Le Soleil a connu hier matin (11 novembre) une puissante éruption de catégorie X5.1, la plus intense de l’année, qui a déclenché des pannes radio généralisées dans une grande partie d’Europe et d’Afrique. Dirigée directement vers la Terre, cette éruption est la dernière d’une série de phénomènes rapprochés issus de la région solaire très active d’AR4274. À la suite de ces événements, des aurores pourraient être observées aujourd’hui jusque dans les latitudes moyennes.
Les éruptions solaires sont classées en cinq catégories distinctes, selon leur puissance : A, B, C, M et X. Celle-ci est définie par l’intensité maximale du flux énergétique dans la bande des rayons X. Chaque catégorie correspond à une intensité dix fois supérieure à la précédente, les chiffres qui les suivent précisant leur puissance relative.
Leur fréquence d’apparition varie en fonction du cycle solaire (d’une durée de 11 ans), augmentant à mesure que celui-ci progresse. Elles peuvent survenir plusieurs fois par jour à l’approche du maximum solaire et moins d’une fois par semaine durant le minimum. Les éruptions les plus puissantes demeurent aussi les plus rares.
Les éruptions de catégorie X10 se produisent par exemple environ huit fois par cycle, tandis que celles de classe M1 peuvent survenir jusqu’à 2 000 fois au cours de la même période. Les plus puissantes éruptions jamais enregistrées ont, par exemple, été détectées les 16 août 1989, 2 avril 2001 et 4 novembre 2003. Cette dernière, de catégorie X28, demeure la plus intense jamais observée, tandis que les deux premières atteignaient la catégorie X20.
Celle qui s’est produite hier depuis la région AR4274 était de catégorie X5.1, ce qui en fait la plus puissante enregistrée depuis octobre 2024. Cette région est devenue l’une des plus actives du cycle solaire actuel (le 25e). Atteignant son apogée vers 11 h (heure de Paris), l’éruption d’hier a été précédée de deux autres phénomènes de classe X1.7 et X1.2, survenus respectivement les 9 et 10 novembre.
Des perturbations de communications en Europe et en Afrique
Le flux de particules à haute énergie projeté par la dernière éruption a provoqué d’importantes perturbations radio de niveau R3 en Afrique et en Europe, affectant notamment les communications à haute fréquence. Les trois éruptions successives ont également engendré des éjections de masse coronale (EMC) dirigées vers la Terre, la région AR4274 étant orientée face à notre planète.
Carte des coupures radio associées à l’éruption solaire X5.1 du 11 novembre. © NOAAD’après la National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA), ces EMC devraient impacter la Terre entre les 11 et 13 novembre et pourraient provoquer des tempêtes géomagnétiques de niveau G1 (mineur) à G3 (intense). Une tempête de niveau G3 pourrait notamment survenir demain.
« L’analyse de ces événements se poursuit en raison du grand nombre de scénarios possibles et de leurs interactions potentielles à l’arrivée sur Terre. Il existe donc un niveau d’incertitude modéré concernant les prévisions. Cependant, un consensus assez large se dégage quant au calendrier de l’EMC la plus récente, celle du 10 novembre », indique l’agence.
« Selon les prévisions actuelles, l’EMC du 9 novembre se déplace beaucoup plus lentement que celle du 10 novembre. Bien qu’il soit incertain que la seconde EMC, plus rapide, rattrape la première avant l’arrivée de ses composantes sur Terre, l’intervalle entre leurs arrivées devrait être relativement court », ajoute-t-elle. La troisième EMC est encore en cours d’analyse, mais les experts estiment qu’en raison de sa vitesse et de son orientation, elle devrait également atteindre la Terre et provoquer une tempête géomagnétique.
Malgré certaines incertitudes dans les prévisions, les tempêtes géomagnétiques pourraient engendrer des aurores visibles dans l’ensemble du territoire français, avec les meilleures chances d’observation ce soir.
« Si l’activité de cette nuit perdure et que la troisième éjection arrive au bon moment, (presque) tous les ingrédients seraient réunis pour des aurores visibles chez nous. Il ne restera plus qu’à espérer une bonne orientation magnétique », a déclaré Olivier Katz, prévisionniste au Centre Opérationnel de Météorologie de l’Espace des Alpes, à actu.fr.