs terres soient correctement reconnues et protégées, et ce depuis des années », a ajouté Corry.