Avec l’avรจnement de la thรฉorie des cordes, de nouveaux modรจles cosmologiques ont vu le jour parallรจlement au dรฉveloppement d’une nouvelle cosmologie : la cosmologie cordiste.
En utilisant des objets bien particuliers issus de la thรฉorie des cordes, les branes, les physiciens ont pu construire des modรจles novateurs dรฉcrivant l’origine et l’รฉvolution de l’univers dans le cadre de ce qui se nomme dรฉsormais la ยซ cosmologie branaireย ยป.
Les prรฉmices de la cosmologie branaire รฉmergent ร la fin des annรฉes 1990 sous l’impulsion de physiciens tels que N. Arkhani-Hamed, R. Sundrum, L. Randall, P. Steinhardt ou encore N. Turok. Ces derniers cherchent alors ร rรฉsoudre le problรจme de la hiรฉrarchie, c’est-ร -dire ร trouver un mรฉcanisme qui expliquerait la raison pour laquelle l’intensitรฉ de la gravitรฉ est si faible par rapport ร l’intensitรฉ des autres interactions fondamentales.
Pour ce faire, les physiciens utilisent la thรฉorie des cordes et ses dimensions supplรฉmentaires. L’univers possรจde quatre dimensions (3+1) qui nous sont accessibles et plusieurs autres dimensions supplรฉmentaires hors de notre portรฉe.
L’รฉlectromagnรฉtisme et les interactions nuclรฉaires faibles et fortes sont confinรฉes au sein des quatre dimensions visibles de notre espace-temps tandis que la gravitรฉ, quant ร elle, du fait de sa nature, se propage ร travers toutes les dimensions. Son intensitรฉ est ainsi ยซ diluรฉe ยป et nous n’observons dรจs lors qu’une petite partie de sa rรฉelle intensitรฉ dans nos quatre dimensions.
De telles considรฉrations, au demeurant tout ร fait lรฉgitimes au regard de la thรฉorie des cordes, ont nรฉcessitรฉ l’รฉlaboration de modรจles d’univers intรฉgrant ces paramรจtres. Notamment un modรจle dans lequel notre univers ร quatre dimensions serait contenu dans un objet dynamique, une brane, elle mรชme contenue dans un univers de plus grandes dimensions (N > 4), une sorte d’ยซ hyper-univers ยป (ยซ hyperspace ยป en anglais). Un tel univers de dimensions supรฉrieures est appelรฉ un ยซ bulk ยป.
Cosmologie branaire : branes, cordes et bulk
L’รฉlรฉment principal issu de la thรฉorie des cordes sur lequel se base la cosmologie branaire est la brane (le mot ยซ brane ยป vient de ยซ membrane ยป). Une brane est un objet possรฉdant certaines caractรฉristiques physiques (รฉnergie, masse, charge…), se propageant dans l’espace-temps et รฉtant dynamique. Ce dernier point signifie qu’une brane n’est pas un objet statique, elle peut changer de configuration et de position dans l’espace-temps. C’est รฉgalement un objet รฉtendu, c’est-ร -dire qu’il est dimensionnรฉ.
Plus prรฉcisรฉment, l’on parle de p-brane. Le ‘p’ indiquant le nombre de dimension(s) spatiale(s) de la brane. Ainsi, par exemple, une 3-brane est une brane de 3 dimensions spatiales et d’une dimension temporelle. Tandis qu’une 0-brane est une particule ponctuelle.

Le deuxiรจme รฉlรฉment important est la corde (ร ne pas confondre avec les cordes cosmiques). En thรฉorie des cordes, une corde est un objet ร une dimension se propageant dans l’espace-temps et caractรฉrisรฉ par sa taille, sa tension, son mode vibratoire et son รฉnergie. C’est son mode vibratoire qui dรฉtermine le type de particule engendrรฉe. Selon la faรงon dont vibre la corde, il s’agira d’un รฉlectron, d’un quark, etc. Enfin, une corde peut รชtre ouverte (c’est un segment) ou fermรฉe (c’est un cercle).
En cosmologie branaire, notre univers est contenu dans une 3-brane, et plus prรฉcisรฉment une D3-brane. Le ‘D’ signifie ยซ Dirichlet ยป du nom du mathรฉmaticien allemand Johann Dirichlet. En effet, dans cette D3-brane, toutes les particules et interactions sont des cordes ouvertes dont l’une au moins des extrรฉmitรฉs est fixรฉe ร la brane. Et ce prรฉ-requis s’explique par une condition mathรฉmatique particuliรจre appelรฉe ยซ condition aux limites de Dirichlet ยป. Ceci n’est pas anodin car en cosmologie branaire, ce sont les extrรฉmitรฉs des cordes ouvertes qui engendrent les particules.

