Une équipe d’ingénieurs biomédicaux sud-africains a mis au point un remplacement bon marché de l’EpiPen, qui pourrait révolutionner le traitement d’urgence de l’anaphylaxie, une réaction allergique grave qui peut être déclenchée par des aliments, des médicaments, ou par des piqûres d’insectes.
Appelé ZiBiPen, il offre une dose d’adrénaline sous la forme d’une cartouche remplaçable, coûtant 200 rands sud-africains (soit environ 13 euros). « Le coût du stylo est de 1000 rands (environ 68 euros) et nous le testons pour qu’il puisse durer jusqu’à cinq ans », a déclaré Gokul Nair, qui a contribué à son développement, aux côtés de Giancarlo Beukes, un ancien étudiant du Medical Devices Lab de l’Université du Cap.
Il s’agit d’une fraction du coût de l’appareil dominant sur le marché, l’EpiPen, qui se vend à 7500 R en Afrique du Sud (500 euros) en kit de 2 stylos, pour une durée de vie de seulement 18 mois. De plus, il ne peut être utilisé qu’une seule fois. « Lorsque nous avons commencé à étudier le coût des appareils sur le marché, nous avons constaté que les retards dans la chaîne de distribution pouvaient signifier que les sud-africains ne recevaient leurs appareils que six mois avant leur date d’expiration, ce qui les rendait inabordables pour eux », explique Nair, qui a conçu le ZiBiPen, à l’origine pour un projet de maîtrise à la Division de l’asthme et des allergies, à l’Hôpital pour enfants de la Croix-Rouge.
La hausse des coûts de l’EpiPen a entraîné un recours collectif contre le fabricant, Mylan. Selon CNBC, le procès prétend que la société est engagée dans des actions illégales pour augmenter considérablement le prix catalogue, qui était d’environ 70 euros il y a dix ans.
Les auto-injecteurs d’adrénaline sont à actionner sur la cuisse (l’aiguille traverse les vêtements) : afin de ralentir la réaction allergique, cela permet d’économiser du temps précieux, afin d’amener les utilisateurs à l’hôpital.
Selon Nair, l’un des plus grands défis consistait à construire un dispositif à base de ressorts, qui pourrait générer une force de 200 newtons, soit l’équivalent d’environ 20 kilogrammes, à partir d’un si petit appareil. De plus, ils ont également rendu le ZiBiPen personnalisable pour n’importe quel patient. En effet, ils se sont basés sur des plaintes d’utilisateurs, stipulant que la dose et la longueur de l’aiguille des dispositifs courants sont basés sur les données du « male standard » et ne sont donc pas forcément adaptés aux enfants, aux femmes ou aux personnes obèses. « Si des enfants utilisent accidentellement de longs appareils à aiguille, ils pourraient finir par s’injecter inefficacement le produit, ou se fracturer le fémur », a déclaré Nair.
En utilisant des prototypes imprimés en 3D et en effectuant des injections dans des éponges, puis dans des blocs de chair de porc, les chercheurs ont pu observer la profondeur de l’injection. Une autre innovation consiste à changer l’emplacement de l’aiguille.
En avril, l’appareil a reçu une évaluation technique et une étude de marché complète par le Medical Industry Leadership Institute, et l’innovation a été évaluée à 180’000 R (12’300 euros), lors du Emerging Medical Innovation Competition à la conférence Design of Medical Devices.
L’évaluation valide indépendamment le produit, qui est toujours à la recherche d’investissement : Nair et Beuk, sous le nom de leur société Impulse Biomedical, ont l’intention de lever 6 millions de Rands (400’000 euros) pour le commercialiser.