En voie de légalisation dans plusieurs états américains ainsi que dans divers pays, le cannabis continue de faire l’objet d’une vigilance accrue des autorités publiques. Afin de contourner cette situation, des cannabis de synthèse ont fait leur apparition un peu partout dans le monde. Très populaires, ces drogues synthétiques légalement vendues se révèlent pourtant extrêmement dangereuses.
Contenant des molécules synthétiques mimant les effets du THC, les cannabinoïdes artificiels sont plus puissants et addictifs que le cannabis naturel tout en demeurant légaux, en contournant habilement les législations en vigueur. Cependant, depuis le 7 mars 2018, le Département de la Santé Publique de l’Illinois (IDPH) a répertorié plus de 56 effets indésirables liés à la prise de ce cannabis synthétique, incluant d’importantes hémorragies externes (yeux, bouche, oreilles) et internes, parfois jusqu’au décès.
« Bien que la majeure partie des patients affirme s’être procurée les cannabinoïdes synthétiques dans le Grand Chicago, des produits contaminés peuvent avoir circulé dans les régions périphériques » explique l’IDPH. « Les personnes interrogées disent avoir obtenu leur cannabis de synthèse auprès d’épiceries, de dealers ou de leurs amis ».
Ces cannabis artificiels sont créés à partir de molécules copiant l’effet chimique du THC et peuvent être pulvérisés sur des herbes sèches pour être fumés ou vendus sous forme liquide. Ces drogues sont vendues tout à fait légalement dans certains magasins de quartier aux États-Unis. Alors que dans des pays comme l’Australie, les drogues synthétiques sont systématiquement interdites, peu importe les ingrédients qu’elles contiennent.
Même si, aux États-Unis, l’Agence de Lutte contre les Drogues (DEA) interdit progressivement l’utilisation et la vente de certaines substances, les producteurs de cannabis synthétiques modifient simplement la composition chimique de leurs produits afin de contourner la loi et continuer à les commercialiser. Comparé à celui d’autres états, le cannabis synthétique vendu dans l’Illinois s’est avéré inhabituellement plus mortel ; des traces de bradifacoum, un pesticide et raticide, ont été retrouvées dans le sang de trois patients récemment hospitalisés.
Le bradifacoum appartient à la famille chimique des antivitamines K, bloquant l’effet de cette vitamine dans l’organisme. La vitamine K favorise la synthèse de facteurs de la coagulation sanguine, elle joue donc un rôle hémodynamique extrêmement important. Lorsqu’elle est inhibée, de sévères hémorragies (internes et externes) apparaissent et, en cas d’absence de traitement, peuvent rapidement conduire au décès. Pour guérir, les patients doivent faire une longue cure de vitamine K suivant leur hospitalisation, et cette rigueur entraîne de fréquentes rechutes.
« Malgré l’apparence légale et sans danger des cannabis synthétiques comme alternative à la marijuana, beaucoup sont illégaux et très dangereux pour la santé » rappelle Nirav D. Shah, directeur de l’IDPH. « Les récents cas d’hémorragies multiples et de décès sont la preuve de la dangerosité des cannabinoïdes synthétiques ». L’IDPH incite donc la population à ne prendre en aucun cas de telles drogues, et de se rendre rapidement à l’hôpital en cas d’hémorragies importantes et inexpliquées.