La neurogenèse dans le cerveau humain se poursuivrait bien à l’âge adulte

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Grâce au développement d’instruments toujours plus sensibles et performants, les neurosciences ont fait un important bond en avant au cours de ces dernières années. Malgré cela, le cerveau demeure l’organe le moins bien connu du corps humain. Longtemps, les neurobiologistes ont pensé que le cerveau humain ne produisait plus de neurones après la naissance. Cependant, une récente étude vient de démontrer que la neurogenèse au sein de l’hippocampe se poursuit bien à l’âge adulte.

Dans le paysage des neurosciences, la continuité de la neurogenèse est un sujet houleux, parsemé depuis quelques années de hauts et de bas. Le consensus majoritaire s’est longtemps focalisé sur l’idée d’un arrêt de la production de nouveaux neurones après la naissance et sur la nécessité majeure de conserver au mieux son stock neuronal tout le long de sa vie. Plusieurs études conduites sur d’autres animaux ont toutefois montré que chez certains mammifères, la neurogenèse persistait avec l’âge.

Par suite, après avoir analysé des échantillons d’hippocampes humains prélevés par autopsie sur des sujets d’âges différents, une équipe de chercheurs de l’université de Californie a publié ses résultats dans la revue Nature, démontrant l’absence de développement de nouvelles cellules cérébrales dans l’hippocampe passé l’adolescence. L’hippocampe étant la zone cérébrale principale impliquée dans la production de nouvelles générations de neurones, le fait de n’avoir observé aucune neurogenèse ici signifiait qu’il était très peu probable d’en trouver ailleurs dans le cerveau.

Néanmoins, très récemment (5 avril 2018), dans une publication parue dans la revue Cell Stem Cell, une équipe de neurobiologistes de l’université de Columbia dirigée par Maura Boldrini a démontré, en utilisant une technique d’étude de l’hippocampe similaire, que la neurogenèse se poursuivait au-delà de l’adolescence. Pour ce faire, les chercheurs ont étudié l’hippocampe de 28 personnes décédées, âgées de 14 à 79 ans, et toutes en bonne santé.

Les auteurs n’ont pas simplement cherché des traces de neurogenèse, ils ont également examiné l’activité du processus d’angiogenèse (formation de nouveaux vaisseaux sanguins). Les observations effectuées ont montré que dès lors que la structure anatomique du système limbique conserve son intégrité physique, l’hippocampe – plus précisément l’ensemble formé par le gyrus denté, la glie et les cellules granulaires – garde une taille constante et continue de produire de nouveaux neurones.

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En vieillissant, la neurogenèse se poursuit au sein de l’hippocampe, tandis que l’angiogenèse et la plasticité neuronales diminuent. Crédits : Maura Boldrini/ Cell Stem Cell

« Nous avons découvert que les personnes âgées montrent une capacité de formation de milliers de nouveaux neurones dans l’hippocampe à partir de cellules progénitrices similaires à celle des personnes plus jeunes » explique Maura Boldrini. « Cependant, les personnes âgées ont également une vascularisation moins importante et ont potentiellement plus de difficultés à établir de nouvelles connexions neuronales ». Bien que ce dernier point soit pour le moment hypothétique, il pourrait aider à mieux comprendre les processus de déclin cognitif dû à l’âge.

Les résultats montrent donc la présence d’un stock de progéniteurs neuronaux stable avec l’âge mais aussi une diminution de l’angiogenèse et de la plasticité cérébrale en vieillissant. Ils viennent donc confirmer les précédentes études ayant démontré l’existence d’un processus physiologique entraînant le déclin cognitif avec l’âge. En prenant pour la première fois en compte l’état de la vascularisation cérébrale, cette étude a permis de clarifier et préciser certains paramètres d’étude auparavant flous ou tout simplement écartés.

Cependant, les biologistes sont encore loin de pouvoir apporter une conclusion définitive sur le fonctionnement des divers mécanismes neuronaux. Les résultats contradictoires des différentes études ainsi que le très faible nombre de sujets étudiés démontrent à quel point le cerveau est un organe extrêmement complexe et mystérieux. De nombreuses données devront encore être recueillies dans le futur pour commencer à avoir un aperçu fiable de la situation.

Source : Cell Stem CellNature

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