Le transport de passagers par avion de ligne est en pleine expansion depuis ces dernières années. Les constructeurs redoublent d’ingéniosité dans le but d’augmenter toujours plus la vitesse de croisière des avions tout en diminuant au maximum la consommation de carburant. Si plusieurs prototypes avancés sont actuellement en cours de développement au sein des grandes compagnies américaines et européennes, la Chine ne compte pas rester en arrière. Cette dernière vient en effet d’annoncer que son modèle d’avion hypersonique a passé ses premiers tests aérodynamiques avec succès.
Plusieurs grandes compagnies aériennes ont déjà fait part de leur ambition d’introduire prochainement les vols supersoniques dans leur gamme commerciale. Certaines entreprises américaines travaillent même actuellement sur des prototypes d’avions hypersoniques. Afin de ne pas prendre de retard, la Chine a, elle aussi, travaillé de son côté sur un nouveau modèle d’aéronef hypersonique : l’I Plane.
Dans une étude publiée dans la revue d’ingénierie Science China Physics, Mechanics & Astronomy, une équipe de chercheurs de l’Académie Chinoise des Sciences de Beijing présente les résultats des premiers tests aérodynamiques menés sur l’I Plane. Au sein du tunnel à vent, ce dernier a en effet atteint des vitesses hypersoniques comprises entre 6115 et 8642 km/h. En considérant une vitesse moyenne de 7000 km/h ainsi que les phases d’accélération et de décélération, cela ne prendrait qu’environ 60 minutes pour voyager de Paris à New York, contre environ 7h pour les vols commerciaux actuels. Par comparaison, le Concorde atteignait une vitesse maximale de 2179 km/h.
Le prototype chinois comporte deux paires d’ailes superposées afin de réduire les turbulences et la traînée tout en augmentant la portance. L’I Plane possède environ 25% de la portance d’un Boeing 737. Cela signifie qu’il ne peut embarquer que 5 tonnes ou 50 passagers, contre 20 tonnes ou 200 passagers pour le Boeing 737.
L’idée de vols hypersoniques n’est pas nouvelle, cependant, jusqu’à maintenant, la technologie pour la concrétiser faisait défaut. Avec le développement de nouveaux matériaux hybrides, cette idée peut aujourd’hui prendre forme. En effet, des chercheurs de la NASA avaient déjà découvert, l’année dernière, qu’une structure en nanotubes de nitrure de bore offrait toutes les caractéristiques de résistance, de portance et de stabilité nécessaires à un vol hypersonique.
« C’est très certainement dans le domaine des possibilités », a déclaré à la NBC le mois dernier le Dr Kevin Bowcutt, directeur technique et scientifique en chef des vols hypersoniques pour Boeing Research and Technology. « Je pense que nous avons la technologie nécessaire pour réaliser des aéronefs hypersoniques ».
Toutefois, cette technologie suscite également certaines craintes. Un ingénieur militaire chinois (souhaitant rester anonyme), ne travaillant pas directement sur l’I Plane, a suggéré que l’avion pourrait sans problème transporter des bombes et des militaires. « Nous parlons de quelque chose comme un bombardier lourd hypersonique » confie t-il. Il poursuit en affirmant que ce prototype reflète l’ambition de la Chine d’égaler, voire de surpasser les États-Unis dans le développement d’armes tactiques de nouvelle génération.
Dans les prochaines années, la Chine ambitionne la construction d’aéronefs toujours plus rapides avec des tunnels à vent pouvant atteindre Mach 36, soit 45’000 km/h. Surpassant ainsi le LENX-X, le tunnel à vent new-yorkais atteignant Mach 30. De leur côté, les américains participent également à la « course hypersonique ». L’entreprise d’ingénierie aéronautique Lockheed Martin développe actuellement l’avion hypersonique SR-72, successeur du SR-71 Blackbird, pouvant atteindre Mach 6 (7400 km/h) et prévu pour 2030.
Un long moment s’écoulera encore avant que les compagnies aériennes puissent proposer des vols hypersoniques à leurs clients. De nombreux tests doivent être effectués, et chaque étape du développement nécessite l’approbation des autorités publiques compétentes. Enfin, de tels voyages auront un coût non-négligeable, le prix des premiers billets étant estimé autour des 2100 euros l’aller.