Alors que des traitements contre l’obésité tels qu’Ozempic et Wegovy ont bouleversé l’approche thérapeutique mondiale, les laboratoires pharmaceutiques s’emploient déjà à mettre au point une nouvelle génération de médicaments plus prometteurs encore. Les principaux acteurs du secteur estiment que ces nouvelles thérapies pourraient arriver sur le marché dès le début de l’année 2026. Loin de se limiter à la seule perte de poids, elles ambitionnent d’offrir une prise en charge plus fine, plus ciblée et mieux adaptée aux spécificités de chaque patient.
Depuis l’entrée remarquée d’Ozempic en France en avril 2019 — initialement autorisé pour traiter le diabète de type 2 en 2017, une concurrence intense oppose deux acteurs majeurs de l’industrie : Novo Nordisk et Eli Lilly. Tous deux concentrent leurs efforts sur le développement d’agonistes des récepteurs du GLP-1 (glucagon-like peptide-1), capables à la fois de réguler la glycémie et d’induire une perte de poids notable.
Dans cette dynamique, Novo Nordisk a franchi une étape importante avec CagriSema, une combinaison de sémaglutide — principe actif d’Ozempic et de Wegovy — et de cagrilintide. Le laboratoire danois a annoncé son intention de déposer une demande d’autorisation réglementaire dès le premier trimestre 2026.
Des essais cliniques prometteurs
En décembre, Novo Nordisk a dévoilé les résultats de REDEFINE 1, un essai clinique de phase 3 inscrit dans le cadre du programme mondial REDEFINE. Menée auprès de 3 417 patients souffrant d’obésité ou de surpoids avec comorbidités, l’étude s’est révélée encourageante : après 68 semaines, les participants traités par CagriSema ont perdu en moyenne 23 % de leur poids corporel, contre 16 % pour ceux sous sémaglutide seul, 12 % sous cagrilintide, et seulement 2,3 % dans le groupe placebo.
Le Zepbound d’Eli Lilly, approuvé par la FDA en novembre 2023 et disponible en pharmacie depuis décembre 2023, avait quant à lui enregistré une perte de poids moyenne de 21 % après 72 semaines à dose maximale. Si CagriSema n’a pas totalement atteint les objectifs les plus ambitieux que Novo Nordisk avait formulés — notamment une perte de poids supérieure à celle du Zepbound ou un profil d’effets secondaires plus favorable, le traitement a néanmoins rempli son critère principal d’efficacité, se plaçant ainsi au même niveau que Zepbound et confirmant la rapidité des avancées dans ce domaine thérapeutique.
« Nous sommes encouragés par le profil de perte de poids de CagriSema, qui démontre sa supériorité sur le sémaglutide et le cagrilintide en monothérapie », a déclaré dans un communiqué Martin Holst Lange, vice-président du développement chez Novo Nordisk. Il a ajouté : « Grâce aux résultats de l’essai REDEFINE 1, nous prévoyons d’explorer plus avant le potentiel de perte de poids supplémentaire de CagriSema ».
Au-delà de ses effets sur l’obésité, CagriSema se distingue par son approche thérapeutique polyvalente. Novo Nordisk l’a conçu pour cibler simultanément deux pathologies majeures : l’obésité et le diabète de type 2. Dans cette optique, le laboratoire mène parallèlement une seconde étude de phase 3 spécifiquement consacrée aux patients diabétiques. Les résultats sont attendus pour le premier semestre de l’année.
Vers une nouvelle génération de traitements
Un autre traitement attire désormais l’attention du secteur : l’UBT251, mis au point par la société chinoise United Biotechnology. Ce « triple G » agit simultanément sur les récepteurs du GLP-1, du GIP (polypeptide insulinotrope dépendant du glucose) et du glucagon. Lors d’un essai de phase II mené en Chine, le médicament a permis une perte de poids moyenne de 15,1 % en seulement 12 semaines.
Les autorités sanitaires chinoises ont d’ores et déjà autorisé des essais sur l’UBT251 dans plusieurs indications : diabète de type 2, stéatose hépatique métabolique et maladies rénales chroniques — un élargissement important de son potentiel thérapeutique.
Séduit par ces résultats, Novo Nordisk a signé un accord de 2 milliards de dollars avec United Biotechnology, obtenant les droits d’exploitation mondiale du médicament. L’objectif : accélérer son développement via des essais de phase I/II à l’échelle internationale. United Biotechnology conserve toutefois les droits de commercialisation pour la Chine, Hong Kong, Macao et Taïwan, tout en percevant des redevances sur les ventes réalisées à l’étranger.
« L’ajout d’un candidat ciblant le glucagon, ainsi que le GLP-1 et le GIP, renforcera considérablement notre portefeuille clinique, alors que nous cherchons à proposer une large gamme d’options différenciées pour répondre aux besoins variés des personnes atteintes de ces pathologies répandues », a déclaré Holst Lange dans le communiqué. « Nous sommes impatients de poursuivre les travaux scientifiques entamés par United Biotechnology et d’explorer plus avant les propriétés prometteuses de l’UBT251 dans le champ des maladies cardiométaboliques », a-t-il ajouté.
Pendant ce temps, Eli Lilly se prépare à lancer son propre « triple G », le retatrutide, dont la phase III des essais cliniques est désormais achevée. Les résultats indiquent une perte de poids moyenne de 24 % en 48 semaines. Si ces performances surpassent celles de Mounjaro, Eli Lilly pourrait prendre l’avantage dans la course au leadership du marché des traitements contre l’obésité et le diabète.