Face aux menaces potentielles, l’UE appelle ses États à stocker médicaments et vivres pour affronter pandémies ou invasions

La stratégie intervient dans un contexte de crainte d’une guerre potentielle avec la Russie.

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La Commission européenne a appelé mercredi les États membres de l’Union à constituer des stocks de médicaments, de provisions et d’autres produits utilitaires, afin d’être mieux préparés à des crises imprévues. Cela pourrait inclure une potentielle invasion militaire, une pandémie ou des catastrophes naturelles. Cette stratégie aurait pour objectif de préserver le bon fonctionnement de la société dans un contexte de crainte d’une guerre potentielle avec la Russie.

L’Union européenne (UE) a, au cours des dernières années, dû faire face à des crises successives allant de la pandémie de Covid-19 à l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Ces événements ont installé un contexte géopolitique et social plus fragile et mis en lumière la vulnérabilité du territoire face aux crises des chaînes d’approvisionnement et aux pressions politiques.

Pour tenter d’anticiper les crises à venir, l’UE s’engage désormais dans un effort de réarmement et dans le renforcement de son autonomie stratégique et de sa capacité à agir de manière indépendante, afin d’assurer des fonctions sociétales vitales de façon autonome. Le développement, l’intégration de ces mesures et leur coordination entre les États membres nécessitent toutefois du temps.

En attendant, la Commission européenne a exhorté plus tôt cette année ses citoyens à constituer des kits de survie d’urgence pouvant durer au moins 72 heures afin de se préparer au mieux aux conflits militaires potentiels, aux pandémies ou à d’autres catastrophes. Ces kits doivent contenir de la nourriture, de l’eau et d’autres produits de première nécessité, des batteries pour l’énergie ou encore des médicaments.

En présentant sa première stratégie en matière de stockage, l’exécutif européen a déclaré mercredi que ses États membres devraient également envisager de constituer des réserves d’urgence en prévision de crises sanitaires (pandémies, menaces chimiques, etc.) ou d’éventuelles invasions.

« Nous connaissons les menaces auxquelles nous sommes confrontés… attaques hybrides, pannes de courant, phénomènes météorologiques extrêmes et propagation de maladies », a déclaré la commissaire européenne chargée de la gestion des crises, Hadja Lahbib, au Guardian. « Ces risques ne sont plus lointains. C’est pourquoi nous transférons la préparation de la ligne de touche à la ligne de front de notre défense », a-t-elle ajouté.

Une crainte d’invasion par la Russie

L’UE avait déjà mis en place des initiatives de stockage, telles que la loi sur les matières premières critiques prévoyant des dispositions relatives aux ressources stratégiques. Dans le cadre de la nouvelle stratégie, elle exhorte les États membres à élargir leurs efforts en stockant, par exemple, des produits de purification d’eau, des équipements de réparation pour les câbles sous-marins, des générateurs, des carburants ou encore des ponts mobiles.

Cette stratégie s’inscrit dans un contexte où Mette Frederiksen, la Première ministre du Danemark, a souligné que l’UE devait être prête à se défendre d’ici 2030. « Le réarmement militaire de la Russie signifie qu’elle pourrait – d’ici deux à cinq ans – constituer une menace militaire crédible pour l’Europe et l’OTAN », a-t-elle déclaré mardi au Parlement européen, selon le Guardian.

S’inspirer des leçons tirées de la crise Covid-19

Concernant les contre-mesures médicales destinées à faire face à de potentielles urgences sanitaires, les États du bloc devront constituer des stocks de vaccins et de médicaments, ainsi que d’équipements de diagnostic et de protection individuelle. L’objectif est de tirer les enseignements de la crise Covid-19, lorsque les pays de l’Union s’étaient précipités pour s’approvisionner massivement en masques et autres équipements, au détriment de régions plus démunies.

Par ailleurs, le programme de prêts de la Banque européenne d’investissement destiné à encourager les petites entreprises et les startups à développer des médicaments et des technologies médicales innovantes verra son budget doublé pour atteindre 200 millions d’euros d’ici 2027. L’UE travaille également à la mise en place d’un système de surveillance des eaux usées pour la détection précoce de maladies infectieuses à potentiel pandémique.

Ces plans s’inspirent de certains pays européens connus pour leurs stocks stratégiques, tels que la Finlande, l’Estonie ou la République tchèque. Cependant, la préparation étant perçue différemment selon les États, il n’existera pas d’approche unique en matière de stockage. Le plan de la Commission prévoit néanmoins des listes non exhaustives, régulièrement mises à jour, de biens essentiels, adaptées aux différentes crises.

En outre, l’exécutif européen entend créer d’ici 2026 un centre dédié aux matières premières critiques, ainsi qu’une liste de médicaments et de technologies médicales à stocker en priorité ou à acheter conjointement. La Commission devra travailler avec le personnel de santé de l’OTAN afin d’établir une liste de contre-mesures médicales polyvalentes. Aucun financement spécifique n’est encore alloué à cette stratégie, mais un budget sera négocié dans le cadre du prochain cadre financier pluriannuel (CFP).

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