Une nouvelle technique de diagnostic évalue le risque d’Alzheimer en seulement 3 minutes

Elle identifie les personnes nécessitant des examens complémentaires avant que les symptômes ne s’aggravent.

diagnostic alzheimer trois minutes
| Pixabay
⇧ [VIDÉO]   Vous pourriez aussi aimer ce contenu partenaire

Un nouveau test, appelé « EEG Fastball », permet de diagnostiquer les troubles de mémoire associés à Alzheimer et à d’autres maladies neurologiques en seulement trois minutes. La technique permettrait de détecter les signes précoces de ces pathologies et d’identifier les personnes nécessitant des examens complémentaires avant que leurs symptômes ne s’aggravent. Elle offrirait ainsi aux médecins la possibilité de recommander plus tôt des stratégies de prévention et des traitements adaptés.

La maladie d’Alzheimer constitue la forme de démence la plus fréquente. On estime que 57 millions de personnes dans le monde souffraient de démence en 2021, Alzheimer représentant 60 à 70 % des cas. Elle se caractérise par une lente progression au cours de laquelle les neurones se dégénèrent puis meurent, entraînant des pertes de mémoire, de la confusion et des difficultés à accomplir les tâches quotidiennes.

Il est important de rappeler que le processus pathologique débute bien avant l’apparition des symptômes. Les protéines tau et bêta-amyloïdes, caractéristiques de la maladie, s’accumulent progressivement dans les neurones et altèrent leur capacité à transmettre les informations. Lorsque les troubles de la mémoire ou autres symptômes deviennent suffisamment marqués pour justifier un diagnostic, une grande partie des cellules nerveuses est déjà perdue.

Il existe donc un besoin important de techniques de diagnostic précoce. Les outils actuels (scanner cérébral, analyse du liquide céphalorachidien, etc.) permettent certes une détection anticipée en utilisant ces protéines comme biomarqueurs, mais la progression de la maladie varie selon les individus. Ainsi, la concentration de protéines toxiques observée ne reflète pas toujours fidèlement l’évolution clinique. De plus, ces méthodes restent coûteuses et invasives.

D’autres approches reposent sur des tests cognitifs où les patients doivent, par exemple, mémoriser des mots ou résoudre des problèmes. Mais ces épreuves sont chronophages, parfois anxiogènes, et requièrent l’expertise de professionnels pour interpréter les résultats. Ceux-ci peuvent par ailleurs être biaisés par des facteurs tels que le niveau d’éducation ou les compétences linguistiques.

C’est dans ce contexte que des chercheurs des universités de Bath et de Bristol, en Angleterre, ont mis au point une nouvelle technique de diagnostic précoce, rapide, non invasive et peu coûteuse. « Ce test, appelé EEG Fastball, pourrait un jour aider les médecins à identifier les personnes nécessitant des examens complémentaires pour la maladie d’Alzheimer, sans attente inutile ni procédures fastidieuses », explique Eleftheria Kodosaki, chercheuse associée en neuroimmunologie à l’University College de Londres, dans un article publié sur The Conversation.

Une évaluation cérébrale en trois minutes

Plutôt que de demander aux patients d’effectuer des exercices fastidieux, l’EEG Fastball mesure en temps réel l’activité cérébrale pendant qu’ils regardent des images projetées sur un écran. Une série de huit visuels est d’abord présentée pour être simplement identifiée, sans effort de mémorisation.

Vient ensuite la diffusion de centaines d’images en succession rapide (environ trois par seconde), dont une sur cinq appartient au groupe initial. Les capteurs EEG enregistrent alors l’activité cérébrale des patients afin de repérer de subtiles variations indiquant si une image familière a été reconnue. L’ensemble du protocole ne dure qu’environ trois minutes.

Pour évaluer cette méthode, les chercheurs ont recruté 106 adultes : 54 en bonne santé et 52 atteints de troubles cognitifs légers (TCL), un état intermédiaire entre le fonctionnement normal et la démence. Parmi eux, certains souffraient de troubles spécifiques liés à la mémoire (TCL amnésique), d’autres de difficultés non liées à la mémoire (TCL non amnésique), comme des troubles de l’attention.

Des résultats prometteurs mais à confirmer

Selon les résultats publiés dans Brain Communications, le test s’est révélé suffisamment précis pour distinguer ces différents groupes. Les participants atteints de TCL amnésique montraient des réponses cérébrales significativement réduites face aux images familières, comparativement aux deux autres catégories. « Autrement dit, le test a rapidement identifié le type de trouble de la mémoire le plus étroitement lié à la maladie d’Alzheimer précoce », résume Kodosaki.

test fastball
Résumé graphique de l’étude. © Stothart et al.

Un an plus tard, certains patients atteints de TCL avaient évolué vers Alzheimer ou une autre forme de démence, dite « vasculaire ». Les chercheurs leur ont également fait passer les tests cognitifs standards utilisés pour diagnostiquer Alzheimer, sans différence significative. Ce résultat suggère que les outils actuels manquent de sensibilité pour détecter la transition d’un TCL vers la démence.

Il convient toutefois de nuancer ces observations : parmi les 52 participants initialement identifiés par l’EEG Fastball comme souffrant de TCL, seuls huit ont effectivement évolué vers une démence. « Bien que ces résultats soient très prometteurs pour illustrer la précision du test, ils doivent être interprétés avec prudence, car ils reposent sur un petit nombre de personnes », avertit Kodosaki.

L’étude demeure limitée, tant par la taille réduite de la cohorte que par l’absence de participants souffrant d’autres maladies pouvant entraîner des troubles de la mémoire, telles que la dépression. Néanmoins, malgré la nécessité d’améliorations, la technique présente des avantages notables : un temps de diagnostic considérablement réduit, une procédure non influencée par l’humeur ou les capacités des patients, et une simplicité d’application qui ouvre la voie à une utilisation plus large.

Source: Brain Communications
Laisser un commentaire