Pourquoi les chats ronronnent-ils ? Des biologistes lèvent le voile sur ses bases génétiques

Un comportement lié à un gène androgénique spécifique qui semble avoir évolué avec la domestication.

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Des chercheurs japonais ont identifié les fondements génétiques du ronronnement des chats, un comportement dont les fonctions exactes et l’évolution demeurent en grande partie mystérieuses. Selon l’étude, les chats porteurs de gènes du récepteur d’androgènes de type court auraient tendance à ronronner et à miauler davantage en présence de leurs maîtres, suggérant une évolution étroitement liée à la domestication.

Les chats domestiques (Felis catus) occupent une place singulière dans la société humaine, fruit d’une longue cohabitation marquée par la proximité et la complicité. À la différence de la plupart des autres félins, y compris le chat sauvage d’Afrique (Felis lybica), leur ancêtre, souvent solitaires, les chats domestiques vivent volontiers en groupe et manifestent une sociabilité prononcée.

Cette sociabilité repose sur une palette de modalités de communication : tactile, olfactive, visuelle et vocale. Ils diffusent, par exemple, des phéromones à travers le grattage pour transmettre des signaux olfactifs, ou se frottent aux individus pour délivrer des informations tactiles. Le langage visuel se lit dans la posture corporelle, l’orientation des oreilles ou encore la dilatation des pupilles.

Un élément essentiel de la sociabilité féline

Le ronronnement, vocalisation caractéristique des chats et de certains grands félins (comme les guépards), semble occuper une fonction centrale dans cette dynamique de communication. Des recherches antérieures ont laissé entendre qu’il pouvait conférer un avantage évolutif : les chatons ronronnent ainsi pour signaler à leur mère qu’ils sont en bonne santé, un comportement qu’ils conservent après le sevrage.

Dans les situations de socialisation, le ronronnement semble favoriser la sécurité, le confort, la convivialité et l’invitation au jeu. Dans d’autres cas, il pourrait servir à désamorcer les tensions : les chats malades, par exemple, ronronnent lorsqu’ils sont approchés par d’autres individus plus grands et en meilleure santé.

Si ce comportement est reconnu comme un élément important de la communication féline, ses fonctions précises demeurent sujettes à controverse. Bien que le comportement animal ait été abondamment étudié, les travaux spécifiquement consacrés aux chats restent relativement rares.

Pour combler ces lacunes, des chercheurs du Centre de recherche sur la faune sauvage de l’Université de Kyoto ont exploré les bases génétiques des comportements félins, en s’intéressant particulièrement au ronronnement. « Lorsque nous avons lancé un appel à participation, nous avons été touchés de recevoir les réponses de 265 propriétaires de chats de tout le Japon en une seule journée, ainsi que des messages chaleureux », relate Yume Okamoto, auteure principale de l’étude, dans un communiqué. « Cela nous a rappelé le vif intérêt du public pour la recherche sur les chats », ajoute-t-elle.

Une étroite association avec la domestication

Publiée dans la revue PLOS ONE, l’étude visait à analyser les liens entre certaines caractéristiques comportementales – tel le ronronnement – et les variations du gène du récepteur d’androgènes. Localisé sur le chromosome X, ce gène code un récepteur particulièrement sensible aux hormones comme la testostérone et la dihydrotestostérone. Des recherches antérieures ont déjà établi un lien entre ce gène et des traits comportementaux tels que l’agressivité chez diverses espèces.

Pour cette enquête, l’équipe a étudié 280 chats croisés, stérilisés, vivant tous chez des particuliers. Leurs comportements ont été méticuleusement observés, tandis que leur ADN a été prélevé pour analyse génétique, en parallèle d’une comparaison avec celui de 11 autres espèces de félins.

Les résultats ont révélé que les chats porteurs du gène dit de « type court » présentaient une tendance à ronronner plus intensément que ceux porteurs du gène de « type long ». Chez les mâles en particulier, ce gène court s’associe à une plus grande propension à miauler en présence des maîtres, ce qui laisse supposer un lien étroit avec les mécanismes de communication vocale. À l’inverse, les femelles porteuses du gène court ont montré davantage d’agressivité envers les inconnus.

D’après des études précédentes, les chats de race pure sont davantage porteurs du gène long que les chats croisés. Or, les sujets de cette recherche étant tous issus de croisements et souvent d’anciens errants recueillis, ces résultats pourraient indiquer une tendance accrue à vocaliser. En d’autres termes, les chats élevés dès le plus jeune âge au contact humain – souvent de race pure – semblent moins enclins à employer la vocalisation dans leurs interactions.

La comparaison avec d’autres félins a également livré des informations précieuses. Le chat-léopard (Prionailurus bengalensis) et le chat viverrin (Prionailurus viverrinus), deux espèces proches du chat domestique, ne présentent que le gène de type court. En revanche, les chats domestiques disposent aussi du gène long, absent chez les autres. Ce constat suggère que ce dernier serait apparu au fil des modifications génétiques liées à la domestication et à la reproduction sélective.

« Ce résultat concorde avec l’association entre le ronronnement et la communication vocale comme stratégies pour rechercher de l’attention ou du soutien, favorisant la survie grâce aux interactions avec les chats et les humains », écrivent les auteurs.

Les chercheurs estiment que ces données pourraient non seulement améliorer la compréhension des comportements félins, mais aussi contribuer au bien-être animal et aux efforts de conservation des espèces. « Grâce à nos recherches, nous espérons approfondir notre compréhension des chats et contribuer à construire des relations plus heureuses entre les chats et les humains », confie Yume Okamoto. L’équipe prévoit d’élargir prochainement ses travaux à d’autres espèces de félidés.

Source : PLOS ONE
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