Le Royaume-Uni fait actuellement face à l’une des vagues de chaleur les plus violentes jamais enregistrées. Bien que ces hautes températures soient inconfortables et même dangereuses pour les populations sensibles, elles n’ont cependant pas que des inconvénients. En effet, la chaleur actuelle a révélé des traces de monuments historiques dans plusieurs endroits, permettant aux archéologues de réaliser des découvertes inestimables.
Les archéologues aériens scrutant les terres galloises arides ont découvert un paysage en pleine transformation, portant les traces d’un riche héritage historique visible depuis le ciel. « Je n’ai rien vu de tel depuis le vol archéologique de la Commission Royale en 1997 » affirme Toby Driver, archéologue aérien à la Commission Royale des Monuments Anciens et Historiques du Pays de Galles (RCAHMW). « Plusieurs trésors archéologiques se révèlent à nous, c’est incroyable ».
Ces marques apparaissent comme de légères traces imprimées dans le paysage, témoignant de la présence de structures historiques jusqu’alors inconnues. La sécheresse qui s’abat actuellement sur le Royaume-Uni a rendu visibles d’innombrables traces d’anciens châteaux, forts, fermes, manoirs et autres — certains datant de l’Âge du Fer, et d’autres de la Seconde Guerre mondiale. Quelques unes de ces marques, appelées « marques de cultures » ou « marques de sécheresse », indiquent des sites précédemment connus des archéologues, mais la plupart révèlent de toutes nouvelles structures.
« Nous avons déjà connu des épisodes de sécheresse qui ont exposé des marques de cultures, mais la période actuelle est vraiment exceptionnelle en termes d’étendue et de longévité, et la dernière fois que ce fut le cas c’était dans les années 1970 » explique Louise Barker, archéologue à la RCAHMW.
Ce phénomène est rendu possible par la quantité d’eau contenue dans le sol. Les marques de culture résultent d’anciennes activités humaines ayant imprimé un contraste caché entre un sol fertile irrigué et un sol plus sec ou moins profond. Parfois, ce contraste témoigne de l’existence d’anciens fossés ou douves qui ont été comblés. Mais dans d’autres cas, il s’agit de murs de pierre ou de fondations enterrés ; la terre qui repose dessus s’assèche donc plus facilement que les alentours plus profonds et humides. Ces traces peuvent rester invisibles pendant des années ou des dizaines d’années, jusqu’à ce que la chaleur déclenche l’apparition d’un contraste végétal.
« Pour que des marques de culture apparaissent, les bonnes conditions doivent être réunies, mais ce n’est pas rare » explique Ian Barnes, archéologue au British National Trust. « La sécheresse de 1976 est restée célèbre pour l’archéologie britannique. L’année 2018 pourrait être similaire en matière de nouvelles découvertes, notamment grâce à l’utilisation des drones qui facilitent grandement les prises de vue aériennes ».
Cette incroyable opportunité archéologique est cependant soumise au temps. Pour Driver, ces inestimables fenêtres sur le passé ne resteront pas ouvertes pour toujours. « C’est une course contre la montre maintenant… Certaines marques vont probablement encore rester visibles pour seulement deux semaines » conclut-il.