Seule la gravitรฉ diffรจre des autres interactions en ce qu’elle est l’unique corde fermรฉe des modรจles branaires. Cela signifie que, puisqu’aucune de ses extrรฉmitรฉs n’est fixรฉe ร la D3-brane, celle-ci est libre de se propager dans les dimensions supplรฉmentaires du bulk en dehors de la brane. Ce phรฉnomรจne de propagation multidimensionnelle offre ainsi une solution directe au problรจme de la hiรฉrarchie.
Mais ce n’est pas tout. Car si la cosmologie branaire livre une explication au problรจme de la hiรฉrarchie, elle permet en outre de jeter une lumiรจre sur une autre zone d’ombre fondamentale de la cosmologie moderne : l’origine et l’รฉvolution de l’univers.
Le modรจle ekpyrotique : un billard cosmique ร l’origine de notre univers ?
Au dรฉbut des annรฉes 2000, les physiciens N. Turok, P. Steinhardt et B. Ovrut รฉlaborent un modรจle cosmologique branaire expliquant l’origine de l’univers : le modรจle ekpyrotique. Le termeย ยซ ekpyrotique ยป vient du grec ยซ ekpyrosis ยป signifiant conflagration. Dans la Grรจce antique, sous l’impulsion de penseurs comme Plutarque, รฉmerge l’idรฉe selon laquelle l’univers aurait dรฉbutรฉ par une grande explosion de feu, suivie par une destruction puis par une renaissance, et ainsi de suite.
C’est avec cette idรฉe que les physiciens ont bรขti leur thรฉorie. Dans le cadre du modรจle ekpyrotique, notre univers est contenu dans une D3-brane ยซ flottant ยป dans un univers de dimensions supรฉrieures (au moins plus de 3 dimensions spatiales) appelรฉ bulk. Dans ce bulk flottent d’autres branes de dimensions diverses. Certaines de ces branes sont vides, tandis que d’autres contiennent des univers (ou simplement de la matiรจre et/ou de l’รฉnergie). Notre D3-brane se propage donc dans le bulk aux cรดtรฉs de nombreuses autres branes.

Pour rรฉpondre ร la question de l’origine de l’univers, le modรจle ekpyrotique avance l’hypothรจse que deux branes vides seraient entrรฉes en collision dans le bulk. Une brane possรฉdant initialement une certaine quantitรฉ d’รฉnergie, la collision de deux branes aurait entraรฎnรฉ un violent รฉchange d’รฉnergie cinรฉtique entre celles-ci. Immรฉdiatement, une partie de cette รฉnergie se serait transformรฉe en une soupe primordiale de matiรจre-รฉnergie, plus prรฉcisรฉment un plasma quarks-gluons, et l’autre aurait donnรฉ l’impulsion de l’expansion de l’univers. Ce modรจle, tout en respectant la thรฉorie du Big Bang, constitue une alternative ร l’inflation.
De telles collisions branaires ne sont pas nรฉcessairement rares et peuvent รชtre amenรฉes ร se produireย alรฉatoirement dans le bulk. Dรจs lors, le modรจle ekpyrotique peut รชtre qualifiรฉ de modรจle cyclique, car ses auteurs prรฉcisent qu’il est possible que notre univers actuel ne soit ni le premier, ni le dernier, notre prรฉcieuse 3D-brane n’รฉtant pas ร l’abri d’une (autre ?) collision future.
En outre, sans considรฉrer de potentielles collisions, certaines versions du modรจle ekpyrotique prรฉvoient naturellement un Big Bounce, donc l’alternance du Big Bang et du Big Crunch.

Le modรจle ekpyrotique offre la possibilitรฉ d’รชtre testรฉ expรฉrimentalement par des prรฉdictions observables. Ainsi, en tant qu’alternative au mรฉcanisme de l’inflation, celui-ci prรฉvoit par exemple l’absence de modes de polarisation particuliers des ondes gravitationnelles primordiales, les modes B. Si les observations montraient effectivement une telle absence, le modรจle s’en trouverait dรจs lors confortรฉ.


Lโรฉlectron est une particule รฉlรฉmentaire qui, avec les protons et les neutrons, constitue les atomes. Cโest donc lโun des composants principaux de la matiรจre baryonique. ร ce titre, il revรชt... [...]