Le Pentagone mise désormais sur l’IA pour préparer ses manœuvres militaires

La société Scale AI a signé un contrat stratégique avec le département de la Défense.

Le ministère américain de la défense signe un contrat sur l’IA avec Scale AI pour la planification de manœuvres militaires
| Pixabay
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Dans le secteur technologique, l’informatique quantique et l’intelligence artificielle s’imposent comme les prochains grands bouleversements. Alors que la Chine vient de dévoiler sa puce supraconductrice Zuchongzhi 3.0, les États-Unis entendent redoubler d’efforts en augmentant les investissements dans ces secteurs stratégiques. Dans cette optique, la Maison-Blanche exhorte le Congrès à doubler le budget consacré à la recherche et au développement de l’intelligence artificielle, le faisant passer de 973 millions à près de deux milliards de dollars. Parallèlement, le département de la Défense officialise un partenariat avec la start-up Scale AI dans le cadre du projet « Thunderforge », visant à intégrer des agents IA pour accélérer les prises de décision militaires.

L’intégration de l’IA dans l’appareil militaire est de plus en plus évidente. Longtemps réticents à voir leurs innovations employées à des fins militaires, plusieurs géants de la tech assouplissent désormais leur position. OpenAI, par exemple, qui prohibait initialement tout usage militaire de ses technologies, a récemment infléchi sa politique.

En décembre 2024, l’entreprise de Sam Altman a annoncé son intention de développer des solutions d’IA avancées pour des missions de sécurité nationale. Elle a ainsi noué un partenariat avec Anduril, société spécialisée en technologies de défense, fondée par Palmer Luckey, afin de renforcer les systèmes anti-drones américains et d’améliorer en temps réel la détection des menaces aériennes.

Ce tournant stratégique a commencé il y a un an avec l’assouplissement de la politique d’OpenAI, qui autorise désormais des collaborations avec l’armée. L’intégration au sein de son conseil d’administration de l’ancien directeur de la National Security Agency a également marqué un signal fort. Un rapport interne publié en janvier dernier confirme que la sécurité nationale constitue désormais un axe prioritaire pour l’entreprise.

Anthropic a également franchi le pas. En novembre 2024, la société a conclu un partenariat avec Palantir Technologies afin de fournir un accès privilégié à son IA pour l’armée américaine. De leur côté, Palantir et Anduril, figures de proue des technologies de défense, ont lancé un consortium visant à assurer la suprématie des États-Unis en matière d’intelligence artificielle militaire.

Projet « Thunderforge », un programme stratégique ?

Ces récentes décisions confirment un revirement profond : longtemps réticente à collaborer avec le complexe militaro-industriel, la Silicon Valley s’engage désormais aux côtés du Pentagone. Dernier exemple en date : la start-up Scale AI, qui fournit des données d’entraînement aux géants OpenAI, Google, Microsoft et Meta, jouera un rôle central dans le projet Thunderforge. Mercredi 5 mars, l’entreprise a signé un contrat avec le département de la Défense, marquant ainsi une nouvelle étape dans l’intégration de l’IA au sein des forces armées.

Piloté par la Defense Innovation Unit (DIU), le programme ambitionne d’exploiter l’intelligence artificielle pour automatiser et optimiser la prise de décision militaire. Microsoft et Anduril figurent parmi les grandes entreprises technologiques impliquées dans cette initiative, dont les applications envisagées incluent la modélisation et la simulation, la planification d’opérations, le soutien aux décisions stratégiques ainsi que l’automatisation de certains processus militaires.

Le projet sera d’abord déployé au sein des commandements indo-pacifique et européen de l’armée américaine avant d’être progressivement étendu à d’autres secteurs. « Thunderforge constitue une avancée importante dans l’intégration de l’IA aux stratégies militaires, améliorant les capacités d’anticipation et de réponse des forces américaines », souligne la Defense Innovation Unit (DIU) dans un communiqué.

Pour Alexandr Wang, fondateur et PDG de Scale AI, les solutions proposées par son entreprise moderniseront profondément l’appareil militaire américain. « La rapidité d’exécution permise par la DIU offrira aux dirigeants militaires un avantage technologique décisif », assure-t-il. Toutefois, si l’intégration de l’IA dans les opérations militaires promet d’améliorer la réactivité et la précision des décisions, elle suscite également des inquiétudes.

Lors d’expérimentations menées par l’Université de Stanford sur GPT-4 d’OpenAI, le chatbot a adopté un comportement imprévisible et agressif dans le cadre d’une simulation de guerre. Un signal d’alerte qui soulève une question importante : ce programme du Pentagone représente-t-il réellement un avantage stratégique, ou risque-t-il d’avoir des conséquences incontrôlables ?

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